Donald Trump souhaite éradiquer l’extrémisme violent au Nigeria. En effet, avançant le prétexte des tueries ciblant les chrétiens qui y vivent, le président américain envisage de mobiliser les ressources du Pentagone afin d’anéantir les groupes rebelles qui nuisent au plus vaste pays africain, y compris, la secte Boko Haram. Une telle chose ferait les affaires des gouvernements camerounais et tchadien, à qui cette dernière mène la vie dure depuis bientôt deux décennies. 

S’il est vrai que l’élément de langage utilisé par Trump pour justifier une intervention militaire au Nigeria peut prêter à confusion, et a, d’ailleurs, provoqué une controverse, il reflète pourtant la cohérence du locataire actuel de la Maison Blanche dans son interventionnisme à l’étranger. N’ayant aucune affiliation musulmane, il ne pouvait pas prétendre vouloir venir en aide aux musulmans nigérians, à l’inverse des chrétiens avec lesquels il partage la même obédience. 

D’abord choqué par la déclaration de son homologue américain, Bola Tinubu a, ensuite, fini par la voir d’un bon œil. La raison principale étant que l’assistance militaire du Pentagone lui permettrait de régler un problème qui le dépasse depuis son arrivée au pouvoir. En plus, il est difficile de dissocier la décision de Washington de celle de l’administration de Lagos relative au profond remaniement effectué au sommet des corps armés nigérians, il y a plus d’une semaine.

Bola Tinubu s’étant avéré être pire que son prédécesseur en matière de sécurité intérieure, des rumeurs de coups d’état circulent dans le pays depuis 2024. Craignant le pire, il a pris les devants en privilégiant la loyauté à son égard plutôt que la compétence, car il vise un second mandat qu’il ne mérite pas. Cela écrit, une implication militaire des Etats-Unis, en coordination avec les Etats africains concernés, serait un grand plus pour le retour de la stabilité sous-régionale. 

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)