TOGO : UN PROJET DE LOI POUR RENDRE LA PRESSE PLUS PROFESSIONNELLE.

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Le gouvernement a adopté mercredi 21 août en conseil des ministres un projet de loi qui modifie certaines dispositions du code de la presse. Au total, seize dispositions du code dont certaines relatives à la diffusion de fausses nouvelles et aux délits contre les personnes et les institutions de la République, ont été modifiées. Objectif :  » rendre plus professionnel le métier et protéger les institutions de la République, comme c’est le cas dans tous les Etats de droit « , soutient le ministre de la Communication, Pitang Tchalla qui va défendre ce projet de loi devant le parlement dans quelques jours.

La presse privée togolaise a un sérieux problème. Celui de la déontologie journalistique. Elle raconte n’importe quoi, n’importe comment, n’importe quand, sur n’importe qui. Sa première cible est le chef de l’Etat qui a toujours laissé faire, laissé dire, n’importe quelle insanité sur sa personne, sans rien faire. Démembrement de certains partis politiques radicaux de la place, elle publie souvent pour insulter, calomnier et très souvent sans en apporter la preuve. Il ne se passe pas de semaine sans qu’il y ait des attaques en règle dans la presse privée qui sont de simples offenses condamnables par n’importe quel tribunal de n’importe quel pays. Mais le gouvernement ayant autre chose à faire que de poursuivre tout le temps les journaux, il ne se laisse pas divertir sauf quand il considère que la ligne jaune est franchie. C’est par exemple le cas il y a quelques semaines quand deux journaux de la place ont publié des chiffres sur la prétendue fortune personnelle du chef de l’Etat qu’ils ont estimée à plusieurs milliards de dollars américains. Pour donner caution à leurs chiffres, ils ont affirmé s’être référés au magazine américain FORBES. Mais après consultation des publications de ce magazine, sa dernière édition notamment, celle de 2002 qui avait été citée par les deux journaux togolais, il est ressorti que sur la liste des 497 plus grosses fortunes du monde, il n’apparaît nulle part aucun Africain noir et encore moins le nom du président Eyadèma ou de sa famille. De même que dans une édition consacrée aux milliardaires africains, le magazine français  » l’Evénement du Jeudi  » avait publié une liste sur laquelle ne figurait pas le nom du président togolais.

Comment ces informations ont-elles été publiées dans les journaux togolais concernés ? En faisant son enquête, le gouvernement a découvert, de l’aveu même d’un des journalistes incriminés, que le texte diffamatoire en question avait été rédigé non par lui, mais par un chef de parti de l’opposition, Claude Améganvi, qui a été également traduit devant les tribunaux. Tous ces errements justifient la modification du code de la presse par le gouvernement. Il s’agit de préserver la paix sociale et l’unité nationale qui sont les deux denrées les plus précieuses pour n’importe quel Etat responsable.

Lors de sa dernière conférence de presse avant de regagner définitivement Bruxelles, il y a quelques semaines, le chargé d’affaire par intérim de la Commission européenne au Togo, Philippe Van Damme, avait dit exactement ceci à propos de la presse au Togo :  » Permettez-moi d’abandonner le langage diplomatique. Les médias en général au Togo sont d’une qualité excessivement médiocre et essentiellement à la lisière d’une déontologie de la presse. Je ne m’en prends pas uniquement en terme politique mais également à la couverture des audiences et des événements de tous les jours. Je suis souvent scandalisé ou choqué même par la manière de couvrir les faits divers. La presse doit donner la chance aux uns et aux autres de s’exprimer dans un contexte politique très difficile comme celui du Togo. On ne doit pas dire n’importe quoi sur n’importe qui dans les médias. Il y a des exemples tous les jours où des gens disent n’importe quoi sur les gens de l’intérieur comme de l’extérieur. Les médias ne doivent pas être le symbole de l’expression de la haine qui est tout à fait inacceptable où on joue plutôt sur la personne que sur son message. Il faut que la presse se rééduque et s’adapte dans un processus moderne  » (fin de citation).

Philippe Van Damme a déjà regagné Bruxelles, semble-t-il. A lui d’expliquer à ses collègues de la Commission les réalités de cette presse togolaise qu’on dit opprimée alors que c’est elle qui opprime. C’est aussi à lui de faire comprendre les vrais ressorts du mal qui ronge le Togo et qui ont poussé un jour de 1993 la Commission à suspendre son aide à ce pays, à la demande de trois ou quatre représentants de partis politiques de l’opposition, tout simplement pour nuire à la personne du chef de l’Etat. Une action gratuitement méchante et mesquine qui pénalise lourdement toute la population togolaise aujourd’hui.

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