TUNISIE-LIBYE : Le président tunisien Kaïs Saïed remet en cause le tracé de la frontière entre les deux pays

Date

Tunisiens et Libyens continuent de s’interroger sur la dernière polémique en date provoquée, mi-mars, par les propos du président, Kaïs Saïed, sur les bénéfices du champ pétrolier libyen de Bouri et un litige frontalier réglé dans les années 1980 par la Cour de justice internationale, à la demande des deux voisins.

Après avoir provoqué un tollé en février en dénonçant la présence de « hordes de migrants clandestins » en Tunisie, propos qui ont déclenché des violences sans précédent dans le pays contre les Africains du Sud-Sahara, le président tunisien, Kaïs Saïed, vient de susciter une nouvelle controverse, cette fois, avec la Libye voisine.

Lors d’une visite effectuée le 16 mars dans les locaux de l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (ETAP), le chef de l’Etat (notre photo) a rouvert un dossier tombé dans les oubliettes de l’Histoire : celui du champ offshore libyen de Bouri, situé à 120 km au Nord de la Libye et considéré comme l’un des plus grands gisements pétroliers en activité en Méditerranée. Ses réserves contiennent « 4,5 milliards de barils de pétrole brut récupérable et 3,5 billions de pieds cubes de gaz naturel associé », selon la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO.

Dans une vidéo diffusée par le site de la présidence tunisienne, Kaïs Saïed apparaît flanqué de la PDG de l’ETAP, Dalila Chabbi Bouattour, avec laquelle il tient, face caméra, une carte des réserves d’hydrocarbures du pays. Pointant du doigt directement le champ offshore libyen, le président déplore que la Tunisie n’a reçu que des « miettes de Bouri », alors qu’un partage équitable de ses revenus pourrait « répondre à tous les besoins de la Tunisie et plus encore ». Et ce, alors que le litige autour de la zone maritime frontalière entre la Libye et la Tunisie a été tranché en faveur de Tripoli par la Cour internationale de justice (CIJ) en 1982. Une décision confirmée trois ans plus tard par l’instance qui siège à La Haye.

Kaïs Saïed rappelle ensuite qu’il existait, dans les années 1970, bien avant le recours à la CIJ, une intention de diviser le champ en deux moitiés égales avec la Libye, mais que cette solution avait été rejetée par la Tunisie alors présidée par Habib Bourguiba, au pouvoir entre 1957 et 1987.

Sans surprise, ces propos à la fois critiques contre le premier président de la République tunisienne et semblant remettre en question la décision rendue par la CIJ ont provoqué un tollé au sein de la classe politique libyenne et sur les réseaux sociaux.

« Les richesses de la Libye appartiennent au peuple libyen », a tonné le président de la Commission de l’énergie au sein du Parlement libyen, Aïssa Aribi, dans une déclaration relayée par l’Agence de presse libyenne. 

Pour sa part, le ministre libyen du Pétrole et du Gaz, Mohamed Aoun, s’est contenté de rappeler dans un communiqué de presse que la CIJ avait tranché le litige frontalier en faveur de la Libye, et que le président tunisien était « dans l’erreur ». 

Cela dit, l’incident ouvert par le président tunisien n’est pas encore clos.

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier