PRESIDENTIELLE EN COTE D’IVOIRE : Ouattara accepte (enfin) de quitter le pouvoir

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Le président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, est en train de finir un court séjour privé en France, qui a commencé depuis une bonne semaine. Comme d’habitude et comme l’exige sa santé déclinante, il a fait le tour de ses médecins de l’hôpital américain de Neuilly, un établissement qu’il consulte assidûment depuis la fermeture du Val de Grâce de Paris. Mais, il n’y a pas que la santé qui préoccupe Ouattara le boulanger d’Abidjan. Il y a aussi qu’il doit jeter l’éponge et laisser sa chance à un successeur au sein du RHDP pour compétir lors de la présidentielle d’octobre 2025. Il a fini par accepter sous la pression sur lui qui est très forte.

Déjà en mars, lors d’une autre visite privée, à Paris, Alassane Ouattara, en marge de son contrôle médical, avait pu rencontrer celui qui l’installa au pouvoir en avril 2011 de la manière qu’on sait : Nicolas Sarkozy. Il avait, longuement, échangé, aussi, avec Emmanuel Macron. Tous les deux lui avaient donné le très sage conseil de se retirer du pouvoir. Il avait pris acte. Mais, une fois à Abidjan, il a fait exactement le contraire de ce qu’on lui avait amicalement demandé, en envoyant le RHDP sillonner tout le territoire ivoirien en imposant sa candidature pour un 4e mandat à l’opinion publique. C’est le double langage à la Ouattara. C’est de cette manière qu’il a toujours rusé et obtenu ce qu’il veut auprès de l’opposition et même de son partenaire occasionnel du temps, le PDCI.

Mais, cette fois, ça ne marchera pas. Laurent Gbagbo qui a une grande force de mobilisation avec son ancien ministre, Charles Blé Goudé, tous deux exclus des listes électorales et de la présidentielle par Ouattara (lui-même), vient de lancer le mot d’ordre « Trop c’est Trop ». Laurent a raison : C’est lui qui avait remis le passeport ivoirien à Ouattara en 2006 (parce que Ouattara est d’origine burkinabé) et une fois arrivé au pouvoir, il s’est empressé de l’envoyer à la CPI (Cour pénale internationale) où il a passé dix ans sans que les juges ne lui trouvent des poux dans la tête. Ouattara l’y envoyait pour mourir. Mais, Dieu ne l’a pas voulu ainsi. Mais, Ouattara n’étant jamais à court d’idée, Laurent Gbagbo, de retour en Côte d’Ivoire, a trouvé que son successeur lui a collé une peine de 20 ans de prison pour « braquage » de la BCEAO, ce qui l’interdit de fait de se présenter à la présidentielle. Autrement dit, Ouattara les a tous (absolument tous) roulés dans la farine, à la grande exception de Robert Gueï. Mais, cette fois-ci, c’est lui Ouattara qui sera totalement enfariné.


Le PDCI qui n’a jamais été un parti violent, mais, de paix que prônait son créateur, Félix Houphouët-Boigny, a lancé un mot d’ordre de mobilisation sans précédent au lendemain de la décision de la justice de désinscrire des listes électorales son petit-fils, Tidjane Thiam, aujourd’hui, président du PDCI, afin que ses militants et sympathisants soient prêts à bloquer le pays, le moment venu.

La Côte d’Ivoire va s’inspirer des mots d’ordre de mobilisation au Sénégal que lançait le président du PASTEF, Ousmane Sonko, quand Macky Sall, avec le soutien de sa majorité, s’activait pour briguer un 3e mandat dont il n’avait pas droit. La violence et la destruction des biens des investisseurs étrangers commençant à atteindre un point de non-retour, Macky Sall fut invité à (re)devenir sage en acceptant de quitter le pouvoir. C’est ainsi que le climat s’appaisa rapidement avec à la clé l’arrivée au pouvoir de ceux qui avaient été le fer de lance du renvoi de Macky Sall dont on découvre aujourd’hui qu’il fut un gros détourneur de fonds publics avec sa fameuse majorité qui le défendait bec et ongles.

Les entreprises étrangères n’investissent pas de fortes sommes en Côte d’Ivoire pour les voir partir en fumée lors des manifestations à cause d’un président qui a déjà mis 15 ans au pouvoir et qui entend s’éterniser pour y mourir. Avant Ouattara, il y avait la Côte d’Ivoire. Après Ouattara, il y aura toujours la Côte d’Ivoire. Il n’est donc pas indispensable pour ce pays surtout à un moment où il y a une forte certitude que celui-ci peut basculer dans une nouvelle guerre.

Le message qu’il doit quitter le pouvoir est passé et il reste maintenant au RHDP, qui a repoussé de mai à juin (pour cette raison évidente) son congrès où il pensait choisir Ouattara, de se trouver un Plan B. Et il y en a beaucoup dans le parti capables d’assurer cette fonction à commencer par le vice-président de la République.

Le numéro 544 de mai d’Afrique Education vous gratifie d’une excellente lecture sur la Côte d’Ivoire : d’une part, il est question de la déclaration de la Conférence épiscopale de ce pays qui annonce urbi et orbi ne plus vouloir de Ouattara à la tête du pays où il vient de passer 15 ans. D’autre part, on parle souvent de Ouattara comme d’un très bon gestionnaire. Et pourtant… Cela a fini par endormir tous les Ivoiriens qui découvriront dans cet article d’Afrique Education comment Ouattara et ses amis ont procédé à des détournements massifs dans le pays. Tout comme au Sénégal avec Macky Sall. Avec les conséquences qui vont s’abattre sur lui Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye l’ayant déjà convoqué pour qu’il vienne s’expliquer devant la représentation nationale.

Le numéro 544 est trouvable en kiosque à partir de vendredi 2 mai mais pour ceux qui sont pressés de le lire, il est disponible sur la boutique d’Afrique Education en composant (www.afriqueeducation.com), suivre les instructions jusqu’à l’obtention des pdf.

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