Paul Kagamé était à Paris le 7 mai. Invisible sur le calendrier du Quai d’Orsay, le dirigeant rwandais était venu assister à la demie finale retour de la ligue des champions entre le PSG et Arsenal, deux des trois gros calibres européens, le troisième étant le Bayern de Munich, qui sont accusés de l’aider à normaliser le pillage des ressources minières en RDC via leur contrat de sponsoring avec Visit Rwanda, affiliée aux autorités touristiques rwandaises.
Orphelin depuis l’inévitable départ de la Maison Blanche de son ancien meilleur allié non-africain, Joe Biden, Paul Kagame a certainement dû recevoir consolation et réconfort auprès de son homologue français, Emmanuel Macron, son (désormais) principal soutien au-delà du continent africain. En effet, les dés ont tourné pour le Rwanda, qui s’est vu infliger une flopée de sanctions, de part et d’autre, pour ses folles ambitions expansionnistes.
Une nouvelle dynamique, qui a déstabilisé le président rwandais, le rendant plus docile que jamais. Il n’y a qu’à voir la coordination entre Kigali et Paris pour éviter de conférer un caractère officiel à sa visite de ce début mai dans la capitale parisienne pour s’en rendre compte (notre photo). Où est donc passé l’homme fort de Kigali qui se savait tout permis et se montrait intraitable au cours de ces dernières années ? Il aura fallu moins de 100 jours à Donald Trump, le faiseur de paix, depuis son retour à Washington DC pour le confondre.
En déboulant de manière aussi impromptue chez Emmanuel Macron, Paul Kagame espère obtenir une levée des sanctions infligées par les Européens, notamment, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et la France, dont l’aide au développement avait été suspendue début 2025. La Belgique, qui avait été à l’origine et à l’aboutissement de cette initiative au niveau de l’UE, cherche maintenant à calmer le jeu avec le Rwanda, et aurait sollicité l’assistance du leader ougandais, réputé proche de Kagame, Yoweri Museveni, pour ce faire.

Mais, sérieusement touché dans son for intérieur, Paul Kagame préfère jouer le dur en public, qu’il n’est pas, pour aller ensuite demander discrètement à Emmanuel Macron de prendre, pour son compte, la main tendue par les Belges, qui garnissaient, pourtant, ses coffres de plus de 15 millions d’euros (10 milliards de F CFA) par an, avant de siffler la fin de la récréation pour le seigneur de guerre rwandais. A elle seule, l’aide financière belge permet de payer le sponsoring annuel du Bayern Munich et d’Arsenal. Un gros manque à gagner dont ne peut plus se passer le régime de Kigali.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)