L’African National Congress (ANC) de Cyril Ramaphosa serait-il en pleine refonte ? Il semblerait que oui puisque le gouvernement de Prétoria envisagerait de s’attaquer à un des plus gros pans d’inégalités sociales qui touchent la société sud-africaine. Ce serait une véritable révolution, et la moindre des choses, compte tenu de l’implication directe du parti au pouvoir dans la situation qui prévaut aujourd’hui dans le quotidien de bon nombre de Sud-Africains.
Selon plusieurs indicateurs socio-économiques, l’Afrique du Sud est le pays le plus inégalitaire du continent noir. Il suffit, par exemple, de regarder son coefficient de GINI, ou encore, son taux de pauvreté pour le constater. Mesure phare renseignant sur le degré d’inégalité dans la répartition des richesses entre habitants, le coefficient de GINI était de 82% en 2023 en Afrique du Sud, d’après un classement établi par UBS dans son rapport sur la richesse mondiale.
Figurant dans ce classement aux côtés d’autres nations, développées et émergentes, l’Afrique du Sud s’est tristement distinguée, en faisant pire que chacune d’entre elles, bien qu’étant la seule nation africaine représentée. En effet, les 10% plus grosses fortunes sud-africaines contrôlent 82% de la richesse nationale. C’est certainement cet embarras, ajouté à la contre-performance électorale des dernières législatives, qui explique la volonté de l’Etat de changer les choses.
Si le chômage reste un défi complexe à relever, améliorer la protection sociale peut atténuer une partie des difficultés rencontrées par les demandeurs d’emploi sud-africains. C’est dans cet esprit qu’est née l’idée d’adopter un revenu universel de base pour ces derniers. Remise en avant l’année dernière par un groupe de chercheurs locaux, cette idée fait actuellement l’objet de consultations au niveau du Département du développement social.

Vu le consensus qu’elle génère au sein de la classe politique, sa promulgation n’est qu’une question de temps. Il faudra, tout de même, qu’elle survive à une série d’obstacles allant de la garantie de son financement annuel dans le budget national à l’assurance de son impact socio-économique sur les bénéficiaires. Autant de raisons qui expliquent la prudence avec laquelle Pretoria avance sur ce dossier, qui ne devrait pas aboutir avant 2027.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)