L’Union européenne (UE) veut faire monter d’un cran le durcissement de sa politique migratoire envers l’Afrique. Insatisfaite des résultats des deals migratoires conclus avec les pays d’Afrique du Nord ces dernières années, elle pense avoir trouvé un nouveau moyen de freiner les arrivées de migrants clandestins africains. Il s’agirait, cette fois-ci, de conditionner l’aide au développement versée, chaque année, aux Etats africains à leur bilan migratoire. On aura rarement vu un leadership aussi incorrigible que celui de Bruxelles, pour ne pas dire têtu. Elle réfléchit comment même, Ursula von der Leyen ?
Le Bloc des 27 ne comprend rien à rien. Au lieu de tirer des leçons du constat d’échec flagrant de ses accords migratoires (de la honte), dans lesquels plusieurs centaines de milliers d’euros de fonds européens sont partis en fumée, il voudrait maintenant contourner le problème en le faisant reposer sur les épaules des gouvernements africains. Une mesure vouée à un échec encore plus retentissant que la précédente, si elle venait à être implémentée. En effet, quelle logique y aurait-il à accroître la pression sur des Etats déjà défaillants sur le plan socio-économique, qui n’ont aucun contrôle sur leurs ressortissants candidats à l’exil via la Méditerranée ?
Il est surprenant d’observer un tel degré d’entêtement chez ceux qui font la pluie et le beau temps à Bruxelles. On les a vu faire, des années durant, dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine, fermant les canaux diplomatiques, au profit de nombreuses sanctions économiques, qui n’ont fait que renforcer l’influence géopolitique de l’un, et hypothéquer le futur de l’autre pour les décennies à venir. Quelle autre interprétation donner au coup de fil d’Emmanuel Macron à Vladimir Poutine après trois années de silence radio si ce n’est celle d’un aveu d’échec collectif ?

La même logique s’applique à la crise migratoire et les expériences auxquelles continue de se livrer l’exécutif européen en quête de solutions, oubliant la prise de conscience des Africains quant au fait que cette fameuse aide financière n’a contribué au développement d’aucune nation du continent. Sa suspension par l’UE ne fera que s’ajouter à celle des Etats-Unis, via la disparition de l’USAID, et ne règlera certainement pas le problème. Si l’UE veut imiter l’administration Trump dans sa politique étrangère africaine, elle n’a qu’à le faire sans détour.
Mais, il faut noter que la présidence tournante du Conseil de l’UE, actuellement, assurée par le Danemark, dont la première ministre, Mette Frederiksen, ne cache pas ses visées en matière d’immigration, est le fer de lance de ladite mesure anti-migratoire que Bruxelles cherche à faire adopter, et que soutient son homologue italienne, Giorgia Meloni. Celle-ci est devenue une spécialiste des effets d’annonce, tantôt critiquant les rapports de Macron avec l’Afrique, tantôt promettant des investissements qu’on ne voit jamais, pour inciter les Africains à rester chez eux.
Cela s’appelle, être dépassé par les événements !!!
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)