EL GHAZOUANI-OUATTARA : Une rencontre à Abidjan sur fond de terrorisme ?

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Le 1er septembre, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani a rencontré Alassane Ouattara à Abidjan dans le cadre de l’investiture du nouveau président de la Banque africaine de développement (BAD), Sidi Ould Tah. S’étant déplacé pour féliciter son compatriote, qu’il a personnellement soutenu lors de sa campagne, le président mauritanien en a profité pour discuter avec son hôte et homologue de la controverse née autour de son pays en matière de terrorisme. 

En effet, Moscou soupçonne Nouakchott d’être de mèche avec Kiev, et plus largement, avec les capitales occidentales, pour soutenir les groupes extrémistes présents au Sahel, qui mènent la vie dure à ses partenaires de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Ces accusations suggèrent l’existence d’un pacte de non-agression, qui protégerait les autorités mauritaniennes de toute acte terroriste, en contrepartie de leur aide dans l’acheminement d’armes destiné aux rebelles.

Si ces allégations venaient à être confirmées, elles expliqueraient pourquoi la Mauritanie n’a plus connu d’attaque terroriste depuis 2011, bien qu’elle soit un point de passage prisé pour tout type d’activités clandestines et illicites. Les soupçons du Kremlin ne sont pas anodins, puisque Nouakchott a déjà eu recours à ce genre de deal dans le passé, et entretient une proximité avec les nations occidentales, pouvant donner lieu à des spéculations liées au sentiment anti-russe (sur notre photo, un aparté entre Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani qui doit quelques explications en matière de terrorisme à Alassane Ouattara). 

En réaction à ces lourdes accusations, le gouvernement mauritanien s’est défendu de tout reproche, faisant plutôt prévaloir sa stratégie d’équilibriste dans ses relations avec Moscou et Kiev. Un démenti sans réelle substance qui peine à convaincre en Russie, et au sein de l’AES, laquelle a, après la dénonciation de son allié russe sur le jeu trouble de la Mauritanie, probablement, dû faire monter son niveau d’alerte d’un cran en termes de déstabilisation voisine. 

Le nouveau président de la BAD Sidi Ould Tah se présente à Alassane Ouattara dont le pays abrite le siège sous le regard complice de Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani.

Depuis janvier 2025, les présidents ivoirien et mauritanien sont dans une phase de rapprochement qui interroge, car non suivi par l’élan diplomatique devant en découler. Se limitant au plus haut niveau de représentation entre ces deux pays, il semble ne servir que les intérêts des deux dirigeants. D’un côté, El-Ghazouani souffle sur les braises du terrorisme. De l’autre, Ouattara brigue un quatrième mandat de suite pour protéger son pays contre ce fléau. 

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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