REPARATIONS DES INJUSTICES COLONIALES : Où en sommes-nous exactement ?

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La prise de conscience est graduelle. Les Nations-Unies se sont saisies du problème et développent l’information afin que tous les pays et organisations soient au même niveau de la compréhension du phénomène et des attentes de ceux qui ont subi ces affres de la colonisation. C’est ainsi que le 3 septembre dernier, un événement de haut niveau sur la réparation des injustices historiques, s’est tenu au siège des Nations-Unies, à Genève. Y ont participé Ann-Kathryne Lassègue, coordinatrice du groupe des ambassadeurs de la CARICOM (Communauté caribéenne), Volker Türk, haut-commissaire des Nations-Unies pour les droits de l’homme, Jürg Lauber, président du Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies, sans oublier, les responsables des organisations de la société civile africaine et diasporique. Pendant cet événement de haut niveau, le ministre togolais des Affaires étrangères, le professeur, Robert Dussey, de nature très offensif sur ces questions mémorielles, a, longuement, pris la parole pour situer le problème et expliquer les enjeux. Le chef de la diplomatie togolaise n’était pas seul. Il était accompagné de son ministre délégué, le professeur, Yackoley Johnson, qui, avant d’entrer au gouvernement le 8 octobre 2025, était le représentant du Togo auprès de l’Office des Nations-Unies et des autres organisations internationales à Genève de 2016 à 2025. Voici l’intégralité du discours prononcé par le ministre togolais des Affaires étrangères.

Mesdames et messieurs,

Porter ce combat pour l’Afrique, surtout, en ces temps si troublés marqués par des enjeux complexes, requiert audace et inventivité. Les enjeux de l’heure nous engagent, en effet, à veiller, plus qu’auparavant, et à ne pas reculer devant l’adversité ou le silence méprisant. Ils nous engagent également à nous réinventer dans un rôle davantage proactif et plus décisif dans la quête commune d’écoute, de justice et de respect. 

Rendez à César ce qui lui revient : C’est le président, Faure Gnassingbé, qui, depuis l’Union africaine, a rendu possible la bataille actuelle que mènent les anciens peuples noirs colonisés du monde, sous l’autorité de son ministre des Affaires étrangères, le professeur, Robert Dussey.

Notre combat est pour l’Afrique. Il n’est contre personne, sinon, ceux qui refusent de faire justice. Nos peuples ont, en effet, soif d’une justice qui tarde à se manifester à leur égard depuis des siècles. Leur humanité a été déniée et offerte aux enchères durant la traite transatlantique ; leur identité a été capturée et délocalisée ailleurs avec les déportations ; leurs corps, biens et cultures ont été meurtris, spoliés et piétinés pendant la colonisation. Tout est passé en Afrique, du plus ignoble au plus cruel, sauf la justice.

Les Bahamas et Haïti, première République noire du monde le 1er janvier 1804, ainsi que, d’autres pays des Caraïbes et du Pacifique, étaient présents.

 D’où ce cri des peuples d’Afrique que je relaie ici, au Palais des nations, temple du droit international : JUSTICE FOR AFRICA NOW !

Mesdames et messieurs,

L’ordre mondial établi au lendemain de la seconde guerre mondiale a gardé hors de ses murailles protectrices les siècles d’injustices subies par l’Afrique et ses peuples. Les cris pour la justice des peuples d’Afrique sont trop longtemps restés inaudibles dans ces enceintes protégées et dans la conscience collective endormie par le déni et le mépris. 

A l’heure où l’ordre mondial se recompose, il est plus qu’urgent de faire entendre la voix souffrante de l’Afrique ainsi que les attentes les plus exigeantes de nos peuples.

Puisque par la force des destins ont été brisés, par le droit, la réparation doit être assurée.

Et qui mieux que les Nations-Unies pour faire enfin justice à l’Afrique par le droit ?

Excellences,

Mesdames et messieurs,

« Mon pays, le Togo, une nation éprise de paix, de justice et d’entente entre les peuples, a bien compris que face à l’injustice, il faut bien un courageux pour commencer à dénoncer, des volontés pour l’écouter et un cadre concerté pour en parler. Mon pays aussi et surtout, a compris que nos institutions communes, l’Union africaine et les Nations-Unies, ne peuvent pas tout, surtout, lorsque l’impulsion ne vient pas des Etats.

C’est pourquoi, sous le leadership de Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, président du Conseil de la République togolaise, nous avons commencé à poser les bases d’un cadre juridique en initiant une décision adoptée par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, le 16 février 2025 à Addis Abeba, à l’unanimité de ses membres, sur la qualification de l’esclavage, de la déportation et de la colonisation comme crimes contre l’humanité et génocide contre les peuples d’Afrique.

Le chef de la diplomatie togolaise et son adjoint, le ministre délégué, lors de la conférence.

Cette décision historique, qui vient après celle de 2021 ayant abouti à l’adoption par l’Union africaine de la décennie 2021-2031 Décennie des racines africaines et de la diaspora africaine, est le fruit d’un engagement constant et résolu du gouvernement togolais, convaincu que les crimes et injustices à l’encontre de l’Afrique ne doivent plus être ignorés et pire restés non réparés. 

Nous sommes, en effet, profondément, persuadés que la justice est le meilleur ciment pour surmonter les blessures du passé et pour construire un avenir emprunt d’entente et de concorde entre les peuples du monde. Repousser le calendrier du dialogue et de la réparation, c’est thésauriser pour les générations à venir les rancœurs et les incompréhensions du passé.

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