Dans moins d’un mois, prendra fin la présidence sud-africaine du G20. Jour historique pour le continent africain, le 1er décembre 2024 avait vu, pour la première fois, une nation du continent noir prendre les rênes de l’un des plus importants forums en matière de coopération économique internationale. L’opportunité idéale pour sensibiliser, pendant un an, sur les problèmes africains, et obtenir des réponses concrètes par rapport à ces derniers. Le poids de la dette étant l’un d’eux, l’Afrique entière s’attendait à des avancées significatives. Mais, il n’y en aura, visiblement, pas.
Pour sa première à la tête du G20, l’Afrique aura raté le coche. La faute à sa représentante, l’Afrique du Sud, qui aura été incapable d’obtenir des concessions sur l’énorme dette sous laquelle elle croule, et qui poursuit sa progression. Pourtant, lors de la prise de fonction de sa présidence tournante, Cyril Ramaphosa donnait vraiment l’air de vouloir en découdre, sans doute à cause de la pression de ses homologues africains, qui avaient placé de grands espoirs en lui et son gouvernement. Un an plus tard, seuls la désillusion et le statu quo sont au rendez-vous.
Ayant pendant un an sur-utilisé le dilatoire pour afficher ses bonnes intentions par rapport à la situation de la dette en Afrique, le gouvernement de Pretoria n’a même pas pu créer la Commission spécialisée sur le coût du capital qu’il avait prévue. Cette Commission devait permettre d’identifier les causes des différences de coût du capital entre l’Afrique et les autres régions, ainsi que, les paramètres influant négativement sur la perception des risques en Afrique. Emprunter revient 5 fois plus cher à un Etat africain qu’à un autre Etat dans le monde.
Face au manque de résultats de Cyril Ramaphosa qui se dessine, 165 organisations de la société civile du globe ont écrit au dirigeant sud-africain pour dénoncer son bilan famélique, alors qu’elles voyaient en sa présidence tournante une opportunité de faire bouger les lignes sur un dossier dont la plupart des bailleurs de fonds internationaux ne veulent pas entendre parler. A l’heure actuelle, tout indique que cette première présidence africaine du G20 ne restera dans les annales que pour son caractère historique. D’ailleurs, le pire reste, peut-être, à venir.

En effet, les Etats-Unis, qui vont succéder à l’Afrique du Sud à la tête du G20, pourraient très bien reléguer le problème de la dette africaine au second plan pour se concentrer sur d’autres de leurs priorités. L’administration de Washington est, résolument, tournée vers le nationalisme, et risque de ne pas voir ses intérêts dans la résolution d’un problème très loin de ses frontières. Avec tous les programmes d’aide suspendus pour des raisons économiques, on voit mal Donald Trump délaisser sa logique transactionnelle pour devenir la philanthropie du jour au lendemain.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)





