AFRIQUE : En faillite, le négociant français en bois Rougier met ses filiales en vente

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C’est la fin d’une forme d’économie de comptoir qui était en vigueur dans les anciennes colonies françaises d’Afrique depuis la nuit des temps. Progressivement, avec la survenue au pouvoir d’une nouvelle catégorie de dirigeants politiques détenteurs d’une vision productiviste de leur économie, tenant compte aussi de la volonté des pays africains, d’une part, de ne plus continuer à être de simples pourvoyeurs de matières premières mais de réaliser, au moins, une première transformation des produits à exporter pour employer une main-d’oeuvre locale déjà formée et en manque de travail, et, d’autre part, d’accroître la valeur ajoutée nationale, certaines entreprises coloniales n’ont pas pu survivre à cette mutation. Tel semble être le cas de la société française Rougier, exportatrice de billes de bois depuis l’époque coloniale, bien que sa direction explique ses difficultés par le seul engorgement du Port de Douala qui n’aurait pas permis l’écoulement normal de ses billes de bois vers l’Europe. Une explication que rejettent en bloc les autorités camerounaises appelant cette société à assumer pleinement ses responsabilités (notre photo montre un grumier de Rougier au Gabon).

Le négociant français en bois Rougier a annoncé, jeudi, 19 juillet, la vente des filiales de sa branche Afrique en redressement judiciaire, au Cameroun et en Centrafrique, après que le tribunal de commerce de Poitiers a autorisé une telle opération.

« Le tribunal de commerce de Poitiers a autorisé, lors de l’audience du 13 juillet dernier, l’ensemble du processus de vente au Cameroun de la Société forestière et industrielle de la Doumé (SFID), de la société Cambois, de la société Sud Participation et, en Centrafrique, de la société Rougier Sangha-Mbaéré (RSM) », a expliqué un communiqué du groupe.ro

Les quatre entreprises, filiales de Rougier Afrique International, ont été acquises par la société camerounaise Sodinaf (Société de distribution nouvelle d’Afrique) pour un montant non divulgué.

Cette opération permet au groupe de « rationaliser » son portefeuille d’activités, a justifié Rougier, qui estime pouvoir « ainsi poursuivre son recentrage géographique dans de meilleures conditions ».

Saisi du dépôt de bilan de Rougier SA, la holding de tête de l’entreprise, le 12 mars dernier, le tribunal de commerce de Poitiers, dans le centre de la France, l’a placée en procédure de sauvegarde et sa branche Afrique International en redressement judiciaire.

Le groupe Rougier avait alors expliqué « faire face à des difficultés persistantes au Cameroun », évoquant « l’engorgement chronique » du Port de Douala –en raison de son ensablement–, qui a « profondément perturbé les activités des filiales camerounaise, congolaise et centrafricaine ».

A l’issue de l’audience du 13 juillet, le tribunal de commerce de Poitiers a autorisé la poursuite de la période d’observation de Rougier SA et sa branche Afrique International, a précisé le communiqué.
Le groupe rappelle, également, que la cotation de ses actions à la Bourse de Paris « reste toujours suspendue jusqu’à nouvel avis ».

Fin 2016, Rougier supportait une créance de 8 millions d’euros (5,4 milliards de F CFA) de TVA non remboursée par le seul Cameroun, et de 15,6 millions d’euros (10,5 milliards de F CFA) en incluant les créances du Congo et du Gabon. Le chiffre d’affaires 2017 affichait une baisse de 7,5% sur les 149,4 millions d’euros de 2016.

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Afrique
Rougier
Mise en vente de ses filiales
Faillite.

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