ALGERIE : Bouteflika a-t-il perdu le contrôle de la situation après la défection de Gaïd Salah ?

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C’est vrai que les soutiens du président (encore pour combien de temps ?), Abdelaziz Bouteflika, s’effritent de jour en jour. L’Algérie est en train d’écrire son roman. Bien que le mythique FLN que préside le président ait confirmé son indéfectible soutien, lundi, 25 mars, à sa personne, le RND de l’ancien premier ministre, Ahmed Ouyahia, s’est retiré, lui, du bloc de partis politiques qui soutiennent le pouvoir actuel. Mardi, 26 mars, c’était le coup de tonnerre (pas de grâce) de l’armée qui demande l’application de l’article 102 de la constitution, qui consacre l’incapacité du président à assurer ses hautes fonctions. Pourquoi en arriver là alors que le patron de l’armée algérienne, le général, Gaïd Salah, est, lui-même, un pur produit de Bouteflika ? La politique a ses raisons que la raison ignore, peut-on dire.

Comme le reste du camp présidentiel, il a, d’abord, soutenu la candidature de M. Bouteflika à un 5e mandat et ses propositions pour tenter d’apaiser la contestation. Mais, son soutien se faisait, récemment, moins appuyé.

Le général, Gaïd Salah, faisait face à une contestation qui ne faiblit pas, un entêtement du clan présidentiel, un chef de l’Etat dont le mandat expire le 28 avril, et les craintes au sein de l’armée que les manifestations dégénèrent. Cela dit, bien que chef d’état-major des armées, Gaïd Salah a-t-il agi au nom de tous les corps militaires y compris la garde présidentielle ? La question mérite d’être posée car l’armée algérienne bien qu’elle soit considérée comme « l’armée de libération nationale » a cessé, depuis longtemps, d’être un corps homogène. Il n’y a qu’à voir la façon dont s’était faite la nomination de Gaïd Salah il y a une quinzaine d’années. Après avoir « discuté » avec Saïd Bouteflika, le frère du président réputé très proche de ce dernier, Gaïd Salah avait été autorisé à rencontrer Abdelaziz Bouteflika pour s’entendre dire : « Ils ne t’aiment pas n’est-ce pas ? Moi je te nomme pour les commander ». Voilà l’histoire !

Constitutionnellement, l’armée n’a pas à donner ce genre d’avis. Il faut dire qu’elle est sortie de ses prérogatives. Son rôle est de préserver les frontières du pays (notamment celles avec le Maroc avec qui elle est en belligérance sans l’afficher) et de garantir la souveraineté nationale. Elle le fait très bien. Mais de là à faire le job du Conseil constitutionnel, il n’y a pas un pas mais une longue distance qui a été, allègrement, parcourue.

En effet, c’est au président du Conseil constitutionnel, du reste, très proche, lui aussi, d’Abdelaziz Bouteflika de prendre une telle initiative. Mais, faudrait-il voir quel est le vrai rapport des forces au sein de cette institution. Autant dire que rien n’est simple aujourd’hui en Algérie. Bien qu’affaibli, Abdelaziz Bouteflika qui a, déjà, annoncé ne plus vouloir se représenter mais d’organiser une transition avant de passer la main, n’a rien dit d’autre depuis. Comme d’habitude, on parle à sa place, on spécule, mais, lui est, toujours, solidement, assis sur son fauteuil roulant, avec une possibilité de signer des décrets. Car avec un nouveau premier ministre qu’il a nommé il y a quelques semaines, le gouvernement et l’Etat fonctionnent et le pays n’est pas à l’arrêt. Même si on dit tellement de choses sur lui.

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