L’Américain, David Malpass, a été, officiellement, nommé président de la Banque mondiale et prendra ses fonctions, mardi, 9 avril, pour un mandat de cinq ans, a indiqué, vendredi, 5 avril, la Banque mondiale, dans un communiqué. Comme quoi, un Américain succède à un autre Américain comme le veut la tradition, à la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l’autre grande institution, étant, généralement, dirigée par un Européen. Ainsi va le partage du monde façonné par les grands de ce monde, membres du Conseil de sécurité. Cela dit, David Malpass, grand ami de Donald Trump, vient à la Banque mondiale avec des idées bien arrêtées. Il n’hésite pas à dénoncer le copinage des institutions de Bretton Woods dans l’octroi de prêts et de facilités, même à des Etats corrompus. Du coup, on se tourne vers le FMI du temps de Dominique Strauss-Kahn et sa décision de réduire la dette du Congo-Brazzaville sans que celle-ci ait eu un impact dans le redressement durable des finances publiques du pays. Dix ans après cette opération controversée, le Congo se débat, à nouveau, depuis deux ans, à vouloir signer un accord avec le FMI, qui se rend compte qu’il est loin de réunir les conditions à cet effet. La raison à cela est simple : entre-temps, Dominique Strauss-Kahn a cédé sa place à Christine Lagarde, qui ne prête pas l’argent de l’organisation (aux copains) à n’importe quelle condition.
Comme on pouvait le deviner, David Malpass est un fidèle soutien du président, Donald Trump (notre photo). Agé de 63 ans, il était, jusqu’ici, sous-secrétaire au Trésor américain en charge des Affaires internationales. Il a été « unanimement sélectionné » par le conseil d’administration de la Banque mondiale, dit le communiqué.
David Malpass était le seul candidat présenté et sa nomination ne faisait aucun doute.
Il remplace son compatriote Jim Yong Kim, soutenu, dans le temps, par Barack Obama. Jim Yong Kim avait créé la surprise, en janvier, en annonçant sa démission alors que son second mandat devait le mener, jusqu’en 2022, à la tête de la banque.
David Malpass n’a pas hésité à critiquer publiquement, en 2017, les institutions internationales, les jugeant dépensières, « pas très efficaces » et « souvent corrompues dans leurs pratiques de prêts », faisant craindre qu’il ne soit pas la personne idoine pour diriger l’une de ces institutions. David Malpass met le doigt là où ça fait mal. En effet, à titre d’exemple, la réduction de la dette congolaise par le FMI alors dirigé par Dominique Strauss-Kahn, avait été (et est toujours) critiquée par l’opposition et la société civile congolaises. Cette critique est d’autant plus fondée que ce Français est devenu, aujourd’hui, consultant financier de luxe du Congo-Brazzaville dans ses très difficiles et interminables négociations avec le FMI pour l’octroi d’un autre programme. Une réduction de la dette obtenue par copinage et grâce aux dessous de table ? Ce sont les Congolais eux-mêmes qui le disent quand ils accusent le président, Denis Sassou-Nguesso, passé maître dans l’art de corrompre certains dirigeants occidentaux, qui peuvent l’accompagner dans sa volonté de mourir au pouvoir. Dans tous les cas, cette « aide » de Strauss-Kahn n’a pas, réellement, servi à redresser, durablement, les finances publiques congolaises. David Malpass n’a, donc, pas tort de tirer la sonnette d’alarme, et les Congolais ne peuvent que l’interpeller pour qu’il ne soit pas laxiste à l’endroit du gouvernement de Brazzaville dans l’octroi de futurs prêts.
Interrogé sur ses priorités s’il devait diriger la Banque mondiale, David Malpass avait indiqué qu’il voulait recentrer l’institution sur « le coeur de sa mission » en sortant de la pauvreté les pays les plus pauvres et en réduisant l’accès aux prêts de pays plus développés comme la Chine.
La Banque mondiale, fondée en même temps que le FMI, en 1944, lors de la conférence de Bretton Woods, a pour mission de réduire la pauvreté dans le monde en finançant des projets de développement. Mais, parfois, on se demande si ces deux institutions ne font pas tout pour maintenir les pays pauvres dans la pauvreté afin de rester, elles-mêmes, en vie car un monde sans pauvreté signerait, tout simplement, leur disparition.