BEAC : Pourquoi on ne change pas la gamme monétaire vieille de douze ans !

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Les billets de banque utilisés par les usagers de la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) sont vieux de plus de dix ans. Selon la réglementation en vigueur, ils auraient, déjà, dû être changés, en 2012. En 2014, on n’y songerait, toujours, pas. Pourquoi ? Lire notre enquête exclusive.

Le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso vient de passer des vacances mouvementées, à Marbella, en Espagne. Il n’a pas fait que se prélasser au soleil, comme il le souhaitait. Il a, beaucoup, reçu ses parents mbochi, qui n’ont pas arrêté de défiler, à cause d’un fait insolite qui ferait sourire ses nouveaux amis de Malaga. En effet, pendant qu’il se la coulait douce, en Espagne, loin du débat sur le changement de la constitution qu’il souhaite, par référendum, afin de s’octroyer un bail, à vie, à la tête de l’Etat du Congo, une panthère, en pleine nuit, se serait introduite sur la tombe de sa fille chérie, Edith Lucie Bongo Ondimba, décédée, à Rabat, en mars 2009. Comme animée par un esprit que seuls savent décrypter les vrais initiés mbochi, elle se serait mise à gratter le sol de la tombe, et à se cogner sur le marbre, jusqu’à ce que mort s’en suive.

Une panthère en ce lieu, suprêmement, sur veillé, est, en soi, une grande surprise qui relèverait même du mystère. Qui plus est, une panthère qui vient, juste, solliciter le lieu de repos éternel de la défunte fille aînée du chef de l’Etat, et qui y laisse sa peau, sans raison. Voilà qui a gâché les vacances du dictateur, le poussant, question d’en savoir plus, à « creuser » ce mystère auprès de ses parents. D’où leur incessant défilé, vertement, convoqués pour dire ce qu’ils savaient de cette histoire bizarre.

Toujours pendant ce séjour du président, en Espagne, la résidence d’Edith aurait, une fois de plus, été cambriolée. A quelles fins ? Selon certaines langues fourchues d’Oyo, les visiteurs de la nuit cherchaient des caches d’argent. Les Zairois qui sont les « fait tout » dans le ranch présidentiel, sont pointés du doigt. Une fois de plus. A tort ou à raison. Une chose est sûre : le ver est dans le fruit. En mars 2013, a été posée la première pierre de l’ agence de la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique centrale), à Oyo. Cette première pierre a été posée par le président Sassou alors que la sélection du cabinet d’architecture devrait se faire, à Yaoundé, en avril 2014. Cherchez la raison de la précipitation de Sassou. La localité d’Oyo n’est pas réputée abriter une activité économique ou industrielle, qui justifie une telle implantation, après les agences de Brazzaville, de Pointe Noire et de Ouesso, en 2009. C’est la bourgade présidentielle. Sans plus. La construction de cette agence de la BEAC, va, donc, être réalisée, en dehors de toute logique économique. Après avoir mené leurs enquêtes, les administrateurs français de la BEAC, mais pas seulement eux, ont fini par comprendre les raisons pour lesquelles le président souhaite implanter une agence de la banque centrale dans son village où il n’existe qu’une activité bancaire marginale, et surtout, aucune industrie digne de ce nom et aucun tissu économique, en dehors de l’Alima Palace, une autre folie présidentielle, qui tourne à vide, 6 jours et demi sur sept. Malgré ses 5 étoiles. Les administrateurs français de la BEAC, ainsi que leurs collègues de la même zone, ont fini par découvrir que si le président Sassou tient à construire une agence de la BEAC, dans son village, ce que le président camerounais, Paul Biya, n’a pas fait, à Mvomeka, ni le patriarche Ondimba, à Lewaï ; l’Equato-Guinéen, Teodoro Obiang Nguema, ne l’a pas fait, non plus, à Mongomo, pour ne citer que les pays parmi les plus grands pour voyeurs en billets de banque au sein de la zone BEAC, c’était pour une raison bien précise : la thésaurisation. Eh Oui, le président congolais garderait, énormément, d’argent, dans différentes caches, à Edou et à Oyo. L’agence de la BEAC d’Oyo, dépourvu d’utilité économique prouvée, servira, selon certaines sources, très bien introduites, à blanchir les capitaux présidentiels. Ni plus ni moins. S’il affirme qu’Afrique Education dit des contrevérités, qu’il démontre l’utilité économique de cette agence, à l’instar de celle de Pointe Noire par exemple.

Sous l’ère Ahidjo, les milliardaires Alhadji du quartier de la Briqueterie, de Yaoundé, se distinguaient par leur immense for tune qu’ils gardaient dans des chambres à coucher. Ahidjo les couvrait. Sassou a copié ce bon vieux système, maintenant, où le F CFA ne se convertit, plus, en France. Avant la décision de signifier cette non-convertibilité, pendant la deuxième cohabitation française où Edouard Balladur officiait comme premier ministre, de 1993 à 1995, il suffisait de charger des sacs d’argent dans les soutes des avions d’UTA ou d’Air Afrique, pour alimenter, proprement, ses comptes, en France. C’était bonjour la fuite des capitaux ! Aujourd’hui, non seulement, ce n’est plus possible, mais toute transaction bancaire doit être justifiée, ce qui a laissé les détourneurs de fonds publics congolais, sans voix.

Désormais, ils cachent des fortunes dans leurs maisons car même le fait d’alimenter, grossièrement, son compte bancaire local, attire l’attention des curieux. Du jour au lendemain, on peut faire l’objet de gros titres dans la presse. Sassou aime que ses parents détourneurs de fonds publics agissent dans la discrétion. Comme lui- même.

C’est la raison pour laquelle des grosses for tunes sont cachées dans des villas cossues d’Oyo et d’Edou (surnommé Monaco), faute de les placer sur des comptes bancaires, à Brazzaville ou de les transférer à l’étranger. C’est trop risqué pour le moment. On attend la mise en service de l’agence de la BEAC d’Oyo pour contourner la difficulté.

Mais se pose un autre problème. Les règles de fonctionnement de la BEAC (comme de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) imposent, que tous les 10 ans, on change, totalement, la gamme monétaire, c’est-à-dire tous les billets de banque en circulation. C’est la loi. Ainsi, l’autorité monétaire donne un délai qui permet aux personnes qui possèdent des billets de banque, d’aller les remettre afin de récupérer les nouvelles coupures de la même valeur. Cette opération qui devrait se faire, depuis 2012, à la BEAC, se fait, toujours, attendre. Pourquoi ?

Il y a quelques jours, le gouverneur de la BEAC, Lucas Abaga Nchama, a décidé d’injecter des coupures neuves de 2.000, 1.000 et 500 F CFA, dans le circuit, pour dit-on, lutter contre la pénurie. Question : à quand leur changement, comme le prescrit la loi, tous les 10 ans ? D’autre par t, qu’en est-il des billets de 10.000 F CFA et de 5.000 F CFA qui sont en circulation depuis plus de dix ans, ce qui n’est plus légal ?

Selon certaines rumeurs, cette opération de changement de billets de banque, serait bloquée par le président congolais qui disposerait d’un stock énorme de billets et qui rendrait l’opération de changement, politiquement, délicate, par ce temps d’instabilité politique, dans son pays.

Afrique Education se saisissant de ce dossier, nul doute que ça va bouger, dans tous les sens, dans le microcosme bancaire de la sous-région de l’Afrique centrale où on dit, souvent, que l’argent n’aime pas le bruit.

Et quid de la construction de l’agence de la BEAC à Oyo, en plein village du président Sassou ! On attend les explications du gouvernement de la BEAC ou du président du Congo himself.

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