BENIN-AES : Patrice Talon entre ambiguïté et sensationnel

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Le 20 juillet 2025, le président du Bénin, Patrice Talon, par la voix de son porte-parole, Wilfried Houngbédji, a invité deux de ses homologues de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) à la 65ème fête d’indépendance du Bénin. Comme prévu, cet acte a secoué l’univers médiatique ouest-africain, plusieurs voix vantant la main tendue du président béninois à deux de ses proches voisins. Pourtant, peu de dirigeants africains baignent autant dans l’ambiguïté et le sensationnel que Patrice Talon.  

Lors du Sommet économique de l’Afrique de l’Ouest en juin dernier, Patrice Talon a réitéré son appel à plus de cohésion dans la sous-région, s’adressant notamment à l’AES, partie de la CEDEAO. Avant sa prise de parole, Bola Tinubu, hôte dudit événement à Abuja, fut plus réservé sur le sujet, gardant à l’esprit la manière dont l’avaient induit en erreur  Patrice Talon, Alassane Ouattara et Umaru Sissoko Embalo, en l’encourageant à menacer la junte nigérienne d’une riposte armée.

Encore novice, à cette époque, en matière de gouvernance politique, le dirigeant nigérian s’est, depuis, assagi, mais assume, en silence, son imprudence, tout en étant conscient qu’il lui sera difficile de regagner la confiance du Bloc de l’AES. Ce n’est pas l’état d’esprit de Patrice Talon, qui persiste à faire dans le sensationnel dans l’espoir d’initier un changement d’attitude du trio des Etats militaires ouest-africains. 

Mais, lorsque d’un côté, on voit que l’inexistence des efforts diplomatiques engagés par le Bénin auprès de l’AES ne reflète pas la communication moralisatrice du président béninois, et que de l’autre, des mesures hostiles, comme le limogeage-surprise de l’ambassadeur du Bénin au Niger, Gildas Agonkan, suite à un aveu de mal-gouvernance de Cotonou vis-à-vis de Niamey, sont posées au grand jour, il n’est pas permis de baisser la garde.

Entre Patrice Talon et Abdourahamane Tiani, la mésentente est autre que cordiale.

En toute logique, l’invitation de Patrice Talon prévue pour l’événement du 1er août prochain ne devrait même pas donner lieu à une réponse de la part de ses convives de l’AES. Pourquoi devraient-ils courir le moindre risque face à un leader ambigu, sur le départ, et qui ne cherche qu’à soigner son image en Afrique en forçant un rapprochement contre nature avec les présidents les plus en vus du continent ? Ce serait une aberration pour les populations de l’AES qui les soutiennent.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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