BENIN-NIGER : Patrice Talon en panne d’idées face à Abdourahamane Tiani

Date

Par une décision datant du 6 mai, le Bénin a procédé au blocage du transport par voie fluviale du pétrole brut du Niger. Prise par Patrice Talon, cette mesure, qui vise à obliger Abdourahamane Tiani à rouvrir les frontières avec son voisin, est le nouvel épisode de la saga à laquelle se livre Cotonou vis-a-vis de Niamey depuis le coup d’état du 26 juillet 2023.

Par cette mesure incompréhensible, le président béninois étale, volontairement ou pas, son degré de désemparement face à des militaires qui, au contraire, demeurent imperturbables jusqu’à ce jour, en dépit du coup de poignard dans le dos que leur avait porté le pouvoir béninois, en se déclarant favorable à une intervention militaire pour secourir la présidence de Mohamed Bazoum.

Selon plusieurs sources médiatiques, l’initiative des autorités béninoises serait en réaction au fait que la junte nigérienne ait rouvert ses frontières avec le Nigéria quelques temps seulement après que ce dernier l’ait d’abord fait, alors qu’elles continuent toujours d’attendre la réciprocité en ce qui les concerne.

Mais, le cas du Bénin est différent de celui du Nigéria, dont le discours inflammatoire contre le régime militaire du Niger relevait plus de l’inexpérience d’un président fraîchement élu que d’autre chose, à l’inverse d’un Patrice Talon, déjà, bien accoutumé à la fonction de chef d’Etat, après avoir rempilé pour un second mandat.

Depuis le mea culpa formulé par le dirigeant béninois en décembre dernier concernant les sanctions imposées aux Nigériens, aucun diplomate n’est allé au Niger pour normaliser les relations. Ce qui n’étonne pas car la diplomatie du Bénin aura du mal à convaincre celle du Niger. Son chef, Shegun Bakari, étant sorti de sa réserve en août dernier pour fustiger Niamey, et qualifier de « prise d’otage et de kidnapping » le placement en résidence surveillée de Mohamed Bazoum et sa famille.

Le bras de fer que vient d’initier Patrice Talon avec Abdourahamane Tiani n’arrangera rien entre les deux hommes. D’autant plus qu’il va à l’encontre de l’apaisement proné par le président béninois il n’y a pas si longtemps. S’il est vrai que les considérations économiques comptent, surtout au vu des fortes sommes engagées dans le projet pétrolier nigérien, la diplomatie a un rôle, tout aussi, fondamental à jouer pour rétablir l’entente entre les deux pays.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier