Alors qu’il venait à peine de résoudre, en dirigeant averti, le différend qui l’opposait à Abdourahamane Tiani sur la question de l’acheminement du pétrole brut nigérien, Patrice Talon se retrouve, à nouveau, malgré lui, au milieu de l’arène. La faute à Mario Metonou, un magistrat de son pays, qui a décidé d’attirer les projecteurs sur sa personne.
Selon le rapport pondu par les autorités judiciaires béninoises, cinq ressortissants nigériens auraient infiltré le site d’exploitation pétrolier de Sèmè, certains d’entre eux ne détenant aucune autorisation valable, d’autres en détenant une mais ayant contourné la sécurité. Parmi eux, figurerait Moumouni Ibra Hadiza, la représentante du Niger au Bénin dans le cadre de ce projet.
En évoquant l’hypothèse d’une action menée pour porter atteinte à la Sûreté de l’Etat du Bénin, le procureur spécial pouvait difficilement faire plus sensation. Bien au fait des motifs sécuritaires évoqués par le CNSP pour justifier du maintien de la fermeture des frontières avec le Bénin, Mario Metonou (notre photo) cherche probablement à rééquilibrer les débats.
Toutefois, ses allégations manquent de fondement, le motif d’une attaque nigérienne sur les installations d’un investissement devant lui générer plus de 20% de PIB relève de l’hérésie. A l’inverse de l’excellente qualité des relations franco-béninoises, qui rend tout à fait plausible l’hypothèse que des troupes de l’Hexagone puissent être présentes au Bénin.
La principale interrogation, qui ressort dans cette affaire est de savoir si Mario Metonou est magistrat ou politicien ? Mais, au vu de la réaction incendiaire de Niamey, qui après avoir pris connaissance de son communiqué du magistrat, a aussitôt menacé de suspendre le projet du pipeline, l’opinion tendrait plus vers la seconde option.
Avec cette nouvelle épine plantée dans le pied, le président du Bénin, Patrice Talon, va rapidement devoir s’employer à désamorcer cette bombe à retardement, lui qui pensait, pourtant, avoir fait le plus dur en annulant toutes les restrictions qu’il avait placées en début mai sur l’exploitation de l’or noir nigérien.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)