PHILEMON YANG ELU PRESIDENT DE LA 79e ASSEMBLEE GENERALE DE L’ONU : Mention BIEN à la diplomatie de Paul Biya

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Le chef de la diplomatie camerounaise, le très discret, Lejeune Mbella Mbella, ne se répand pourtant pas dans les médias et réseaux sociaux pour saluer cette prouesse. Il le devrait car c’est une grande victoire qui marquera son CV à vie. Parce que ce n’est pas tous les jours qu’un pays peut envoyer son ressortissant présider l’Assemblée Générale des Nations-Unies. Beaucoup postulent. Très (très) peu y parviennent. Le choix se faisant par continent et par sous-région. La dernière fois qu’un Africain du centre avait eu cet honneur, remonte au 10 juin 2004, il y a 20 ans, lors de la 59e session de l’Assemblée Générale des Nations-Unies. Au moment de son élection, Jean Ping (il s’agit de lui) était ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Francophonie du Gabon, un poste qu’il occupa à deux reprises entre 1990 et 1994 et de 1999 à 2008 avant de briguer la présidence de la Commission de l’Union africaine, à Addis Abeba. Il faut donc avoir de l’étoffe pour y être élu car c’est une fonction qui exige rigueur, compétence, écoute, détermination. En effet, on devient, avec le président du Conseil de sécurité, le principal collaborateur du secrétaire général des Nations-Unies. Philémon Yang dispose de tous ces atouts : ancien diplomate aux Nations-Unies et au Canada où il fut ambassadeur du Cameroun, pendant 20 ans, ce qui lui permit d’être doyen du corps diplomatique, il fut, de retour au Cameroun, membre du gouvernement avant de devenir le premier ministre chef du gouvernement pendant dix ans jusqu’en janvier 2019. Avant son élection aux Nations-Unies, il était chancelier des ordres nationaux. Le président, Paul Biya, donne la preuve de sa parfaite connaissance du milieu politique et diplomatique du Cameroun. Il ne fait guère de bruit. Seuls ses succès surprennent car ils se travaillent dans l’ombre loin des tambours médiatiques. Ajoutons que pour y parvenir, le chef de l’Etat camerounais dispose d’un relais (sûr) qui est aussi muet et effacé que lui-même : il s’agit de son ministre des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, qui ne fait parler de lui que pour ses seuls succès diplomatiques. Comme l’organisation avec éclat de la dernière conférence ministérielle de la Francophonie au Cameroun en novembre dernier.

L’Assemblée générale a élu cinq nouveaux membres non permanents du Conseil de sécurité, à savoir, le Danemark, la Grèce, le Pakistan, le Panama et la Somalie, pour un mandat de deux ans qui débutera le 1er janvier 2025 et prendra fin le 31 décembre 2026.  Le même jour mais dans l’après-midi, elle a élu par acclamation Philémon Yang, du Cameroun, en tant que président de sa soixante-dix-neuvième session, ainsi que, les membres des bureaux de cette prochaine session.

Le Danemark, qui a obtenu 184 voix, et la Grèce, qui en a recueilli 182, remplaceront au Conseil de sécurité Malte et la Suisse pour le compte du groupe des Etats d’Europe occidentale et autres Etats.  Non candidates, l’Italie et la Norvège ont pourtant gagné chacune une voix.

Le Pakistan, qui a réuni autour de sa candidature 182 voix, et la Somalie, avec ses 179 voix, entrent également au Conseil de sécurité au nom du groupe des Etats d’Asie-Pacifique et d’Afrique.  Ces deux nouveaux élus siègeront à la place du Japon et du Mozambique. 

L’Assemblée Générale a également élu le Panama, qui a raflé 190 voix, pour représenter le groupe des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes.  Il succédera à l’Equateur.  Pour sa part, l’Argentine, qui n’était pas candidate, a récolté une voix. 

A compter du 1er janvier 2025, le Conseil sera donc composé, outre les cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, Fédération de Russie, France et Royaume-Uni), des membres non permanents suivants : l’Algérie, le Danemark, la Grèce, le Guyana, le Pakistan, le Panama, la République de Corée, la Sierra Leone, la Slovénie et la Somalie.

Auparavant, le Danemark avait déjà effectué quatre mandats au Conseil de sécurité, la Grèce en avait fait deux, le Pakistan sept, le Panama cinq et la Somalie, un seul. 

Dans l’après-midi, l’Assemblée générale a élu, par acclamation, Philémon Yang, du Cameroun, en tant que président de sa soixante-dix-neuvième session.  Le président élu placera son mandat sous le thème de « l’unité dans la diversité, pour la promotion de la paix, du développement durable et de la dignité humaine pour tous, partout dans le monde ».  Assurant se mettre au service de la communauté internationale, Philémon Yang (félicité sur notre photo par le secrétaire général de l’ONU) a souligné combien la période actuelle est « troublée », énumérant les défis auxquels le monde est confronté.  Mais, a dit l’ancien premier ministre camerounais, la science et la technologie offrent des solutions face aux besoins des générations présentes et futures, notamment, l’intelligence artificielle qui amplifie les possibilités. 

Par ailleurs, il a rappelé que les pays en développement dans leurs catégories respectives sont les plus durement touchés par les conséquences des guerres, des tensions géopolitiques, des changements climatiques, de la course aux armements, ainsi que, par la menace nucléaire.  C’est pourquoi, a insisté Philémon Yang, il faut mettre en œuvre rapidement les programmes les concernant, en particulier, les dispositions relatives au financement et aux transferts de technologies.  Il a rappelé l’importance de mener à bien la revitalisation de l’Assemblée Générale et du Conseil économique et social (ECOSOC), de même que pour la réforme du Conseil de sécurité.  Il faut faire preuve de consensus sous les auspices de l’Assemblée Générale, a plaidé Philémon Yang. 

« L’Assemblée Générale reste un forum mondial prééminent et nécessaire pour forger un consensus, élaborer des solutions et assurer un avenir meilleur », a déclaré Dennis Francis, président de la soixante-dix-huitième session, qui a félicité son successeur avant de souligner les multiples défis complexes de la paix et de la sécurité, dont les menaces des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer.  « Votre vision pour la soixante-dix-neuvième session résonne avec une profonde pertinence et urgence », a-t-il commenté, estimant que le respect des principes du multilatéralisme et de la coopération internationale n’a jamais été aussi vital.  « Nous devons travailler ensemble et beaucoup plus fort, dans la solidarité et le partenariat, pour résoudre les problèmes urgents de notre époque et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte ».

Dans sa déclaration, le secrétaire général a dit que Philémon Yang arrive à un moment difficile : les conflits font rage et la catastrophe climatique s’aggrave ; la pauvreté et les inégalités sont omniprésentes ; la méfiance et les dissensions divisent les gens ; les objectifs de développement durable sont très loin d’être atteints ; les pays en développement se retrouvent sans le soutien dont ils ont besoin pour investir dans leur population.  Face à ces défis, a déclaré António Guterres, nous ne devons pas perdre de vue notre objectif d’un monde plus pacifique et plus durable. 

Le futur président de l’Assemblée Générale jouera un rôle important dans la réalisation de cet objectif, a prédit António Guterres pointant sa grande expérience et son travail au sein de l’Union africaine et aux plus hauts niveaux de l’Etat camerounais.  En outre, « c’est un Africain fier de l’être qui se consacre à l’avenir de son continent ».  Pour réaliser le riche potentiel des pays africains, il faut se rallier à eux et soutenir les pays en développement dans le monde entier, a recommandé le Chef de l’ONU. Les représentants du Cameroun, du Yémen et de l’Autriche, ont salué l’élection de Philémon Yang au nom de leurs groupes d’Etats respectifs, de même que les Etats-Unis en tant que pays hôte. 

L’Assemblée Générale a également élu à sa vice-présidence l’Algérie, l’Angola, l’Autriche, la Barbade, les Etats fédérés de Micronésie, le Ghana, le Guatemala, l’Italie, le Kirghizistan, Madagascar, la République de Moldova, le Sénégal, la Thaïlande, les Tonga, le Turkménistan et le Venezuela.  Les Etats-Unis ont émis une réserve quant à l’élection du Venezuela annonçant qu’ils ne reconnaissaient pas le « régime de Nicolas Maduro ».

Enfin, comme la coutume le veut, le secrétaire général a tiré au sort le pays dont le nom déterminera l’ordre des sièges des délégations dans la salle de l’Assemblée Générale durant la soixante-dix-neuvième session.  Le Yémen sera ainsi au premier siège, suivi des autres Etats Membres dans l’ordre alphabétique anglais. 

ELECTION DES BUREAUX DES GRANDES COMMISSIONS

Maritza Chan Valverde du Costa Rica a été élue présidente de la première commission (désarmement et sécurité internationale), qui sera présidée pour la première fois par une femme.  Celle-ci a d’ailleurs insisté sur l’importance cruciale des femmes à des postes de ce niveau.  Les autres membres du Bureau seront El Hadj Lehbib Mohamedou (Mauritanie), Abdulrahman Abdulaziz AlThani (Qatar) et Vivica Munkner (Allemagne), vice-présidents, et Pēteris Filipsons (Lettonie), rapporteur.

La quatrième commission (politiques spéciales et décolonisation) sera quant à elle présidée par Sanita Pavļuta-Deslandes, de la Lettonie.  Elle a assuré de son esprit de coopération à la tête de la Commission.  Avant son élection à ce poste, la Fédération de Russie a pris la parole pour se plaindre que les représentants de la Lettonie utilisent une rhétorique agressive contre la Russie, qui entrave le dialogue et le respect mutuel.  La délégation a dès lors émis des réserves sur le bien-fondé de laisser une représentante de ce pays présider la quatrième commission.  Elle a espéré que la présidence respectera les normes lorsque l’on préside une grande commission. 

Les autres membres du bureau élus sont Sheikh Jassim Abdulaziz J. A. Al-Thani (Qatar), Carmen Rosa Rios (Bolivie) et  Hussein Hirji (Canada), vice-présidents, et  Makarabo Moloeli (Lesotho), rapporteure. 

La deuxième commission (économique et financière) sera, elle, présidée par Muhammad Abdul Muhith (Bangladesh), avec comme vice-présidents David Anyaegbu (Nigéria), Ivana Vejic (Croatie) et Gudrun Thorbjoernsdottir (Islande), et Stefany Romero Veiga (Uruguay) comme rapporteure. Le nouveau président de la deuxième commission a dit compter sur la sagesse et la coopération des Etats membres, assurant qu’« ensemble, nous pouvons changer la donne ».

En ce qui concerne la troisième commission (questions sociales, humanitaires et culturelles), c’est Zéphyrin Maniratanga du Burundi, qui présidera les travaux.  Nur Azura Abd Karim (Malaisie), Ekaterine Lortkipanidze (Géorgie) et Mayra Lisseth Sorto Rosales (El Salvador) seront les vice-présidents tandis que Mark Reichwein (Pays-Bas) en sera le rapporteur.

Pour la cinquième commission (administrative et budgétaire), c’est Egriselda López d’El Salvador, qui sera sa présidente.  La nouvelle présidente a soulevé la question de la crise des liquidités que traverse actuellement l’ONU en prédisant la négociation de « questions extrêmement complexes ».  Le bureau de la cinquième commission a également été constitué : Surat Suwannikkha (Thaïlande), Szymon Pekala (Pologne) et  Johanna Bischof (Autriche) seront les vice-présidents ; Elaye-Djibril Yacin Abdillahi (Djibouti), le rapporteur. 

Enfin, la sixième commission (questions juridiques), Rui Vinhas, du Portugal, assurera la présidence.  Les vice-présidents de la Commission seront Ammar Mohammed Mahmoud Mohammed (Soudan), Matús Kosuth (Slovaquie) et Ligia Lorena Flores Soto (El Salvador) tandis que le rapporteur sera Nathaniel Khng (Singapour).

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