BENIN : Réapparition du président Patrice Talon à la télévision publique après être sorti du « lieu sûr » où il se terrait

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Ce lieu sûr, beaucoup de Béninois avancent que c’est l’Ambassade de France à Cotonou. Mais, le Quai d’Orsay a vigoureusement démenti cette fausse rumeur qui ne ferait pas du bien au chef de l’Etat au moment où l’image de la France dans cette partie de l’Afrique n’est pas bonne. Se serait-il alors terré à l’ambassade du Nigeria, qui, après des hésitations lors du putsch du général, Abdourahamane Tiani, au Niger, en juillet 2023, a, immédiatement, lancé son armée de l’air pour qu’elle aide à circonscrire l’action des putschistes. Toujours est-il que la polémique sur le lieu de refuge de Talon n’aura duré que quelques heures. Ce 7 décembre, soir, il est réapparu, sans cravate, à la télévision publique pour montrer qu’il se portait bien et que la situation était sous contrôle. Il était vraiment temps.

Nous n’allons pas parler des trains qui arrivent à l’heure mais pourquoi ils sont en retard. Autrement dit, pourquoi Patrice Talon a failli perdre son pouvoir alors qu’il va le quitter en avril 2026, après avoir refusé de s’octroyer un troisième mandat, comme ailleurs (sur notre photo, Patrice Talon à la télévision ce 7 décembre soir).

Dans ses fausses apparences de gentleman du 19e siècle, il est un petit dictateur qui torture avec un gant de velours. Tenez quelques faits :

Il a emprisonné deux opposants qui pouvaient le déstabiliser pendant l’élection présidentielle d’avril 2021. Il s’agit de Joël Aïvo et de Reckya Madougou, tous deux candidats à cette élection. Sans réelle preuve, il leur a fait coller le motif de « terrorisme » pour avoir, facilement, leur peau. Le terrorisme dont ils sont accusés, est-il comparable au véritable terrorisme auquel le Bénin fait difficilement face au niveau de sa frontière avec le Niger ? Aucune médiation internationale en vue de l’élargissement de ses deux opposants n’a pu convaincre Talon de leur innocence.

Le lieutenant, Tigri Pascal, le chef des putschistes se serait-il réfugié au Niger voisin ?

Patrice Talon a verrouillé l’espace politique béninois au point où l’opposition n’arrive nullement à s’y exprimer. La preuve, les grands partis politiques dont celui de son prédécesseur, Yayi Boni, n’ont pas été autorisés par les institutions contrôlées par Talon, à présenter des candidats à la future élection présidentielle.

Certes, il n’a pas suivi ses partisans candidats à la modification de la constitution pour s’octroyer un troisième mandat. Mais, il veut faire pire : Il a sponsorisé son jeune ministre de l’Economie et des Finances, Romuald Wadagni (49 ans), pour être son candidat à cette élection. Ce dernier une fois élu ne ferait qu’un seul et unique mandat avant de relaisser la place à Patrice Talon. Le même jeu de passe-passe que Vladimir Poutine avait fait avec Dmitri Medvedev. Comme quoi, Patrice Talon reste proche des Occidentaux tout en empruntant les méthodes de contournement démocratiques de la Russie. On appelle ça, de l’opportunisme. Talon n’est pas un homme de conviction mais un opportuniste arrivé par des moyens non légaux et illégitimes à la magistrature suprême du Bénin, en remplacement de Yayi Boni. Il le montre clairement aujourd’hui.

Ceux qui ne suivent pas l’actualité béninoise au jour le jour, peuvent s’étonner de cette tentative de coup d’état car pour eux, le Bénin fonctionnait plutôt bien. En réalité, le Bénin fonctionnait bien en apparence mais c’est une petite dictature qui ne dit pas son nom. La presse sous Talon était muselée. Les journalistes et même les humoristes allaient parfois jusqu’à fuir le pays pour exercer librement leur métier. Mais, cela ne suffisait pas pour avoir la sécurité car Talon faisait enlever certains dans les pays d’accueil comme au Togo voisin.

Pour gagner l’élection présidentielle en 2016, Talon avait bénéficié du soutien de l’homme d’affaire Sébastien Ajavon, au deuxième tour. Mais sachant que ce dernier, milliardaire comme lui, bénéficiait, en plus, d’un fort taux de sympathie dans le pays et que tôt ou tard, il s’en servirait pour se présenter à la future présidentielle, et peut-être le battre, Talon lui a fait coller une affaire de drogue sur le dos pour le discréditer à jamais. Conséquence, Ajavon a carrément abandonné la politique.

Le président Bola Tinubi (dans les bras de Patrice Talon le 1er août 2023 à Cotonou) est celui qui a sauvé le pouvoir de Patrice Talon.

Bref, les méthodes de Patrice Talon ont suffi pour que les putschistes qui finalement n’ont pas eu gain de cause, cherchent à remettre les compteurs de la démocratie à 0. Patrice Talon l’ayant échappé belle, il lui est conseillé de revoir totalement sa gouvernance autocratique afin que les élections municipales de janvier et présidentielle d’avril 2026, soient ouvertes à tous ceux qui veulent se présenter. Sinon, il donnera raison aux putschistes qui n’auraient jamais lancé leur escapade si le pays fonctionnait correctement.

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