BOLA TINUBU-MACKY SALL : Même le favoritisme au sein de la CEDEAO a ses limites

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Près de 07 mois après avoir félicité Macky Sall pour son renoncement à briguer un troisième mandat présidentiel (il faut le dire hautement inconstitutionnel), Bola Tinubu devait s’envoler vers Dakar, lundi, 12 février pour s’entretenir avec son homologue du Sénégal, au sujet du report (encore plus inconstitutionnel) des élections présidentielles sénégalaises. Il n’a pas effectué ce voyage, mais, planifié un autre rendez-vous avec Macky Sall, à Addis Abeba, jeudi, 15 février, où les deux chefs d’Etat vont assister au Sommet de l’Union africaine. On en vient à croire que le président sortant sénégalais ne peut tout simplement pas s’empêcher d’interpréter la Constitution, comme bon lui semble. De quoi ouvrir les yeux à ceux qui le soutenaient aveuglément hier, mais, qui ont fini par se rendre à l’évidence de ce qu’il est tout sauf un promoteur de la démocratie. 

L’absence de justifications pertinentes officielles de ce rendez-vous reporté a ouvert le champ à toutes sortes de spéculations au sein de la communauté africaine. L’une d’entre elles étant l’éventualité que Bola Tinubu soit en train de se dégonfler, alors même qu’il devrait plutôt taper du poingt sur la table. Car, l’actuel président de la CEDEAO avait marqué les esprits, lorsqu’à peine arrivé à la tête de l’organisation sous-régionale, il avait menacé de lancer une guerre contre la junte du Niger. 

Après avoir publié, par le biais de la CEDEAO, un communiqué condamnant le coup d’état institutionnel commandité par Macky Sall, Bola Tinubu se doit de l’informer de ce qui l’attend en cas de mépris des multiples appels à ramener les élections présidentielles à la date prévue du 25 février prochain. D’ailleurs, sur ce plan, il bénéficie de l’appui du monde occidental, l’Union européenne et les Etats-Unis qui ont, quasiment à l’unanimité, qualifié d’”illégitime” la décision des autorités dakaroises de renvoyer le scrutin présidentiel à décembre 2024. Des interrogations subsistent, néanmoins, autour des acteurs ambigus, tels que la France.  

En effet, la terminologie employée par Paris dans sa réaction au coup de force de Dakar prête, de manière considérable, à confusion, et contraste très largement avec la réponse qu’elle avait apportée aux autorités militaires de Niamey, l’été dernier. Une fois de plus, la France donne l’impression de faire cavalier seul. Ayant probablement demandé au ciel une chance de ne pas finir comme le pire président de l’histoire de la CEDEAO, Bola Tinubu dispose de l’occasion idéale pour montrer à tous les critiques que l’organisation sous-régionale ne fait plus dans le favoritisme. En fera-t-il bon usage ? Le peuple sénégalais et l’Afrique entière espèrent que oui.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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