BURUNDI : Benjamin Mkapa le médiateur tanzanien récusé parce que devenu pro-Nkurunziza

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Se dirige-t-on vers l’échec de la médiation au Burundi ? Le facilitateur dans la crise burundaise, l’ancien président tanzanien, Benjamin Mkapa (sur notre photo où il étale l’entente parfaite avec Pierre Nkurunziza), a proposé à l’opposition une rencontre que celle-ci s’est empressée de refuser, l’accusant d’avoir pris « fait et cause » pour le gouvernement de Bujumbura, a-t-on appris, ce mardi, 13 décembre, auprès de l’opposition.

« Nous avons rencontré, lundi, à Bruxelles, deux envoyés du facilitateur, Benjamin Mkapa, qui étaient venus nous dire qu’il nous invitait, à Arusha, pour nous expliquer sa prise de position et ce qu’il projette de faire », a affirmé Jean Minani, le président du Cnared, une plate-forme qui regroupe la quasi-totalité de l’opposition burundaise intérieure et en exil.

« Nous leur avons remis une lettre à donner en mains propres à Mkapa pour lui signifier que nous le récusions officiellement en tant que facilitateur », a-t-il ajouté, joint par téléphone en Belgique. « Il s’est démis de ses fonctions en prenant fait et cause pour le gouvernement lors de son séjour à Bujumbura ».

Au terme d’une visite de trois jours, à Bujumbura, Benjamin Mkapa avait jugé, vendredi, 9 décembre, inutile de continuer à contester la « légitimité » de l’élection en 2015 du président burundais, Pierre Nkurunziza, pour un troisième mandat, et appelé les parties à se concentrer sur la bonne tenue des élections de 2020.

Sacré bonhomme ce Mkapa ! Nkurunziza n’en espérait pas tant.

Ces déclarations ont, bien entendu, ravi le gouvernement burundais, mais, heurté, fortement, le Cnared, qui estime que la Constitution burundaise ne permet pas à Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat.
« C’est inutile de le rencontrer car il a déjà donné raison à un pouvoir illégal qui a violé la Constitution et plongé le pays dans une grave crise », a insisté Jean Minani.

Benjamin Mkapa avait, également, dit, vendredi, ne pas vouloir rencontrer l’opposition armée, des propos, qui semblaient viser le Cnared, accusé par Bujumbura d’être derrière les violences armées au Burundi. D’où la question que beaucoup de Burundais se posent : qu’a-t-on donné à manger et à boire à Mkapa pour qu’il perde, ainsi, la tête ? Car il a oublié ce pourquoi il avait été désigné facilitateur.

« La stratégie du facilitateur est déroutante si on s’en tient à ses déclarations fracassantes », a jugé un diplomate en poste au Burundi. « Un coup, il soutient sans aucune ambiguïté le pouvoir, un autre coup, il veut rencontrer l’opposition comme si de rien n’était. C’est difficile de voir où il veut en venir ».

Alors que le dialogue interburundais est, toujours, au point mort, Bujumbura refusant de négocier avec le Cnared malgré les pressions et les sanctions de la communauté internationale, Benjamin Mkapa avait dit vendredi voir une « ouverture », sans donner plus de détails.

Le Burundi est plongé dans une grave crise depuis la candidature en avril 2015 de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat controversé et son élection en juillet de la même année. Les violences ont fait plus de 500 morts et poussé plus de 300.000 personnes à quitter le pays.

Avec AFP

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