Pourquoi élit-on un député, un sénateur, un maire ? Pourquoi nomme-t-on un ministre ? Pourquoi est-on une élite locale ? Pas seulement pour « manger » tout seul, avec sa (petite) famille. Mais pour rassembler la communauté afin qu’elle essaie de parler d’une même voix et se faire le porte-parole auprès des autorités.
Dans un pays où les ressources financières pour construire les infrastructures sont rares, le choix des priorités, est une bataille de tous les instants. Sans une classe d’élites capable de jouer la passerelle entre la communauté et les autorités, la région est délaissée si le gouvernement n’est pas vigilant pour rattraper les déséquilibres.
La Sanaga Maritime, il faut le dire, ne dispose pas d’une élite digne de ce nom, comme on le voit chez d’autres, les Bétis et les Bamiléké, par exemple. Car si le barrage de Song Mbengue (ou Sakbayémé) était situé à l’Ouest, au Centre, au Sud ou à l’Est, le Cameroun n’aurait pas saupoudré les investissements sur plusieurs barrages (avec les coûts que cela implique), mais, il les aurait concentrés sur le seul et unique barrage de Song Mbengue (ou Sakbayémé), et le problème énergétique du Cameroun aurait été résolu. Pour au moins dix ans.
Aujourd’hui, ce sont les investisseurs étrangers, en pleine prospection mondiale, qui viennent secouer les élites de la Sanaga Maritime. Une délégation de la firme d’investissement, Hong-Kong Resources Development Group Ltd, vient de faire savoir au premier ministre chef de gouvernement, Philémon Yang, son intérêt pour la construction du barrage hydroélectrique de Song Mbengué (ou Sakbayémé), à 25 kilomètres de Pouma, chef-lieu d’arrondissement situé sur l’axe lourd Yaoundé-Douala. La route Pouma-Sakbayémé est, déjà goudronnée. Sakabyémé et Song Mbengue sont reliés par un pont solide, qui facilite l’accès sur site, ce qui amoindrit les investissements à venir.
La production envisagée est de 1.000 Mégawatts (MW), au moins, soit, quasiment, la capacité installée actuelle du pays. Voilà pourquoi on regrette que ce barrage n’ait pas été inscrit dans le Septennat des Grandes Réalisations car, à coup sûr, il aurait permis, tout seul, de résoudre le difficile problème de l’énergie au Cameroun. Mais mieux vaut tard que jamais