CAMEROUN : Tout est mis en œuvre pour que tous les enfants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest aillent à l’école

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On ne reprochera pas au gouvernement de ne pas avoir mis les bouchées doubles pour rendre effective la rentrée scolaire, partout, au Cameroun. Lundi, 2 septembre, une rentrée scolaire timide a été constatée dans les deux régions anglophones du Cameroun. A cela, une raison : les séparatistes anglophones avaient juré de la perturber en décrétant 14 jours de villes mortes. La peur de braver cet interdit sécessionniste a, donc, eu raison sur la volonté des parents qui voulaient envoyer leurs enfants à l’école. Cela dit, les choses devraient s’améliorer après ce mot d’ordre de boycott.

Les statistiques fournies par l’opposition, les sécessionnistes et les pouvoirs publics, sont loin d’être les mêmes. Ce qu’on sait, avec certitude, c’est que le 2 septembre n’a pas fait foule dans les écoles, dans la partie anglophone. Prenons les chiffres donnés par les sécessionnistes, c’est-à-dire, les plus pessimistes qui soient : dans la région du Sud-Ouest, plus de 2.000 élèves sur environ 100.000 sont allés à l’école.

Dans le Nord-Ouest, 30 des 555 écoles ont rouvert leurs portes. Sur plus de 55.000 élèves qui devaient être scolarisés, 1.299 étaient présents au jour de la rentrée.

Ces chiffres sont le résultat du mot d’ordre de boycott de l’école pendant 14 jours lancé par les sécessionnistes. Mais, nul doute qu’ils augmenteront, progressivement, dans les prochains jours. Non seulement, après la fin du boycott des sécessionnistes, mais aussi, grâce aux mesures de sécurité supplémentaires que prennent les autorités, pour minimiser l’effet « peur » que les sécessionnistes exercent sur les parents.

On sait que le gouvernement a renforcé, ces dernières semaines, des effectifs des forces de défense et de sécurité, pour sécuriser les élèves, enseignants et personnels éducatifs, dans les établissements scolaires, ainsi que, dans leur environnement. Mais, ce qu’on a noté, par exemple, lundi, 2 septembre, à Bamenda, c’est qu’un coup de feu tiré par un individu (qui pouvait être sécessionniste ou non) suffisait à dissuader beaucoup de parents d’envoyer leurs enfants à l’école, et aux citoyens de vaquer à leurs occupations.

Les sécessionnistes étant des Camerounais normaux qui n’affichent aucun signe distinctif apparent, certains se comptent parmi les habitants des quartiers, avec la réputation qu’ils sont des citoyens normaux le jour et ambazoniens (terroristes) la nuit tombée. C’est la raison pour laquelle, ces dernières semaines, l’Etat a beaucoup travaillé avec les chefs traditionnels et les représentants des églises pour les convaincre du caractère sacré de l’école pour un pays et pour les enfants.

Afin d’assurer la communauté éducative dans ces deux régions perturbées, les autorités (outre les forces de défense et de sécurité en grand nombre) ont pris plusieurs mesures dont la mise sur pied de comités de vigilance et la sécurisation des établissements scolaires. Une stratégie qui donne de bons résultats dans la province de l’Extrême-Nord où toutes les écoles fermées, il y a quelques années, à cause des exactions de Boko Haram ont, toutes, été ré-ouvertes pendant cette rentrée scolaire. Il va donc sans dire que la stratégie du gouvernement ne pourra être payante que sur le long terme. Cependant, l’ambition affichée, c’est de ne laisser aucune école fermée, pendant cette rentrée, sauf si celle-ci avait été détruite ou transformée en un camp de réfugiés.

C’est au mois d’octobre qu’on pourra dire combien d’écoles sont restées, totalement, fermées : l’année scolaire passée, l’UNICEF avait dénombré 4.400 écoles fermées, forçant près de 600.000 élèves à aller voir ailleurs.

Pour cette rentrée, le président, Paul Biya, a demandé que tous les établissements publics, notamment, dans les villes de Yaoundé et de Douala, soient ouverts aux enfants venant du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, sans autre forme de procès. Quand un enfant se présente à un chef d’établissement public (francophone, anglophone ou bilingue), qu’il soit (gratuitement) accueilli et que la solution soit trouvée pour répondre à ses besoins. D’autre part, il a été demandé aux familles camerounaises qui le souhaitent d’accueillir des enfants anglophones en leur sein, au nom de la solidarité nationale, ce qui se faisait, déjà, depuis quelques mois.

Cette fois, la demande émane du chef de l’Etat, qui veut éviter que certains élèves anglophones (démunis) entament une troisième année sans aller à l’école.

Tout le monde semble jouer le jeu en acceptant de mettre l’école et les enfants en dehors des contingences politiques. L’implication des églises, notamment, de l’église catholique dans la partie anglophone et son appel à laisser les enfants aller à l’école, sans oublier, celle des chefs traditionnels, généralement, proches des populations, ce qui n’était pas le cas les deux dernières années, est de nature à encourager le retour progressif de l’école dans cette partie du Cameroun.

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