CEDEAO : Recherche de la crédibilité perdue

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La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est à un tournant de son existence. Critiquée par certains pour son mutisme face aux coups d’état institutionnels perpétrés pendant des années par ses pays membres, et fustigée par d’autres pour son radicalisme face aux récents coups d’états militaires, l’organisme sous-régional est conscient qu’il ne fait plus l’unanimité.

Alors que plusieurs voix s’élèvent depuis des mois pour demander ouvertement sa refonte, voire, sa dissolution, la CEDEAO a peut-être encore l’opportunité de regagner en crédibilité auprès des populations résidant dans sa zone d’influence. En effet, en s’impliquant dans la lutte contre le terrorisme, l’organisation ouest-africaine démontrerait que son action va bien au-delà de la sphère politique, car jusqu’à preuve du contraire, l’extrémisme violent reste l’ennemi commun de tous les pays de la sous-région.

Interpellée d’ailleurs à ce sujet, d’une part, par le président du Ghana, Nana Afuko-Addo, lors d’un discours tenu récemment à Washington DC sur la nécessité d’agir au niveau régional contre la menace terroriste, et, d’autre part, par le ministre nigérien de l’Intérieur, le général, Mohamed Boubacar Toumba, à l’occasion du Forum Paix et Sécurité de Lomé de ce weekend, la CEDEAO ne peut plus faire la sourde oreille.

Ayant étalé toute son appétence pour la guerre, au vu des menaces d’intervention militaire proférées aux putschistes nigériens, l’organe sous-régional devrait, avant toutes choses, s’atteler à combattre les terroristes qui sévissent quotidiennement au sein de ses Etats-membres. Ce n’est qu’en contribuant activement à la sécurisation des peuples ouest-africains, qu’elle pourra, dans une certaine mesure, se voir octroyer le droit de s’ingérer dans les environnements politiques internes. 

Un début d’action serait, par exemple, de solliciter plus de financements auprès de l’Occident pour accompagner les efforts de lutte anti-terroriste. Selon Nana Afuko-Addo, l’aide accordée à la CEDEAO par tout le bloc occidental (Etats-Unis, UE et Angleterre) depuis le début de la guerre en Ukraine est de 29.6 millions d’euros, contre plus de 73 milliards de dollars versés par Joe Biden à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky.

La CEDEAO tient son destin entre ses mains et ne peut compter sur personne. Jouera-t-elle sa partition sur le plan sécuritaire en Afrique de l’Ouest, ou se laissera-t-elle mourir jusqu’à sa disparition totale ?

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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