Le Rwanda va sortir de la Communauté des Etats d’Afrique centrale (CEEAC). Membre fondateur de cette organisation sous-régionale, Kigali confirme son statut d’intermittente puisqu’elle avait déjà claqué la porte en 2007, avant de revenir huit années plus tard. Relativement peu concerné par les dossiers de la CEEAC, le Rwanda ne manquera à personne au sein du bloc, excepté peut-être le Congo-Brazzaville, avec qui il entretient de solides relations bilatérales aux desseins questionnables.
Au cours du 26ème Sommet de la CEEAC, le Rwanda a été informé qu’il n’assurerait pas la présidence tournante du bloc, contrairement, au calendrier qui avait été arrêté. En cause, son invasion avérée de la RD Congo, qui a donné lieu à une pluie de condamnations à l’international. Malgré sa vocation première à œuvrer pour l’intégration économique et monétaire entre ses membres, le bloc d’Afrique centrale a pris ses responsabilités et infligé des sanctions disciplinaires au Rwanda, tenant ainsi compte du plaidoyer de la partie rdcongolaise (sur notre photo, les participants au Sommet de la CEEAC où Paul Kagame brille par son absence très remarquée).
En clair, tant que la situation au Nord-Kivu n’est pas résolue, la Guinée équatoriale continuera de présider le bloc. N’ayant rien vu venir, Paul Kagame a réagi au quart de tour et annoncé la fin de l’adhésion de son pays. En étant aussi impulsif, il fait preuve de manque de fairplay, alors que l’année dernière, c’est son homologue, Félix Tshisekedi, qui menaçait de se retirer de la Communauté d’Afrique centrale (CAE), en réaction à l’inertie des membres face aux multiples actes d’ingérence rwandaise en RD Congo. Ses menaces n’avaient plus été mises à exécution.

La frustration de Paul Kagame est donc compréhensible, et prouve, notamment, que le doute a changé de camp au cours de ces derniers mois. L’isolation du Rwanda sur la scène internationale étant devenue une réalité, Kagame espérait vraiment pouvoir se servir de la CEEAC comme tremplin pour rebondir auprès des partenaires étrangers. Mais, sa décision de claquer la porte est encore plus surprenante que celle prise par l’organisation, que peu d’observateurs avaient d’ailleurs anticipé. Le courage de la CEEAC inspirera-t-il la CAE et la SADC ?
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)