CENTRAFRIQUE : Augmentation inquiétante de la consommation de viande de brousse

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La consommation de viande de brousse a considérablement augmenté en Centrafrique. Elle représente un apport en protéines non négligeable, de l’ordre de 60 % à 80 %. On estime qu’entre avril et août, 45 % de la population centrafricaine va être confrontée à une crise alimentaire aiguë élevée.

La Centrafrique est toujours la proie de milices armées qui sèment la terreur parmi la population. Des mines antipersonnel particulièrement meurtrières sont enterrées aux abords des routes et des pistes menant aux champs. Les mauvaises récoltes qui en résultent sont la cause principale de la rareté et de la cherté des produits alimentaires de première nécessité.

De plus, si la viande de brousse est surtout consommée par les communautés rurales, elle est également très recherchée par les citadins qui l’assimilent à un mets de luxe, à un produit à la mode (sur notre photo, trois Centrafricains portent le python de Seba qu’ils ont tué et qui va faire l’objet d’une petite fête au village à leur retour).

De plus, la viande de boeuf est plus chère que la viande de brousse, les éleveurs peuls, victimes de vols et d’exactions, ayant des difficultés à circuler sur le territoire.

S’agissant d’un secteur informel, il est difficile d’avancer des chiffres fiables sur les conséquences dommageables de l’augmentation de la consommation de la viande de brousse sur la faune sauvage.

Néanmoins, les populations pygmées constatent une diminution de la population des oiseaux et des mammifères dans les zones traditionnelles de chasse. La chasse coutumière pratiquée par les pygmées avait peu d’impact sur la faune. Les chasseurs pygmées semi-nomades se déplaçaient lorsque le gibier venait à manquer et évitaient de chasser lors des périodes de reproduction . Les outils traditionnels de la chasse – arc, sagaie, filet – permettaient de ne pas tuer ou blesser inutilement les animaux.

Aujourd’hui, la demande augmentant, les braconniers, les pygmées eux-mêmes pratiquent la chasse toute l’année, en utilisant des câbles en nylon ou en acier pour les pièges et des fusils de chasse.

Cette chasse brutale, désordonnée et intensive donne lieu à des charniers de gibiers.

Les associations de protection de la faune sauvage assistent impuissantes à ce phénomène, tout en les dénonçant avec force. La Centrafrique reste un des pays les plus dangereux pour les humanitaires et les ONG. Il est difficile de se déplacer car les pistes non entretenues sont impraticables.

L’Etat centrafricain est, quant à lui, incapable de faire face à la situation. Les autorités locales sont souvent complices de cette chasse particulièrement lucrative. Des complicités existent à un plus haut niveau.

Patrick David

Docteur en droit

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