GAMBIE : La Guinée équatoriale extradera-t-elle l’ex-président Yahya Jammeh à des fins de jugement ?

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Les crimes présumés commis en Gambie sous le régime de Yaya Jammeh ne resteront pas impunis. Mercredi, 25 mai, le gouvernement gambien s’est dit prêt à faire juger l’ex-président en Gambie. Banjul a endossé dans un livre blanc les différentes accusations établies par la commission mise en place pas pour faire la lumière sur les crimes commis pendant les 22 ans du règne de l’ancien président. Yahya Jammeh, lui, est devenu citoyen équato-guinéen, qui ne s’occupe plus, pour le moment, de la politique en Gambie. Fermier de son état, il entretient de vastes plantations dans les faubourgs de Malabo où il passe l’essentiel de ses journées avec ses ouvriers agricoles. D’autre part, il n’existe aucune convention d’extradition entre la Gambie et la Guinée équatoriale. La vraie question à ne pas éluder est que le président et homme d’affaires, Adama Barrow, venu pour faire une transition de quelques années avant de repartir retrouver son monde des affaires, s’est fait réélire en 2021 et semble, maintenant, se lancer dans la politique, ce qui n’avait pas été convenu auparavant. Du coup, il n’est pas anormal de chercher des poux dans la tête de Jammey qui, de son lieu d’exil, n’ennuie personne. En lançant une certaine croisade contre lui, le pouvoir à Banjul essaie de détourner l’attention des populations.

Soixante-dix personnes pourraient être poursuivies selon le rapport de la Commission vérité et réconciliation. Des accusés qui occuperaient encore des fonctions au sein de l’administration publique.

 » Nous savons que certaines personnes qui avaient été citées dans le rapport de la commission, continuent à servir dans les différents secteurs des services publics et de la sécurité. Le gouvernement va prendre des mesures pour les suspendre immédiatement de leurs fonctions. Pendant que nous travaillons sur des moyens légaux pour prononcer leur licenciement, leur cessation d’activité, leur mise à la retraite obligatoire, selon les cas.’’, explique Dawda Jallow, ministre gambien de la justice.

Exécutions extrajudiciaires, viol, torture, disparitions forcées et nombreuses autres violations graves des droits de l’Homme, entre 240 et 250 personnes mortes entre les mains de l’Etat et de ses agents. Les victimes de l’ère Jammeh attendent toujours que justice leur soit rendue (sur notre photo Yahya Jammeh cultive dans sa ferme comme si de rien n’était). Cette sortie du gouvernement constitue pour elles un début de soulagement.

« La tâche la plus importante maintenant, c’est de veiller à ce que les recommandations soient respectées, appliquées, et non pas mises de côté comme ailleurs », a souligné Fatoumatta Sandeng, porte-parole d’une coalition d’associations de victimes dont le père, un opposant, est mort en 2016 après avoir été arrêté et torturé.

Cinq ans après, les lignes semblent bouger. Un parquet et un tribunal spéciaux seront créés, a annoncé le gouvernement gambien.

« Je pense que le ministère a vraiment intégré les idées des victimes dans le livre blanc. Ce qui m’a également frappé, c’est que les auteurs de crimes qui occupent encore des fonctions publiques feront l’objet d’une enquête et s’ils sont reconnus coupables, ils seront licenciés, ce qui est une très bonne chose car les victimes disent à maintes reprises qu’elles continuent de voir leurs auteurs dans les mêmes institutions et parfois même dans la rue.’’, a déclaré Ayesha Jammeh, fille d’une victime.

Reste à obtenir l’extradition de l’ancien président exilé en Guinée équatoriale depuis 2017. La Gambie et la Guinée équatoriale n’étant pas liées par des accords d’extradition. Et puis, Yahya Jammey est devenu un citoyen équato-guinéen, qui jouit des pleins droits de sa nouvelle citoyenneté.

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