CENTRAFRIQUE : L’ improbable dialogue républicain (sous le prestidigitateur Touadéra)

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Le dialogue avec l’opposition non armée et la société civile annoncé par le président, Touadéra, a pris par surprise l’ensemble de la classe politique centrafricaine et des observateurs de la vie politique centrafricaine. Certains l’ont appris par la radio. Une stratégie qui porte les germes de son échec prévisible.

Promis par le chef de l’Etat centrafricain, il y a 15 mois, le » Dialogue Républicain  » a été, à plusieurs reprises, reporté en raison de la menace des milices armées menées par l’ancien président, François Bozizé, de marcher sur la capitale et de renverser le gouvernement en place.

L’opposition avait accueilli cette promesse d’ouverture avec beaucoup de scepticisme et peu d’empressement

.L’objectif affiché, aujourd’hui, par le président centrafricain est de construire en concertation avec l’ensemble de la classe politique et des personnalités de la société civile un projet destiné à restaurer la paix et la sécurité dans un pays affecté par plus de huit ans de violences extrêmes.

La Centrafrique est devenue un des pays les plus pauvres du monde et la moitié de sa population souffre de malnutrition chronique sévère.

Cinq thématiques vont être proposées aux 450 ou 500 participants attendus : Paix et sécurité, gouvernance politique, renforcement démocratique et institutionnel, développement économique et social.

Si l’objectif est louable, il est cependant porté par un chef de l’Etat fragilisé au plan national – il a perdu la confiance d’une grande partie de la population – et dont la réputation est fortement dégradée au plan international.

Le président centrafricain a été réélu alors que moins d’un électeur sur trois n’a eu la possibilité de voter, en raison du climat d’insécurité entretenu par les milices.

Par ailleurs, suite à la menace des milices de marcher vers la capitale, le président, Toudéra, affolé, ne faisant que modérément confiance à la MINUSCA ( Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation en Centrafrique ) mise en place par la communauté internationale, s’est résolument tournée vers la Russie.  Il fait preuve d’une grande indulgence à l’égard des sulfureux mercenaires de la Société Wagner, fermant pudiquement les yeux sur les suspicions d’atteintes graves aux droits humains qui pèsent sur eux.

Le président, Touadéra, en prenant l’initiative du dialogue national qui doit se tenir du 21 au 27 mars 2022 va-t-il vers un vers nouvel échec ?

Pour certains, l’ouverture du dialogue républicain ne serait qu’une manoeuvre politique, voire, un prétexte. Elle serait destinée à satisfaire une des conditions émises par les bailleurs et à redorer l’image d’un chef de l’Etat dépassé par le chaos qui frappe son pays.

Le président centrafricain est le chef d’un Etat fantôme, d’un Etat failli, tête de pont de la Russie.

Qui détient la réalité du pouvoir en Centrafrique ?  Le président centrafricain ou son puissant allié ? 

C’est une question qu’on peut très légitimement aujourd’hui se poser .

Patrick David 

Docteur en droit 

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