CENTRAFRIQUE : Pourquoi la France change de discours face à la Russie

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Ils n’arrêteront jamais de nous étonner les Gaulois. Après avoir attaqué la Russie d’avoir utilisé à d’autres fins la résolution onusienne qui l’autorisait à livrer des armes au Centrafrique, la France, après avoir constaté que la Russie faisait la sourde oreille à ses remarques, change, aujourd’hui, de fusil d’épaule. La sortie de la ministre française de la Défense, Florence Parly, est plus conciliante, constructive et montre une volonté de coopération et non de confrontation.

La ministre française des Armées Florence Parly (sur notre photo avec sa collègue ministre de la Défense du Centrafrique Marie-Noëlle Koyara) a évoqué, mardi, 11 décembre, à Bangui, « la contribution positive » de la Russie en Centrafrique qui doit, cependant, s’inscrire dans l’initiative africaine pour la paix dans ce pays en conflit depuis 2012.

Le rapatriement du contingent français, malgré les supplications du président, Faustin Archange Touadéra, avait eu des conséquences catastrophiques dans le pays qui peine à se relever. De trois départements où on comptait la présence des miliciens, avant ce départ, on est passé à quatorze dans un pays où on compte seize départements en dehors de la capitale Bangui. L’arrivée du concours de la Russie a constitué un bol d’air frais pour le pouvoir en place qui ne tenait plus qu’à un fil. Par la suite, le président n’a pas réfléchi de midi à quatorze avant de céder la gestion de sa sécurité personnelle à la Russie, ce que ne semble pas du tout apprécier la France. Celle-ci pouvait s’attendre à tout en Centrafrique sauf à l’arrivée (impromptue) de la Russie qui peu à peu commence à prendre ses quartiers en Afrique. En Centrafrique où elle s’intéresse aux mines et à la forêt, elle a réanimé l’élection de Miss Centrafrique dont on ne parlait plus. C’est dire que le pays revit : on a pu voir défiler une douzaine de jeunes et belles Centrafricaines aux cuisses (interminables) comme on n’en voyait plus depuis de lustres. Grâce à Poutine et Compagnie. La France avait intérêt à très vite changer d’attitude.

« Ce qui est important, c’est que l’aide apportée notamment par la Russie puisse respecter les règles qui sont posées au niveau de la communauté internationale et par les Nations-Unies », a déclaré Françoise Parly lors d’un point de presse.

Selon elle, « il est important également que cette contribution positive qu’un certain nombre de pays, parmi lesquels la Russie, apportent, puisse s’inscrire dans l’initiative africaine de paix qui est soutenue par l’UA », a-t-elle ajouté.

« La France est très attachée (..) à ce que cette aide puisse être coordonnée avec l’aide apportée par la communauté internationale », selon la ministre d’Emmanuel Macron.

Simplement, cette fameuse initiative de l’Union africaine marque le pas. On ne sait même plus où elle en est. La soutenir alors qu’elle est inefficace n’est pas de nature à convaincre la Russie d’y adhérer même si dans un langage diplomatique, le président Touadéra dit à qui veut l’entendre qu’il n’existe pas d’initiative parallèle et que celle de la Russie (même via le Soudan et le Soudan du Sud) respecte celle de l’Union africaine et s’inscrit dans ses principes.

En quelques mois, la Russie a investi tous azimuts dans cette ancienne colonie française, formant 2.000 soldats et les aidant à se déployer dans certaines localités reculées du Nord, du Centre ou du Sud-Est.

Autre argument qui pousse Paris à changer de discours : elle aurait noté que la Russie y a envoyé 170 instructeurs civils, en réalité, des mercenaires, étroitement liés à des sociétés minières russes. Mais, en réalité, ces instructeurs avoisineraient, plutôt, 400 personnes. Soit plus du double. Il y a de quoi inquiéter la France dont le président a, vraiment, autre chose à faire, en ce moment.

La France qui, pour la première fois, déclare soutenir la levée (totale) de l’embargo contre les armes en Centrafrique, a livré 1.400 armes au Centrafrique. Un début certes intéressant mais encore loin du compte dans la mesure où une armée comme celle du Centrafrique ne peut guère, convenablement, fonctionner avec 1.400 fusils. Il en faut beaucoup plus.

Arrivée lundi soir, à Bangui, François Parly a, par ailleurs, tenu à « couper court à une mauvaise rumeur » sur la présence de la France en Centrafrique : « La France n’est pas partie, la France est toujours présente sur différents terrains, militaire, diplomatique et sur le plan du développement (…) La France est là (en Centrafrique, ndlr) et elle le restera ».

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