Le Hors Série d’Afrique Education sur » Les Chantiers de Paul Biya » est enfin disponible chez vos marchands de journaux habituels. De tous les secteurs passés en revue, deux ont particulièrement attiré ma modeste attention : la diplomatie et la lutte contre le sida.
Secteur où le chef de l’Etat, Paul Biya, a obtenu des succès notables ces derniers mois, la diplomatie camerounaise est pourtant restée à l’image de son Chef : discrète mais d’une redoutable efficacité. En effet, le président n’aime pas crier ses succès diplomatiques et politiques sur tous les toits.
S’il évite d’humilier ses adversaires en adoptant une telle attitude, c’est sans doute parce que son éducation conjuguée à sa façon de considérer les choses de la vie, l’aide à réussir, aujourd’hui, là où beaucoup lui prédisaient un échec.
Je donne deux exemples au hasard.
Si les Camerounais avaient eu un autre dirigeant au Palais d’Etoudi, je pense – sincèrement – que le pays des Lions indomptables serait actuellement en guerre (totale) contre le très bouillant et turbulent Nigeria.
Partant du fait que même le vainqueur d’une guerre est également perdant à divers niveaux (hommes, matériels, biens, etc.), l’armée camerounaise qu’on dit performante ne serait pas sortie indemne d’une confrontation avec celle du Nigeria qui aligne au bas mot, six fois plus d’effectifs.
Mais refusant de faire couler le sang de ses soldats, Paul Biya a organisé la défense des intérêts de son pays de façon très habile au point d’avoir grâce à la diplomatie et au droit international, ce qu’il aurait pu obtenir de son voisin en lui imposant une (ruineuse) guerre. Par un arrêt du 10 octobre 2002, en effet, la Cour internationale de justice de la Haye a restitué la totalité de la presqu’île de Bakassi à l’Etat du Cameroun.
Le deuxième exemple (il y en a d’autres) que je voudrais vous faire partager est sa clairvoyance diplomatique dans la gestion du conflit irakien. En homme politique averti, il avait refusé de s’aligner, comme Paris le lui demandait (assez grossièrement d’ailleurs), derrière la position du président Jacques Chirac, ce qui ne veut pas dire qu’il était pro-Bush dans ce conflit.
Même en dînant avec lui, à la Maison Blanche, le jour où la fameuse résolution sur l’Irak devait être votée au Conseil de sécurité, le président camerounais a su garder son indépendance, forgeant du coup le respect de ses interlocuteurs américains et français. Les Camerounais lui en savent-ils suffisamment gré ? J’en doute fort.
Parlons maintenant du sida, un autre domaine où la politique de Paul Biya sort de l’ordinaire. Première cause de mortalité en Afrique, le sida affecte environ 11% de Camerounais. Avec le vagabondage sexuel qui est un véritable sport national dans ce pays, ce taux devrait être nettement plus important, sans l’implication directe de la première dame, Chantal Biya.
Grâce à l’indéfectible soutien de son époux sans qui rien n’eût été possible, Chantal Biya a fait, avec succès, de la lutte contre le sida, une affaire – rigoureusement – personnelle. Preuve que rien ne lui résiste, elle a réussi à réaliser ce que personne au monde n’avait pu faire jusque-là : réunir côte à côte, dans la capitale camerounaise, en novembre 2002, dans le cadre du lancement des activités de l’ONG panafricaine Synergies Africaines qui est l’organe continental qui lutte contre cette pandémie et dont elle est la présidente en exercice, les deux co-découvreurs du sida, à savoir, le Français Luc Montagnier et l’Américain Robert Gallo. Ces deux savants qui se tiraient dessus par médias interposés quelques mois auparavant, se sont retrouvés bras dessus bras dessous, comme de vieux copains, chez Chantal Biya. Les deux sommités scientifiques ont, par conséquent, et le plus naturellement du monde, donné leur accord pour oeuvrer aux côtés des premières dames d’Afrique, à l’éradication de cette maladie qui fait des ravages sur le continent. Même si les Camerounais sont naturellement grincheux (je ne sais qui les rendra un jour réellement heureux), ils devraient être fiers d’avoir une première dame qui se soucie beaucoup de leur bien-être quotidien alors que rien ne l’y oblige.
Ces deux secteurs pris au hasard montrent que le président Paul Biya, à son niveau, fait ce qu’il faut pour tenir le rang de son pays en Afrique et dans le monde. Reste à savoir si les autres Camerounais, notamment, les ministres du gouvernement, suivent son exemple ? Je crois malheureusement que non.
Chaque Camerounais (ministre, directeur général, haut fonctionnaire ou paysan) devrait pourtant se demander quelle est sa part de contribution réelle à l’édification de son pays au lieu de toujours s’interroger sur ce que le Cameroun fait pour lui. Car le » triangle équilatéral » (d’autres diront le haoussa agenouillé) qu’est le pays de Paul Biya, n’est que le reflet de ce que nous en faisons. Autrement dit, chaque Camerounais forme un morceau du Cameroun. Et dès lors que les Camerounais intègrent l’équation de l’unité, de la solidarité et de l’obéissance à l’autorité, ils deviennent invincibles. L’équipe nationale de football des Lions indomptables est là pour le démontrer.