LE RWANDA DE HABYARIMANA A KAGAME.

Date

L’assassinat du président Juvénal Habyarimana en 1994 reste un mystère. Non élucidé, il reste pour certains observateurs l’élément déclencheur de la guerre civile qui a conduit au génocide. Et si l’actuel président Paul Kagamé avait ordonné le tir du missile qui a détruit le Falcon 50 à bord duquel avaient pris place les présidents rwandais et burundais ? On sait que les assassinats ont commencé à partir du moment où le pouvoir hutu a pris connaissance de l’assassinat de son chef, Habyarimana. L’ancien procureur Carla Del Ponte qui avait décidé d’enquêter sur ces accusations a très vite été dessaisie de ce dossier. Kofi Annan, pressé par Kigali, n’a pas souhaité qu’elle aille fouiner dans les affaires du FPR de Kagamé. Le prétexe donné pour l’écarter a été son manque de temps. A sa place, il a été désigné un successeur facilement manipulable. C’est dommage.
Nous vous faisons vivre deux points de vue contradictoires sur cet acte ignoble : un extrait de l’ouvrage « Le chapelet et la machette : sur les traces du génocide rwandais » de Camille Karangwa, qui dénonce cette folie des hommes , et « Les secrets du génocide rwandais : enquête sur les mystèmes d’un président » de Charles Onana, qui met directement en cause le président Paul Kagamé.

I) Ceux qui soutiennent que les tutsi ont été victimes du génocide
LE CHAPELET ET LA MACHETTE
Sur les traces du génocide rwandais (Morceaux choisis)
Neuf ans après le génocide rwandais de 1994 qui coûta la vie à plus d’un million de tutsis, beaucoup de gens ne comprennent pas encore ce qui s’est réellement passé et s’imaginent mal comment l’ethnie majoritaire hutu en est arrivée à décider d’exterminer l’ethnie minoritaire tutsi. Cela est d’autant plus pertinent si l’on sait que les deux ethnies ont longtemps bien cohabité et qu’ils partagent une même culture, une même langue, les mêmes problèmes quotidiens.
Une autre question qui revient souvent est celle portant sur le rôle de l’église dans cette tragédie. Où était-elle en ce moment ? Qu’est-ce qu’elle a fait dans ce pays qui était christianisé à 90% ? Le cas du tristement célèbre l’Abbé Wenceslas Munyeshyaka, les procès récent de deux religieuses en Belgique,des prêtres détenus dans différentes prisons du Rwanda, ceux recherchés par le Tribunal pénal international sur le Rwanda basé en Tanzanie. Tout cela reflète malheureusement la piètre image d’une église qui fête son centenaire.
Il est regrettable de voir que certaines personnes nient toujours ou minimisent sciemment le génocide rwandais. Cela déroute tout le monde et porte un coup dur au Rwanda qui lutte actuellement pour sa reconstruction globale. Il est évident qu’il ne peut pas y arriver sans passer par certains principes dont la recherche de la vérité et la justice.
Tels sont d’ailleurs aussi les deux grands thèmes du livre « Le chapelet et la machette ». Celui-ci retrace les débuts du génocide au Rwanda où les dirigeants prennent comme prétexte la mort du président Juvénal Habyarimana pour appeler les hutu à massacrer leurs voisins tutsi. Une autre grande institution qu’est l’église oublie sa véritable mission et s’embourbe aussi dans ces actes ignobles.
Ainsi émergent deux figures de proue qui dominent le livre. D’une part, le père Dominique, un missionnaire belge qui encourage les chrétiens à perpétrer le génocide et fuit le pays à l’approche des combattants du Front patriotique rwandais. Il sera plus tard poursuivi par le Tribunal international pour le Rwanda. D’autre part, Célestin, chrétien respectable, directeur d’un centre scolaire, président du parti MRND dans son secteur qui conduit la population au génocide. Il regrettera cependant ses actes et décidera de dire toute la vérité et de coopérer avec la justice rwandaise.
« Le chapelet et la machette » est ainsi donc un livre qui s’inspire entièrement du génocide rwandais de 1994 et qui traite une matière que les uns considèrent à tort comme un sujet tabou. Il décrit des réalités rwandaises pendant et après le génocide.
Les personnages sont desprototypes des gens qui ont existé ou qui vivent encore aujourd’hui. Tant il est vrai, ce ne sont ni les noms de personnes ni ceux des lieux qui importent. On ne saurait d’ailleurs pas les énumérer tous si on s’y hasardait. L’essentiel est que l’on sache qu’ils sont là pour nous aider à mieux nous représenter ce qui s’est réellement passé durant l’hécatombe rwandaise de 1994 et dans les années qui ont suivi.
Les faits que nous relatons vont certainement émouvoir ceux qui n’ont pas vécu de telles atrocités. Ce n’est pourtant pas ni le goût de la fiction ni la caprice de l’imagination. C’est la triste vérité que nous devons connaître et reconnaître.

Chapitre 5

Le coup de renvoi était donné. Tout le monde courut chez lui pour prendre une arme; qui une machette; qui une hache; qui une lance ; qui une grenade… La grande besogne allait commencer. L’heure était à la gloire. L’occasion était bonne pour prouver à son pays qu’on l’aime et qu’on est prêt à tout faire pour lui.
Chapelet au cou, machette à la main, Célestin marchait devant cette immense masse qui partait à l’assaut. Après la mort de Stanislas, il avait décidé de prendre les choses en main. Personne n’avait osé s’opposer à cette auto-proclamation. Il était l’homme de la situation. Ne l’avait-il pas déjà assez prouvé ?

La tâche était d’autant plus facile car on savait déjà qui était tutsi et qui ne l’était pas. Tout le monde connaissait tout le monde. Même ceux qui avaient falsifié leurs cartes d’identité et prétendaient être des hutu devaient y passer. Seuls pouvaient être épargnés les vrais hutu ! En cas de doute sur l’un ou l’autre qui n’était pas natif de la région, on devait soit mesurer la largeur du nez en insérant les doigts soit compter le nombre des côtes. Une fois démasqué, le tricheur subissait toutes sortes de tortures avant de mourir.
Les pauvres tutsi n’opposaient aucune résistance. Ils ne pouvaient rien contre cette populace massacreuse. Ils étaient voués à la mort. On devait tuer tout le monde y compris les infirmes, les malades mentaux, les nouveaux nés, les vieillards… Il ne fallait pas commettre la même erreur qu’en 1939 et 1973. Il fallait plutôt en finir une fois pour toutes.
Les élèves de Célestin qui pensaient naïvement qu’il allait les épargner moururent l’étonnement dans les yeux. Ils pleurèrent, implorèrent son pardon mais ils les ignora complètement. Le temps n’était plus au pardon monsieur de la classe. La patrie avant tout !

En si peu de temps, Gasenyi fut mis à feu et à sang. On brûla les maisons, on tua les gens et les bêtes. La même machette qu’on utilisait pour tuer les gens servait aussi pour égorger une vache ou un mouton. C’était tout un mélange de sang. On se serait crû dans une boucherie. Des cris fusaient de partout. Les enfants qui pleuraient, les vaches qui beuglaient, les chiens qui aboyaient… On aurait dit les tribulations marquant la fin du monde.
Et si les criminels jubilaient ! Ils avaient de quoi être fiers : la perspective de s’emparer des terres et des pâturages de leurs victimes les émerveillait. Ils allaient enfin récupérer leur chère terre. Cette terre de leurs ancêtres que les intrus avaient malicieusement confisquée. Ils entamaient alors leur chanson favorite « iyi si n’ibiyirimo byose ni iby’abahutu » (1). Ils clamaient haut le nom de Célestin, le vrai fils de Gasenyi, le libérateur !

Et la chasse aux survivants ne s’arrêtaient pas. Quelqu’un leur avait rapporté qu’un groupe de tutsi avait pu s’enfuir à la paroisse de Rukingu. Célestin leur dit alors : « Gens de Gasenyi, ne vous inquiétez pas. Nous les avons toujours ces fils de chien. Ils ne nous échapperons pas . Je connais assez bien le père Dominique. Il n’attend que nous pour nous les livrer. Tout ce que je vous demande, c’est d’y aller poliment et tranquillement. La paroisse est un lieu saint. C’est une maison de Dieu, une demeure de la Vierge Marie. Je vais parler au père Dominique et tout ira bien ».
Tous applaudirent en s’exclamant : « Toi tu es un homme. Tu sais même parler aux blancs ! Nous te faisons totalement confiance ».
Dans moins de dix minutes, ils étaient déjà à la paroisse. Les tutsi étaient rassemblés dans la petite chapelle. Habillé de sa longue soutane, le père Dominique faisait des va et vient, sa bréviaire à la main. Quand il vit Célestin et son équipe, il vint à sa rencontre, lui sourit et le prit à l’écart :
– Viens mon fils, je crois que j’ai une bonne surprise pour toi. J’ai un groupe de fuyards et je ne sais pas ce que je dois faire d’eux.
– Mais c’est pour eux que nous venons justement, où sont-ils, mon père ?
Le père Dominique lui fit signe de le suivre et le conduisit dans la chapelle où les tutsi étaient occupés à prier. La venue de Célestin les interrompit. Ils comprirent que le messager de la mort était arrivé. Les femmes accoururent au père Dominique et lui demandèrent de le sauver, les enfants vinrent se cacher dans sa soutane, mais il les regarda avec mépris et leur ordonna de retourner à leur place. Les homems, calmes et passibles, regardaient sans rien dire. Ils avaient bien compris que le père Dominique avait offert de les cacher pour ensuite les livrer à leurs tueurs. Ce dernier n’osait plus les regarder dans les yeux. Il fuyait leurs regards.
Il dit néanmoins avant de sortir : « Acceptez courageusement la punition que vous méritez. Dieux lui-même a décrété votre mort, et moi qui ne suis que son simple représentant, je n’y peux rien changer. Souvenez-vous de la mort d’Ananias et Saphira ; ils ont menti à leurs frères, ont joué un double jeu et la colère de Dieu s’est abattue sur eux. De même vous, vous avez trahi votre chère patrie. Vous avez osé lever la main sur le président Juvénal. Vous avez affaire à Dieu lui-même. Ignoriez-vous qu’il avait été désigné par Dieu ? Au fait, tout le pouvoir vient de Dieu et il protège ceux qui l’exercent. Vous avez commis un sacrilège. Aucune indulgence n’est plus possible ».
A ces mots, il sortit rapidement de la chapelle, fit un signe d’encouragement à la foule amassée à l’entrée et alla s’enfermer dans sa chambre. Il venait de terminer son devoir.
Les tueurs avaient déjà encerclé la chapelle. Personne ne devait s’échapper. Même les fénêtres étaient gardées. Alors la machette prouva encore une fois son efficacité. Ce fut une question de minutes. Les tueurs étaient d’ailleurs plus nombreux que les victimes. Les livres saints, les statues de Jésus et de la Vierge Marie, les images du chemin de la croix… furent imbibés du sang des enfants de Dieu. Leurs corps furent même abandonnés là. A cet endroit même où ils avaient passé es années à prier et à louer le Seigneur. C’est là où ils avaient reçu tous leurs sacrements et avaient attentivement suivi les homélies du père Dominique. Oui, c’est à cet endroit même où ils devaient mourir abandonnés par tous, par leur curé et par leur Dieu.

« Le chapelet et la machette : Sur les traces du génocide rwandais », par Camille Karangwa
Editions du Jour PO Box 13382 The Tramshed 0126 Pretoria (South Africa)
Tel. 0027. 12. 326.64.54 Fax. 0027. 12.326.64.56 Mel : camijour@yahoo.com

(1) Cette terre et tout ce qu’elle renferme appartiennent aux hutu


II) Ceux qui soutiennent que les tutsi ont téléguidé le génocide

LES SECRET DU GENOCIDE RWANDAIS
Enquête sur les mystèmes d’un président
Etrange « accident », que cet avion abattu du président Juvénal Habyarimana ! Personne ne veut en entendre parler aussi bien à l’ONU qu’au FPR. Quand on évoque l’idée d’une enquête internationale, le poil se dresse chez l’une, le malaise s’installe chez l’autre. Du coup, on se demande s’il ne vaut pas mieux changer de sujet. Les interlocuteurs que nous avons rencontrés nous ont constamment dit : « C’est dangereux, c’est dangereux, c’est très dangereux ». Une façon de nous faire comprendre que ce n’était pas un sujet de plaisanterie pour des journalistes… Tout se passe comme si le Falcon 50 atteint par un missile non « identifié » en avril 1994 était devenu un tabou, voire une affaire classée dans le registre des mystères africains. Cette vision des choses s’explique non seulement par l’importance des intérêts en jeu mais aussi par les énormes fautes commises et par les probables implications, dans cette affaire, de certains étrangers.
Les informations et les témoignages que nous avons pu accumuler peuvent néanmoins permettre d’éclairer ce « mystère ». Il est désormais sûr que l’attaque menée contre le Falcon 50 n’est en aucun cas un « malheureux accident » ou un acte mystérieux qui ne présente aucun indice susceptible de jeter le doute ou la suspicion sur des personnes ou des organisations précises. La mort du chef de l’Etat rwandais ne doit rien au hasard.
La première réunion évoquant le projet d’assassinat du président Habyarimana s’est tenue en Ouganda (Kabale) dans les locaux de l’évêché dirigé par Mgr Harerimana. Quel étrange endroit ! Mgr Harerimana était un des soutiens les plus actifs du FPR en Ouganda… A la même époque, un document interne du FPR intitulé : « Situation actuelle et perspective à court terme » préconisait déjà l’élimination de Habyarimana en ces termes : « Le leitmotiv du discours politique du FPR, de l’éducation politique populaire du FPR sera toujours axé sur l’élimination de la dictature (incarnée par M. Habyarimana Juvénal, son parti MRND et ses pions) ».
Soulignons qu’il y a eu, par la suite, quelques tentatives réelles d’éliminer Habyarimana. En décembre 1993, un message radio du commandement du FPR basé à Mulindi indiquait au colonel Charles Kayonga un plan d’assassinat du président de la République et des autorités civiles et militaires en ces termes : « Le but général est de faire de nouveaux états d’arretations des principales personnalités du régime de Juvénal et de liquidations physiques de certaines autorités militaires et civiles à la date et aux ordres précis, la liste des victimes vous parviendra après, mais le numéro UN est justement connu ».
Le 5 janvier 1994, le FPR a manqué d’assassiner Habyarimana lors de sa prestation de serment au Parlement (CND). Le coup aurait été déjoué par la présence massive et la vigilance de la garde présidentielle. Quelque temps après, lors d’une séance de négociations organisée à Ngondore (Est du pays), par la MINUAR, entre le FPR et les FAR, sur la détermination des zones de rassemblement, deux officiers du FPR ont pris en aparté le représentant des FAR, le colonel Ntiwiragabo Aloys. Ils lui diront que le président Habyarimana doit être tué car il est le seul véritable obstacle à la prise du pouvoir du FPR. Ils lui exprimeront leurs regrets de ne pouvoir disposer d’alliés au sein des FAR.
Le 3 avril 1994, c’est au tour du représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies, le Camerounais Jacques Roger Booh Booh, de dire au président Habyarimana qu’il court le risque d’être abattu par des officiers du FPR.
Comment finira-t-il par être éliminé ?
Tout commence le 6 avril 1994 à Dar-Es-Salam en Tanzanie. Un étrange sommet réunit plusieurs chefs d’Etat de l’Afrique australe sans ordre du jour ni plan de travail précis. Le président rwandais et son voisin du Burundi, le président Ntaryamira, sont les principaux invités de la réunion. Le chef de l’Etat zaïrois devait faire partie du groupe mais il s’est désisté pour des raisons de sécurité. En fait, Mobutu savait que cette réunion était une farce. Il savait surtout qu’elle se terminerait plutôt mal. Il va donc choisir de rester chez lui, à Gbadolite.
Dans la salle où se réunissaient les présidents africains, on parlait et reparlait de tout et de rien. Pour des raisons totalement obscures, ce sommet sans tête ni queue, qui prétendait traiter de la situation du Burundi, n’en finissait plus. Le président ougandais Yoweri Museveni, arrivé avec deux heures de retard, va multiplier les généralités et les digressions sur la démocratie et la paix. Le Rwanda tiendra longtemps la vedette au point que le chef de l’Etat du Burundi passera son temps à se tordre d’ennui. Habyarimana, voyant le temps s’écouler, va demander au président tanzanien Mwinyi, qui accueille la réunion si son homologue burundais et lui peuvent passer la nuit en Tanzanie. Le chef de l’Etat tanzanien lui répondra que rien n’a été prévu dans ce sens. C’est alors que Habyarimana dit au président burundais Cyprien Ntaryamira qu’il vaut mieux partir pour éviter d’arriver trop tard… Les deux chefs d’Etat vont se précipiter à l’aéroport pour prendre l’avion. Il est presque 18h30 lors que le Falcon 50 No 9XR-NN du président Juvénal Habyarimana décolle de Dar-Es-Salam avec douze passagers à bord. L’équipage est composé de trois Français : le major Jacky Héraud (pilote), le colonel Jean-Pierre Minaberry (copilote) et l’adjudant chef Jean-Marie Perrine (officier mécanicien). Le président burundais Cyprien Ntaryamira, un hutu comme son homologue rwandais, est accompagné de deux de ses ministres : Bernard Ciza et Cyriaque Simbizi. Quant au chef de l’Etat rwandais, Juvénal Habyarimana, il est flanqué du chef d’état-major de l’armée, Nsabimana, de Juvénal Renzaho, conseiller à la présidence, d’Elie Sagatwa,secrétaire particulier du président, du docteur Emmanuel Akingeneye, médecin du président,de Thadée Bagaragaza, officier. Tout ce monde quitte la Tanzanie sans savoir qu’il savoure les derniers instants de la vie. Après deux heures de vol, l’avion présidentiel arrive à Kigali. Au moment où il amorce son atterrissage sur l’aéroport Kayibanda, un tir de missile le cueille en plein vol. Il semble cependant que deux missiles aient été tirés et qu’un seul a touché sa cible. Ces missiles étaient partis d’une ferme située à Massaka, près de la route Kigali-Kibungo. Ce que les auteurs de l’attentat n’ont pas prévu, c’est le lieu de chute de l’appareil. Il s’est écrasé dans le jardin de la résidence du chef de l’Etat. Comme si le destin voulait que ce dernier achève sa course dans l’enceinte du palais. C’est bien là que les choses se compliquent. Car la garde présidentielle va immédiatement se précipiter sur l’épave et interdire tout accès à l’appareil. Objectif : s’emparer de la boîte noire. Nous y reviendrons plus tard…

« Les secrets du génocide rwandais : enquête sur les mystères d’un président »
par Charles Onana (avec la collaboration de Déo Mushayidi)
Editions Duboiris (Paris)

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