CONFLIT RDCONGO-RWANDA : Le cardinal Ambongo pas du tout d’accord avec l’Accord de Washington

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La charge que le cardinal vient de lancer aux trois ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, du Rwanda et de la RDCongo, est d’une lourdeur inattendue. Car on pensait que celui qui fut à deux doigts d’être élu pape, il y a quelque temps, était devenu un homme tempéré, qui sait arrondir les angles et qu’il s’était départi de ses formules à l’emporte-pièce qui ont fait sa popularité auprès de ses compatriotes. Que non ! Son refus de valider l’accord de paix conclu le 27 juin, à Washington, entre la RDCongo et le Rwanda sous l’égide des Etats-Unis, est catégorique. Pour le cardinal, cet accord n’en est pas un. « Une fausse solution », soutient-il et il dit pourquoi. Les mêmes recettes ont échoué en Ukraine. Il ne pense pas qu’elles réussiraient dans la très compliquée RDCcongo.

« Vous êtes en guerre entre vous, et la cause de la guerre, ce sont les minéraux. Moi, le grand Trump, j’arrive, je vous réconcilie, et vous me donnez les minéraux », ironise le cardinal. Qui peut croire qu’un tel accord (aussi intéressé) puisse tenir longtemps ?

Faisant référence à la logique transactionnelle qui semble sous-tendre l’accord, Fridolin Ambongo déplore une diplomatie basée sur l’exploitation des ressources stratégiques au détriment des populations locales : « Alors que nos communautés restent privées d’eau potable, la course aux minerais stratégiques est aujourd’hui à l’origine de la prolifération des groupes armés » (sur notre photo, Marco Rubio, le secrétaire d’Etat américain, Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre rdcongolaise des Affaires étrangères, et Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères).

« Trump a tenté cette solution en Ukraine. Ça n’a pas marché. Chez nous, tout le monde court, tout le monde a peur de Trump. C’en est assez », a lâché le prélat, visiblement, outré.

L’accord met l’accent sur la neutralisation des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un groupe armé à dominante hutu, sans aborder la question du M23, pourtant reconnu par les Nations-Unies comme responsable de nombreuses exactions dans le Kivu et activement soutenu par le pouvoir de Paul Kagame.

Ce déséquilibre alimente la méfiance de nombreux Congolais, qui demandent que Washington contraigne également le Rwanda à cesser son soutien aux groupes armés opérant sur le sol congolais.

Visiblement, les forces vives de la RDCongo n’ont pas été consultées, ni la CENCO (Conférence épiscopale  nationale du Congo ), ni l’ECC (Eglise du Christ au Congo).

Cardinal Fridolin Ambongo Besungu toujours égal à lui-même

Avec sept millions de morts en trois décennies, la guerre dans l’Est de la RDCongo reste l’un des conflits les plus meurtriers au monde. Le pari de Donald Trump, qui se félicite d’avoir « résolu un problème de 30 ans » et espère recevoir, bientôt, les présidents congolais et rwandais pour sceller officiellement l’accord, apparaît aux yeux du cardinal Ambongo comme une simplification dangereuse d’une réalité complexe. « C’en est assez de décisions prises sans écouter ceux qui vivent en insécurité », conclut-il. Mais Donald Trump l’écoutera-t-il ? A-t-il jamais écouté quelqu’un tellement son ego reste surdimensionné malgré les échecs accumulés depuis son arrivée à la Maison Blanche : Poursuite de la guerre en Ukraine qu’il voulait mettre fin en un mois, Fin de la guerre entre le Hamas et Israël en quelques semaines, etc. Ces annonces sont juste des effets de langage sans aucune consistance réelle. Du Tromp tout simplement, un homme qui se fait plaisir à lui-même, ce qui semble suffire à son bonheur.

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