Le Congo-Brazzaville est-il un pays maudit ? Pas encore, même s’il s’est, volontairement, mis sous le feu des projecteurs de la presse internationale, à cause de ses dirigeants malhonnêtes et véreux. Des détourneurs de fonds patentés, ruineurs du trésor public ! Le chef du clan, Sassou-Nguesso, montre l’exemple. La preuve, la justice française le suit depuis plusieurs années sur un épineux dossier des « Biens Mal Acquis » (BMA) dont seul lui et son clan ont le secret. Seule son immunité présidentielle le sauve de la prison.

L’exemple venant d’en haut, Sassou a fait des émules au point où au Congo-Brazzaville, son clan est, facilement, assimilé au vol de l’argent public. Son fils, Denis Christel Sassou-Nguesso dit « Kiki le pétrolier » (le dictateur compte une cinquantaine d’enfants au bas mot), n’y va pas de main morte (sur notre photo, le dictateur et le bébé-gangster). Le fiston de 48 ans apprend bien et applique correctement les leçons du maître qui n’est que son propre père. Mais, l’enfant (comme tous les enfants), est imprudent. Un problème de jeunesse ? Peut-être a-t-il cru que la justice française ressemblait à celle du Congo-Brazzaville où la loi c’est Sassou-Nguesso lui-même. Mal lui en a pris.

« Bébé Gangster » est certes héritier de son père … au Congo, mais en France, il est un justiciable comme tout un chacun. Etat de droit oblige ! C’est ainsi que le soupçon de posséder deux hôtels particuliers lui a valu la nomination de deux juges d’instruction du Parquet national financier (PNF) épaulés par de fins limiers de l’OCRGDF (Office central pour la répression de la grande délinquance financière).

D’un côté, il y a un hôtel particulier acheté dix millions d’euros (près de 7 milliards de F CFA), en 2010, près de la Mairie de Neuilly, là où Sarkozy officiait avant de devenir président de tous les Français. Cette « modeste » bâtisse compte sept chambres, cinq salles d’eau et bien d’autres broutilles sur une superficie totale de près de 350 mètres carrés. Rien que ça.

De l’autre, un appartement de 270 mètres carrés situé en plein cœur du très chic 16e arrondissement de Paris où rien que la décoration a coûté près d’un million d’euros (650 millions de F CFA) à son propriétaire. Ces deux propriétés sont occupées par les épouses et enfants de « Bébé Gangster ». Ainsi, il n’y a pas de jalousie entre les épouses. Mais, fouinant partout, la justice a vite établi les liens sans oublier les preuves de paiement dont certaines se faisaient via les sociétés écran, entre les SCI chargées de les gérer et leur possible propriétaire (qui se cache encore bien qu’il soit presque démasqué).

Bienvenue dans le royaume des BMA pour quelqu’un que papa destine à la fonction suprême, même si beaucoup dans le clan ne voient pas cela d’un bon œil. Député d’Oyo (ville natale de papa) et ministre, depuis deux ans, de la Coopération internationale et de la Promotion du partenariat public-privé, le ministre-bis des Affaires étrangères du Congo est bien la version congolaise de celui qu’on appelait ministre sénégalais « du Ciel et de la Terre » sous Abdoulaye Wade.

« Bébé Gangster » s’apprête à prendre, prochainement, en main, le parti PCT, (Parti-Etat au pouvoir), ce qui le mettrait sur la rampe de lancement pour Mpila. Sassou n’est pas fou. Malgré les vociférations des autres membres du clan, il tient en lui son successeur, sachant la faiblesse légendaire des Congolais : son histoire passera comme une lettre à la poste car les Congolais ne savent faire que trois choses : 1) parler politique sans jamais appliquer ce qu’ils disent, 2) manger et boire tout en refaisant le monde et le Congo en particulier, 3) faire de la sape pour compter de nombreuses maîtresses comme dans un championnat national de football de première division.

Afrique Education l’avait bien indiqué dans un de ses numéros il y a une dizaine d’années : le marabout nigérien du dictateur a (profondément) endormi les Congolais au point où il fait d’eux ce qu’il veut, quand il veut et comme il veut.