CONGO-BRAZZAVILLE : Décès de l’ancien premier ministre Stéphane Maurice Bongho-Nouarra

Date

Il m’appelait, avec affection, Léki

L’équivalent en français de Petit-Frère

Je lui répondais, avec déférence, Ya Stéphane, Grand Stéphane, en français.

Il s’agit là de M. Stéphane Maurice Bongho Nouarra. Brillant intellectuel congolais qui a fait des études de mathématiques appliquées et d’ingénieur en France jusqu’en 1961. Rentré dans son pays, le Congo Brazzaville, qu’il aimait intensément, pour le servir, il a été président du Conseil économique et social, ministre, et en 1992, éphémère premier ministre, chef de gouvernement du président, Pascal Lissouba (notre photo), au lendemain de la Conférence nationale souveraine, qui a injecté le multipartisme dans le coeur de la politique congolaise.

Stéphane Maurice Bongho Nouarra a trouvé la mort le 7 octobre 2007 en Belgique. Au 7 octobre 2022, quinze ans sont passés. Pour moi qui l’ai connu, c’est comme si c’était à l’instant. Nos souvenirs communs et nos moments de partage me revenant en tête, pendant que j’écris ces lignes. Tellement je me sentais proche de lui.

M.Stéphane Maurice Bongho Nouarra s’en est allé, lors de son hospitalisation à domicile, où il souffrait atrocement, dans son appartement de Uccle. Au chevet de son lit, sa chère épouse, Maman Angélique Bongho-Nouarra, en pleurs, larmoyant abondamment, dévastée par le chagrin et s’imaginant les durs moments qu’elle allait désormais vivre, après la disparition de son Stéphane.

Comme ces autres compatriotes, Nguila Moungounga Kombo, Philippe Bikinkinta, Yves Ybala, et le docteur, Bikandou, tous, ministres du président, Pascal Lissouba, M. Stéphane Maurice Bongho-Nouarra meurt, en plein exil, ayant quitté son pays, en août 1997, ravagé par la guerre civile. Il en est de même du président Pascal Lissouba.

Humaniste, généreux et d’accès facile, M. Stéphane Maurice Bongho-Nouarra a beaucoup souffert de la brutalité politique dans son pays. Il ne comprenait pas que le Congo Brazzaville, pays immensément riche en ressources humaines et naturelles, avec des traditions et coutumes qui accordent une large place à l’entente, ne puisse pas s’édifier dans la paix, la cohésion et la concorde nationales. Il s’interrogeait d’ailleurs sur l’intérêt qu’ont les politiques congolais à recourir parfois à toutes formes de violences, dans des situations qui en appellent plutôt au dialogue, à la compréhension réciproque et à la tolérance mutuelle.

Stéphane Maurice Bongho-Nouarra parti, jamais je n’oublie ses paroles à mon endroit, vers la fin de sa vie, sur l’absence du président, Pascal Lissouba, à la réunion au Sommet de Libreville, lors de la guerre du 5 juin 1997.

En effet, à l’instigation de la France, une rencontre de chefs d’Etats africains était organisée à Libreville, le 16 septembre 1997, par le président, Omar Bongo. Y prennent part les présidents du Sénégal, du Togo, du Mali, du Bénin, de la RCA, de la Guinée équatoriale et du Tchad.

L’objectif du Sommet consistait à réunir les présidents, Pascal Lissouba, et Denis Sassou-Nguesso en vue d’une solution de sortie de crise. En dernière heure, le président, Pascal Lissouba, choisit de se faire représenter par son premier ministre, Bernard Kolalas. Il était en déplacement officiel à Kinshasa, alors que le président Denis Sassou-Nguesso était bien présent à Libreville. Le Sommet n’a produit aucun résultat concret.

De l’opinion de M.Stéphane Maurice Bongho-Nouarra, l’absence du président, Pascal Lissouba, à Libreville, a, fortement, joué en sa défaveur. Il suffisait au président, Pascal Lissouba, face à ses pairs chefs d’Etat en poste, de leur délivrer les tenants et les aboutissants réels de la guerre du 5 juin, pour qu’il soit trouvé un compromis acceptable, qui arrangerait les deux camps en conflit et mettrait fin à la guerre.

Pour M. Stéphane Maurice Bongho-Nouarra, le raté du président, Pascal Lissouba, à Libreville, lui a ôté les chances de poursuivre son mandat jusqu’aux prochaines élections présidentielles dont la date était à convenir d’accord parties.


Enfin, le passé est passé.

Je saisis l’occasion de cette quinzième année de la disparition de M. Stépahane Maurice Bongho Nouarra pour exprimer ma solidarité avec sa famille, particulièrement, à son épouse, Maman Angélique Bongho-Nouarra. Que la force soit toujours en elle pour supporter la dure épreuve du manque physique de son époux, toujours en elle en esprit.

Au Grand Frère Stéphane, là-bas, à l’éternel infini, qu’il repose en paix.
Ouabari Mariotti
Ancien Garde des Sceaux Ministre de la Justice du professeur, Pascal Lissouba.

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