CONGO-BRAZZAVILLE : Le dictateur dans la nasse du génocide

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A moins qu’il soit un « Anté-Christ » haut de gamme, on voit très mal comment le dictateur aurait le sommeil aisé, aujourd’hui, lui, le général 5 étoiles …en tueries. Avant la présidentielle de mars 2016, l’opposant, André Okombi Salissa, lui avait fait une offre restée lettre morte. Le dictateur avait choisi de conserver son pouvoir. Mais, cette offre prend toute son importance, aujourd’hui, où il est, largement, épinglé pour ses crimes de « génocide ». D’abord et avant tout par ses propres compatriotes et non par les seules organisations internationales des droits de l’homme comme on le voit souvent ailleurs.

Afrique Education, votre magazine préféré, d’ailleurs, très prisé au Congo-Brazzaville, n’a pas, encore, estimé nécessaire de s’étendre sur ce sujet de génocide, pour le moins, gravissime. Il l’a, déjà fait, il y a deux ans, avec la collaboration de Me Maurice Massengo Tiassé (Afrique Education n° 444 de septembre 2016). De son côté, le pasteur, Dominique Kounkou, avocat au barreau de Paris, vient de se rappeler, aussi, sur le même problème, au bon souvenir du dictateur.

Pendant cet été, alors que j’étais en séance de travail avec Modeste Boukadia (que tous les Congolais connaissent), son épouse et un cadre de son parti, ce dernier nous annonce la bonne nouvelle : « André Okombi Salassa vient d’être libéré ». Et d’ajouter qu’il y a une liesse indescriptible dans Brazzaville suscitée par cette libération. Renseignements pris, il n’en était rien : Modeste et moi venions d’être victimes d’un « Fake News », volontairement, distillé par les réseaux sociaux. A quelles fins et par qui ? Les amis d’André Okombi Salissa (AOS) ont, à un moment donné, fortement, soupçonné une fuite venant du pouvoir, dont le but était de retarder son élargissement.

Car celui qu’Afrique Education a, toujours, considéré comme « l’enfant terrible de la politique congolaise » restera un caillou dans la chaussure du dictateur, qu’il recouvre sa liberté ou qu’il reste en prison : AOS est différent de tous les autres opposants à Denis Sassou-Nguesso. Et c’est pour cette raison que, dans l’opposition, il est redouté par d’éventuels concurrents tandis qu’au sein du clan présidentiel où il ne compte pas que des ennemis, il est, particulièrement, craint. Pendant son exil, l’intéressé s’en amusait, même s’il reconnaissait être celui, au Congo-Brazzaville, qui est à même d’assurer la sécurité du dictateur s’il acceptait de quitter, démocratiquement, le pouvoir. Car les autres opposants, généralement, lui promettent la potence, bien qu’on ne pratique plus l’échafaud au Congo.

Quand AOS tenait ces propos, notamment, dans Afrique Education, son magazine préféré, ils atterrissaient dans les oreilles de sourds à Mpila. Aujourd’hui, les tenants de la dictature congolaise, dont le dictateur cinq étoiles, lui-même, sont encerclés par des affaires ayant trait aux crimes contre l’humanité. En septembre 2016, Me Maurice Massengo-Tiassé a déposé une double plainte (appelons sa requête ainsi) auprès de la Commission des droits de l’homme des Nations-Unies, à Genève, et à la Cour pénale internationale (CPI), à la Haye. Le processus, bien que lent, suit, inexorablement, son cours. Afrique Education, avait donné beaucoup d’espace à Me Tiasse (actuel deuxième vice-président de la Commission nationale congolaise des droits de l’homme), qui avait consacré un dossier de seize pages en septembre 2016 à ce rapport qui détaille tous les crimes dont aurait été responsable le dictateur, ces dernières années (notre photo). Du solide !

Plus récemment, C’est Me Dominique Kounkou qui défraie la chronique avec son « génocide lari » dont est accusé le dictateur. Crime imprescriptible s’il en est, ce sujet va alimenter les débats le 18 novembre prochain à la Commission des droits de l’homme à Genève où le pouvoir de Brazzaville est prié de s’expliquer.

Le dictateur, dans sa superpuissance, devrait commencer à faire très (très) attention. Car il peut narguer à volonté les pauvres populations congolaises, tout le temps. Mais, il lui sera difficile de snober la justice internationale surtout quand il s’agit des cas de génocide comme l’ont successivement décrits ses compatriotes, Tiassé et Kounkou. On n’oublie pas les 353 du Beach de Brazzaville qui reste une affaire pendante en France et beaucoup d’autres affaires.

Un jour, l’ancienne première dame du Gabon (aujourd’hui décédée Dr Edith Lucie Ondimba) trouva une de ses nièces qu’elle avait accueillie à Libreville, en train de pleurer : « Pourquoi pleures-tu », lui aurait demandé sa tante ? « C’est Papa (le patriarche Ondimba) ». « Pourquoi Papa te fait pleurer », questionna Edith ? « Parce qu’il m’a dit que Grand-Père (Denis) avait les mains pleines de sang » ! La colère de la première dame contre son époux fut mémorable (comme on l’imagine) !

L’opposant Okombi a, incontestablement, commis des erreurs, après son retour au Congo-Brazzaville où son crédit politique effrayait le pouvoir. Mais, quand il disait qu’il serait le meilleur protecteur du dictateur s’il accédait au pouvoir, à Brazzaville, c’est, aujourd’hui, une offre à méditer.

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