Congo-Brazzaville sauve qui peut ! Le pays va mal, de déficit en déficit, en l’absence d’un programme que le FMI refuse de signer à cause des détournements de fonds publics massifs vers des paradis fiscaux que l’Etat enregistre régulièrement. Le Congo-Brazzaville est donc en cessation de paiement. S’il ne marchait pas sur la tête, Sassou-Nguesso alias « l’homme de paix » qui a eu tout faux depuis son retour au pouvoir en 1997 par un coup d’état militaire contre le président démocratiquement élu, le professeur , Pascal Lissouba, déposerait (sans se faire prier) son tablier pour prendre une retraite méritée à Oyo.
L’Etat n’a plus moyen de cacher sa faillite. Il ne peut plus faire semblant car il a la corde au cou. Il y a quelques jours, le gouvernement a décidé de mettre en place une taxe de 100 F CFA (0,153 euro), payable par mois (soit 1.200 F CFA par an), qui va frapper chaque Congolais, milliardaire ou chômeur, mais qui est supposée ne rapporter que …6 milliards de F CFA (9,3 millions d’euros) par an. Une misère qui montre la débandade qui gagne le pouvoir de Brazzaville.
Après avoir réduit son budget de 6.000 à 4.000 milliards de F CFA en l’espace de ces deux dernières années, le Congo-Brazzaville peine à boucler l’année. Le ratio de dette publique/PIB est passé de 92,5% en 2022 à 96% en 2023. Nul doute qu’il sera encore plus fort en 2024 quand on observe une mesure de la honte comme la ponction de 100 F par personne et par mois. Le Congo est, donc, confronté à un surendettement dû à l’accumulation d’arriérés extérieurs temporaires et à la restructuration inachevée des arriérés intérieurs. Les réserves de change s’établissent à 2,6 mois de couverture alors que la norme est, au moins, de six mois, au sein de la BEAC. Mais, on va faire comment ?
Quand on sait que 14.000 milliards de F CFA qui constituaient le fonds pour les générations futures ont disparu, du jour au lendemain, sans que le gouvernement ne lance une enquête pour savoir où ils étaient passés, il n’y a pas que le FMI pour s’inquiéter. C’est inédit ce qui se passe au Congo-Brazzaville au point où seul Denis Sassou-Nguesso a, aujourd’hui, l’autorisation de voyager. Les ministres et autres fonctionnaires et apparatchiks du régime sont interdits de déplacement extérieur. Et Sassou lui-même choisit les voyages en abandonnant les plus inutilement coûteux. C’est ainsi qu’il a manqué la 79e Assemblée Générale des Nations-Unies et le Sommet de la Francophonie en France, après une participation au Sommet Chine-Afrique beaucoup plus rentable. Et puis, la Chine n’est-elle pas soupçonnée par les bailleurs de fonds occidentaux d’avoir dissimulé les fonds congolais avec la complicité de certains dignitaires de Brazzaville ? Il y a donc d’autres raisons qui militaient pour que Sassou assiste à ce Sommet.
Les 14.000 milliards de F CFA planqués dans les paradis fiscaux bloquent les négociations avec le FMI. Le FMI sait qu’il ne sert à rien d’aider ou accompagner un pays où les détournements massifs des fonds publics sont devenus un sport national, avec la complicité d’un chef d’Etat qui reste muet comme une carpe devant une telle situation. Qui ne dit mot consent : C’est Sassou qui arme les bras des détourneurs de fonds publics congolais.
Cette catastrophique situation financière de l’Etat a, au moins, eu le mérite de faire sortir de son profond sommeil l’ancien ministre des Finances, Mathias Dzon (notre photo). Revenu de son coma, il a réclamé, le 26 octobre, la tenue d’un dialogue politique inclusif pour mettre en place une transition dans le pays. Mais, la moindre des choses, et il faut commencer par là, ne serait-elle pas de faire partir Sassou-Nguesso qui est responsable de cette déconfiture de l’Etat ?
Sur le plan technique, Mathias Dzon a énoncé une vingtaine de mesures dont les plus importantes sont la restauration de la liquidité de l’Etat et de la liquidité générale de l’économie. Il a, aussi, prôné un équilibre des comptes internes et externes des paiements courants par le rapatriement effectif de toutes les recettes d’exportation et la gestion transparente des recettes tirées des ventes du pétrole. On aime bien Mathias quand il prêche dans le désert… Lui-même ne croit à rien de ce qu’il demande. Car le problème du Congo-Brazzaville est politique. Ce problème, c’est Sassou-Nguesso !
Pour terminer, Mathias Dzon demande, très rapidement, la convocation du premier ministre, Anicet Collinet Makosso, devant le parlement pour qu’il s’explique sur la disparition des 14.000 milliards de F CFA qui constituaient le fonds pour les générations futures.