Le vote en faveur de la résolution A/11/L4 portant suspension de la Russie au Conseil des droits de l’homme a recueilli 93 voix en faveur des pays proches de l’OTAN et partisans de la suspension de la Russie, 24 pays ont voté contre et 58 pays se sont abstenus. C’est une victoire jaune, c’est-à-dire, fade du camp des Occidentaux qui commence à se réduire contrairement à celui des soutiens de la Russie qui monte en flèche à 24 et avec 58 abstentions. Les soutiens de Moscou augmentent substantiellement malgré les menaces, les intimidations des pays occidentaux, notamment, des Américains et des Européens pour faire fléchir le vote des pays dits faibles. A cet égard, l’Afrique consacre son non-alignement avec le vote neutre du président en exercice de l’Union africaine, le Sénégalais, Macky Sall. Pas de parti pris ni pour l’OTAN ni pour les amis de la Russie. L’Afrique, en gros, n’a pas de parti pris dans ce conflit même s’il se trouve quelques canards boîteux comme la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo ou le Tchad, par exemple, dont les dirigeants se comportent en bénis oui oui de certaines puissances occidentales.

On n’oublie pas que le secrétaire général des Nations-Unies dont le pays (le Portugal) est membre de l’OTAN et participe activement aux sanctions contre la Russie, est très mal (très) placé pour arbitrer les votes. La propagande de l’Occident, destructeur de la Libye et propagateur du djihadisme dans tout le Sahel après cette destruction, ne passe pas en Afrique. Sur les 24 pays qui ont voté contre la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme, 9 sont d’Afrique. Il s’agit de l’Algérie, du Burundi, de la République centrafricaine, du Congo-Brazzaville, de l’Erythrée, de l’Ethiopie, du Gabon, du Mali et du Zimbabwe. Mention très honorable à ces 9 pays qui affichent leur indépendance devant le monde entier, en montrant ce qu’ils pensent (sur notre photo, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, défend bien la neutralité ou si l’on veut le non-alignement du continent).

Lee Bénin, le Burkina Faso, Djibouti, la Guinée équatoriale, la Guinée-Conakry, la Mauritanie, le Maroc, le Rwanda, Sao Tomé et Principe, la Somalie et la Zambie, quant à eux, n’ont même pas pris la peine de prendre part au vote, malgré les multiples pressions exercés sur eux par les pays occidentaux, ce qui souligne leur non-alignement. Si on totalise les pays africains n’ayant pas participé au vote à ceux qui ont voté contre la suspension de la Russie, on arrive à 21 pays africains qui sont sensibles à la position russe.

Sur les 58 pays qui se sont abstenus, 20 sont africains : Botswana, Cap Vert, Cameroun, Egypte, Eswatini, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Lesotho, Madagascar, Mozambique, Niger, Nigeria, Sénégal, Afrique du Sud, Soudan du Sud, Soudan, Togo, Tunisie et Tanzanie.

Autrement dit, sur les 54 pays africains, jusqu’à 41 soutiennent ou ont de la sympathie pour la Russie, ce qui explique, d’ailleurs, que le magazine, Afrique Education, ait mis Vladimir Poutine en pleine page de couverture de son numéro 507 d’avril 2022 avec le titre non moins pompeux : « Guerre en Ukraine : Les Africains derrière Poutine ». Le magazine Afrique Education a vu juste !Il ne faut pas avoir fait sc-po pour le savoir : les Africains sont en colère contre la destruction de la Libye par l’OTAN sans aucune raison valable. Aujourd’hui, personne en Occident n’arrive plus à enrayer le djihadisme qui en a découlé. Et c’est l’Afrique qui souffre de cet état de chose.

Terminons à précisant que le Sénégal joue son rôle de président en exercice de l’Union africaine en s’abstenant de prendre position ni pour ni contre. Le non-alignement est de retour.