COTE D’IVOIRE : Entre Ouattara et Gbagbo, qui fait vraiment pitié ?

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Le 11 avril 2024, Cissé Bacongo s’est permis de déclarer que, quand il écoute Laurent Gbagbo, il a de la pitié pour lui et que Ouattara a eu pitié de l’ancien président pour qu’il soit libéré de la CPI (Cour pénale internationale).

Entre Gbagbo et Bacongo, qui fait réellement pitié ? Qui devrait avoir honte de lui-même ?

N’est-ce pas celui qui attribue l’acquittement de Laurent Gbagbo à Ouattara plutôt qu’à la CPI qui accusa la procureure, Fatou Bensouda, d’avoir fourni des preuves d’une extrême et consternante faiblesse, ce qui évidemment portait un sérieux coup à la crédibilité de la Cour ?

L’homme qui devrait raser les murs, n’est-ce pas celui à qui on donna, en 2013, 110 milliards de F CFA pour la réhabilitation des universités, mais, qui fut incapable de doter la seule université de Cocody de nouveaux amphithéâtres, de salles climatisées et sonorisées, d’eau et d’électricité dans certains bâtiments, de wifi sur le campus ?

L’homme qui devrait vivre caché, n’est-ce pas celui qui, après avoir soutenu en 2016 face au journaliste, Ange-Hermann Gnanih, que son mentor ne briguerait pas un troisième mandat, se rétracta en août 2020 en estimant que Ouattara maîtrisait le droit mieux que tous les juristes de Côte d’Ivoire ?

L’individu à plaindre, n’est-ce pas celui qui, pendant la campagne pour les législatives de 2020, fit attaquer le QG de la députée, Adjaratou Traoré, par les Microbes dont il serait l’un des parrains à Koumassi ?

Bacongo enseignerait le droit à l’Université de Cocody, mais, dispenser des cours de droit et marcher droit sont deux choses différentes. En tous les cas, on aurait tort de prendre au sérieux cet homme, qui dit et se dédit facilement. Il serait malavisé de le voir autrement qu’un pseudo-intellectuel, autrement, qu’un parasite et un superflu car ce qui caractérise ce dernier, c’est, d’une part, “la mémoire qui fait diversion “(cf. Régis Debray dans “L’exil à domicile“, Paris, Gallimard, 2022) et, d’autre part, sa tendance “à s’allier avec des éléments de la populace (qui n’est pas le peuple) et d’en adopter la criminalité et le dédain des valeurs morales, intellectuelles et créatrices”(cf. Fabien Eboussi, ‘l’intellectuel exotique’ dans “Politique africaine”, no. 51, 1993).

En portant des jugements à l’emporte-pièce, en croyant recadrer le président du PPA-CI, Bacongo ne fait qu’exorciser la peur qui les habite, lui et ses comparses du RHDP. Ils ont peur de perdre le pouvoir comme Macky Sall au Sénégal. Ils ont peur de ce qui les attend après la fin de leur règne car, inéluctablement, et pour le bien de notre patrie, ils devront rendre compte de leur gestion.

Bacongo, qui dit avoir de la pitié pour Laurent Gbagbo que les dirigeants du RDR ont tenté de tuer en 2011 alors que lui, Gbagbo, leur avait tout donné, doit savoir que, si une nouvelle équipe arrive aux affaires, il n’y aura ni pitié ni impunité pour tous ceux, qui ont usé de mensonge et de violence pour accéder au pouvoir, qui ont volé 13 ans à la Côte d’Ivoire, qui l’ont brutalisée et appauvrie.

Jean-Claude Djéréké

est professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis).

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