COTE D’IVOIRE : Guillaume Soro se démarque d’Alassane Ouattara

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Les grandes manœuvres de l’Après-Ouattara ont, d’ores et déjà, commencé en Côte d’Ivoire, alors que le principal intéressé a, encore, trois ans, à faire valoir à la tête du pays. Ses potentiels successeurs (qu’on ne citera pas) se surveillent comme du lait sur le feu. Les mutineries de ces dernières semaines ont permis à ceux qui l’avaient oublié qu’un certain ancien chef militaire de la rébellion, officiait, toujours, à la tête de l’Assemblée nationale, même s’il n’en était pas le commanditaire.

La réconciliation nationale ? Ouattara veut la mettre dans la rubrique « Pertes diverses » de sa gouvernance. Son échec dans ce domaine étant patent, il ne veut plus s’en préoccuper. Malheureusement pour lui, Guillaume Soro (sur notre photo avec Alassane Ouattara) n’est pas d’accord. Il sait qu’il paiera (avec d’autres) les pots cassés si Ouattara quitte le pouvoir en laissant la situation telle quelle.

Voilà pourquoi un groupe parlementaire, proche du président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, a appelé ce vendredi, 9 juin, à une « réconciliation » entre Ivoiriens, déplorant une absence de dialogue depuis la fin de la meurtrière crise post-électorale de 2010-2011. C’est dit de façon diplomatique pour ne pas heurter le palais présidentiel, mais, l’interpellation est à prendre au sérieux.

En effet, le « Groupe Alliance » qui revendique une quarantaine de députés sur 250, s’est déclaré « soucieux des risques de division profonde que font peser sur la Côte d’Ivoire, l’absence de dialogue inclusif entre les Ivoiriens et les hésitations institutionnelles à tirer les leçons de la crise postélectorale née de l’élection présidentielle de 2010 » (fin de citation).

Les signataires ont également « noté (…)que le succès de certaines initiatives de développement du gouvernement reste suspendu à la réalisation de l’idéal du pardon et de la réconciliation entre tous les Ivoiriens ».

Ils ont appelé « la justice nationale et internationale à traiter avec responsabilité, célérité et humanité, les dossiers de tous les détenus de la crise postélectorale », qui constitue selon eux, un « cri de coeur d’une partie du pays ». A noter que Laurent Gbagbo, l’ancien président de la République, séjourne dans une cellule de la CPI, à La Haye, depuis six ans quand son épouse, Simone Gbagbo, survit dans une résidence surveillée truffée de cafards. Jusqu’à ce jour, Ouattara (qui, lui, vit dans le palais de la République) ne s’est pas soucié de leur élargissement. Au nom de la réconciliation nationale.

La déclaration du « Groupe Alliance » intervient, quelques jours, après l’audition par la justice, de Souleymane Kamagaté dit « Soul to Soul », directeur du protocole du président de l’Assemblée nationale, au sujet de la découverte d’une importante cache d’armes dans un logement donné pour être sa propriété à Bouaké, épicentre des récentes mutineries de soldats qui ont secoué le pays en mai. Visiblement, Guillaume Soro n’est pas prêt de sacrifier son directeur de protocole. C’est le message qu’il transmet en mode « code caché » à son actuel mentor et à ceux qui le conseillent.

En résumé, c’est à Alassane Ouattara (qui a perdu beaucoup de temps) de prendre des initiatives utiles et adéquates qu’il faut pour réconcilier (véritablement) les Ivoiriens. Tous les Ivoiriens.

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