COTE D’IVOIRE : Le mea culpa de l’ancienne première dame Simone Gbagbo

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L’ex-première dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, a demandé «pardon» aux victimes de plusieurs violentes crises politiques, lors d’un meeting à Bouaké, dimanche, 30 avril, à quelques mois des élections régionales et locales et à deux ans de l’élection présidentielle. Ce jour là est une date anniversaire car c’est un 30 avril 1991 que le président, Félix Houphouët-Boigny, avait, après le feu vert du Bureau politique du PDCI, le parti unique à l’époque, autorisé le multipartisme politique alors que les syndicats annonçaient une manifestation monstre le 1er mai pour revendiquer le retour au pluralisme. Conséquence, le 1er mai 1990 se passa, dans de très bonnes conditions, le président ayant coupé l’herbe sous les pieds des manifestants.

«Je tiens une fois encore à demander pardon à toute la nation et à tous ceux qui ont subi des souffrances terribles, qui ont perdu des parents, emplois et ont été contraints à l’exil», a-t-elle déclaré, à Bouaké, fief de la rébellion armée ayant tenté, en 2002, de renverser le régime de l’ancien président, Laurent Gbagbo, son ex-mari.

La rébellion, composée de milices, avait pris le contrôle de la moitié nord du pays pendant plusieurs années. «J’accorde mon pardon à tous ceux qui ont causé du tort à la nation ivoirienne et à ma personne», «à mes proches» et à ma «famille politique», a-t-elle ajouté. «J’exhorte tous les responsables politiques de la Côte d’Ivoire à me suivre dans cet exercice», a-t-elle poursuivi, devant des milliers de militants et sympathisants de son parti, le Mouvement des générations capables (MGC).

Ont également assisté au discours des représentants du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti au pouvoir, et du principal parti d’opposition, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA).

Simone Gbagbo a demandé, en outre, le retour du chef de la rébellion de 2002, Guillaume Soro, aujourd’hui en exil et condamné à perpétuité par la Côte d’Ivoire en juin 2021 en lien avec une tentative d’insurrection en 2019.

C’est, selon elle, dans «l’intérêt» de la Côte d’Ivoire «qu’il rentre au pays et qu’il ait la possibilité de participer au processus de réconciliation nationale», initié par l’actuel chef de l’État Alassane Ouattara, précisant qu’elle «n’a pas approuvé» le «rôle» de Guillaume Soro pendant la crise de 2002, mais qu’elle lui a «pardonné».

Condamnée en 2015 en Côte d’Ivoire à 20 ans de prison pour «atteinte à la sûreté de l’Etat», pour des faits liés à la crise post-électorale de 2010-2011, Simone Gbagbo avait bénéficié du processus de réconciliation nationale par une loi d’amnistie en 2018. La victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010, contestée par le sortant Laurent Gbagbo, avait débouché sur cinq mois de crise et fait 3000 morts.

Déplorant un manque de «transparence» et d’«équité», Simone Gbagbo a également demandé un report des élections régionales et municipales prévues en septembre 2023, les premières auxquelles son parti, créé en 2022, prendra part.

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