Alassane Ouattara, qui venait faire un seul et unique mandat de cinq ans avant de passer le témoin à Henri Konan Bédié, pour la suite, vient d’être investi, lundi, 8 décembre, pour un …4e mandat, de 2025 à 2030, en attendant, un probable et prévisible cinquième mandat, entre 2030 et 2035, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il meure au pouvoir. Pour réussir ce plan, la Côte d’Ivoire a compté plusieurs décès, les uns plus suspects que les autres, sans en connaître, réellement, l’auteur. On imagine seulement… Ainsi, le prétendant et successeur désigné à la fonction présidentielle pour le compte du RHDP, à savoir, Amadou Gon Coulibaly, décéda, mystérieusement, un 8 juillet 2020, après un malaise survenu en plein conseil des ministres, c’est-à-dire, à trois mois de l’élection présidentielle d’octobre 2020. Il avait 61 ans. Il fut remplacé par Hamed Bakayoko dès juillet 2020, avant de décéder, à son tour, à Fribourg-en Brisgau, en Allemagne, le 10 mars 2021. Depuis ce décès, les potentiels et brillants successeurs membres du RHDP, ont compris la dangerosité d’être considéré comme dauphin ou prétendant à la fonction présidentielle. Personne n’est plus candidat à cette fonction sinon la mort vous attend.
Les historiens ivoiriens auront matière à écriture dans quelques petites années. Ce n’est plus loin. Car l’histoire de la mort des prétendants au poste de président de la République de Côte d’Ivoire ne s’arrête au RHDP où personne n’est plus candidat. Même pas le président de l’Assemblée nationale, Adama Bictogo, qui s’était risqué, dernièrement, à faire acte de candidature pensant réellement que Ouattara n’était pas partant. Cela veut dire qu’il ne connaît pas (encore) bien celui pour qui il bataille depuis la présidence de Robert Gueï, en janvier 2001. Comme on voit, ça remonte à loin… Bictogo a eu le courage de se prononcer, ce qui risque de lui coûter son poste, à moins d’un miracle. Car Alassane Ouattara, d’ores et déjà, candidat à un 5e mandat (qui ne dit pas son nom et qui se révèle toujours pendant les dernières semaines), connaît déjà son prétendant au sein du RHDP, Bictogo qui est déjà dans son collimateur.

Mais, les morts suspects en Côte d’Ivoire, tous présidentiables, ne s’arrêtent pas dans le seul RHDP. Henri Konan Bédié, celui-là même qui permit à Alassane Ouattara d’arriver au pouvoir en 2011, pour un seul et unique mandat, avant d’y revenir, lui aussi, est mort, de façon suspecte, alors qu’il préparait, activement, la candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025 de son dauphin. Déjà, il avait rompu avec Alassane Ouattara, après le changement brusque de la constitution de ce dernier qui lui permettait de briguer d’autres mandats présidentiels, alors que l’ancienne constitution les limitait à deux. Bédié comprit alors, tardivement, qu’il avait été trompé par Ouattara. Conséquence, l’opposition, sous sa houlette, boycotta l’élection présidentielle d’octobre 2020, donnant la possibilité à Ouattara d’obtenir le score soviétique de 94,27%. A titre de comparaison, il a obtenu 89,77% à l’élection du 25 octobre 2025 où, là aussi, il a pris le soin d’écarter les deux gros candidats de l’opposition qui pouvaient le faire battre, à savoir, l’ancien président, Laurent Gbagbo, et le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam. Ce dernier a d’ailleurs préféré fuir la Côte d’Ivoire, au début du deuxième trimestre de 2025, pour se réfugier en France afin, dit-on, de ne pas se faire empoisonner et risquer sa vie pour un poste de président de la République. Son oncle, Henri Konan Bédié, est mort de façon mystérieuse, le 1er août 2023, dans une clinique privée d’Abidjan, à 89 ans, parce qu’il bataillait pour ce poste. Même si d’aucuns pouvaient trouver son âge avancé pour se présenter, il avait son Plan B qui était effectivement, Tidjane Thiam, qui allait se présenter en bénéficiant de son expérience et de son réseau politique dans le pays. Mais, contre toute attente, il fut soustrait à la vie sans que personne ne sache, réellement, qui en était responsable car personne, en Côte d’Ivoire, et encore au moins, au PDCI, ne croît à une mort naturelle.

On n’a pas besoin de faire la faculté de droit de l’Université Alassane Ouattara pour savoir que la prétention à la fonction de président de la République en Côte d’Ivoire est réservée à une seule et unique personne : Alassane Ouattara qui arriva, de la façon qu’on sait au pouvoir en 2011, pour effectuer un seul et unique mandat, et qui en est, aujourd’hui, à son 4e mandat, en attendant le 5e. Et dans tout ça, personne n’oublie en Côte d’Ivoire que la nationalité d’Alassane Ouattara est douteuse. Elle avait été considérée ainsi par Henri Konan Bédié qui lança le concept de l’ivoirité (dont on ne parle plus aujourd’hui) avec comme l’un de ses grands théoriciens, l’ancien ministre de la Justice, Faustin Kouamé. On ne l’entend plus non plus. Alassane Ouattara qui désigna le général, Robert Gueï, pour effectuer la transition avant de lui laisser le poste, adhéra, à son tour, à la théorie de l’ivoirité qui faisait d’Alassane Ouattara un Non-Ivoirien d’origine, ou plus exactement, un Burkinabé. Résultat, Gueï est sous-terre, tout comme Bédié et comme tout prétendant à la fonction présidentielle en Côte d’Ivoire. Voilà où en est la Côte d’Ivoire en ce début de 4e mandat d’Alassane Ouattara. Un mandat de tous les dangers qu’il a sus déjouer dans le passé (sinon il ne serait plus au pouvoir), mais qui s’avère d’un autre niveau de dangerosité. Cela dit, on ne se plaindra pas pour lui : L’armée ivoirienne compte pour moitié de soldats issus du Nord musulman et de sa rébellion qui coupa la Côte d’Ivoire en deux en 2002. Donc un risque moindre de ce côté d’autant plus que le ministre de la Défense, est son propre frère de même père et de même mère : Téné Birahima Ouattara surnommé photocopie du fait de sa ressemblance au président de la République. Il a été propulsé ministre d’Etat, ministre de la Défense, en mars 2021, pour protéger, essentiellement, son grand-frère, et les intérêts de la famille. Il dort, actuellement avec un œil ouvert, les pays d’Afrique de l’Ouest étant traversés par le réveil des militaires qui n’approuvent visiblement pas le verrouillage des instances politiques de leurs pays par des chefs d’Etat aux ordres. Le Niger, le Mali, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau et, tout dernièrement, le Bénin qui a failli basculer, n’autorisent pas un sommeil profond quand on est ministre de la Défense.
Mais, Alassane Ouattara est attaqué là où peu de monde s’y attendaient : La réouverture du dossier des crimes passés lors de l’élection de 2010 en Côte d’Ivoire. Plus de 3.000 morts au passage ! Laurent Gbagbo qui avait octroyé le passeport ivoirien (au nom de la paix) à Alassane Ouattara, en 2006, lui autorisant d’être candidat à l’élection présidentielle de 2010, et qui, pour récompense, fut envoyé à la CPI pour y être jugé et condamné à vie par ce même Ouattara à qui il permit de se présenter à la présidentielle, ce Laurent Gbagbo, disons-le, à qui Ouattara en retour a interdit de se présenter à la présidentielle de 2025, a relancé le dossier de la crise ivoirienne à la CPI. Dans sa lettre du 8 décembre, jour de l’investiture du président ivoirien, il a chargé son avocat, Me Altit de saisir, à nouveau, le procureur de la CPI d’une nouvelle plainte. Gbagbo et Charles Blé Goudé ayant été blanchi par ce tribunal, il est important que les enquêtes se poursuivent pour savoir qui sont les véritables donneurs d’ordre dont les conséquences furent le décès de plus de 3.000 Ivoiriens pendant la crise post-présidentielle d’octobre 2020. C’est le jeu du chat et de la souris. Mais pas totalement car si Gbagbo est innocent, il faudra nécessairement interroger l’autre camp qui le combattait, dont les chefs furent, entre autres, Alassane Ouattara et Guillaume Soro.

Selon nos informations, le dossier Ouattara serait entre les mains d’une juge japonaise à la CPI. Il est donc en instance. Ce dossier peut être ouvert à tout moment. Il est actuellement fermé du fait de l’immunité présidentielle qui protège Ouattara. Si pour une raison ou pour une autre, il n’était plus président de la République, le mois d’après, il y a de très (très) fortes chances qu’il se retrouve devant les juges de la CPI. C’est la raison pour laquelle il verrouille le processus électoral afin de s’y retrouver sans réelle concurrence, élu avec 94,27% en 2020 après avoir changé la constitution pour avoir d’autres mandats et 89,77% des voix en 2025 après avoir pris le soin d’écarter les candidats Gbagbo et Thiam qui allaient le faire battre.
En dehors des urnes, l’autre voie pour arriver au pouvoir quand le processus démocratique est verrouillé, est le coup d’état militaire. Mais là aussi, Ouattara y a pensé en nommant son propre frère ministre de la Défense tandis que le chef d’état-major est un musulman comme lui-même.
Mais, cela étant dit, le 4e mandat est celui de tous les dangers pour Alassane Ouattara. Qu’il le sache ! Car il est écrit dans la Sainte Bible que « Qui sème le vent récolte la tempête », un proverbe tiré du livre d’Osée. Ouattara n’est pas chrétien mais musulman, c’est vrai. Mais, il compte beaucoup d’évêques et de pasteurs amis pour lui expliquer le sort qui l’attend.
Correspondance particulière
depuis Abidjan.





