La chute brutale des cours du cacao sur le marché international affecte l’économie de la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de la fève, a déclaré, ce lundi, 1er mai, à Abidjan, le président ivoirien, Alassane Ouattara. Qu’une telle phrase sorte d’un dictateur africain devenu président à la faveur d’un coup d’état militaire, pourrait se comprendre. Mais pas de l’ancien gouverneur de la BCEAO et ancien directeur général-adjoint du FMI qu’est, justement, Alassane Ouattara. Alors question : le docteur Ouattara a-t-il oublié d’appliquer à sa propre gouvernance les conseils qu’il prodiguait, hier, à ses clients ?
« En réalité après avoir connu une période d’embellie, l’économie de notre pays traverse une période difficile marquée par les chocs intérieurs et extérieurs. Bien sûr notamment la chute brutale de 40% du prix du cacao sur les marchés internationaux », a-t-il annoncé aux Ivoiriens lors de la célébration de la fête du travail.
Face à la chute des cours mondiaux, le prix d’achat aux producteurs en Côte d’Ivoire est passé de 1.100 F CFA (1,67 euros) par kg à 700 F CFA (1,06 euros) pour la campagne intermédiaire.
On estimait, fin février, à 350.000 tonnes de cacao, la hausse inattendue de la production en Côte d’Ivoire. Des tonnes de cacao restent invendues à l’intérieur du pays ou dans ses deux ports : San Pedro et Abidjan, selon des producteurs.
La Côte d’Ivoire a dû procéder à des ajustements pour faire face à cette situation.
« La baisse des prix du cacao a également malheureusement une incidence sur le budget de l’Etat et cette baisse a conduit le gouvernement à procéder à une réduction du budget d’investissement. Ce qui implique malheureusement moins de constructions d’écoles, comme nous l’aurions souhaité, de centres de santé, moins de localités qui seraient électrifiées immédiatement, moins de fournitures en eau potable », a déploré M. Ouattara.
En outre, le pays a été obligé de « réduire les dépenses non-compressibles, c’est à dire, en dehors des salaires, de 10%. Tous les ministres vous diront que leur budget a été réduit dans chaque ministère entre 5 et 10% », a-t-il fait savoir récemment.
On voit venir Alassane Ouattara : n’est-il pas, déjà, en train de préparer les Ivoiriens à son troisième mandat sous le prétexte qu’il lui permettrait de terminer ses chantiers ? Car tel que c’est parti, il finira son deuxième mandat actuel après avoir plongé la Côte d’Ivoire dans une nouvelle crise, avec un endettement inconsidéré, que dénonçait, il y a trois ans, dans Afrique Education, le chef de leader, le professeur, Mamadou Koulibaly. Ce dernier a eu tort de ne pas exploiter cet argument pendant la campagne présidentielle : on se rend, aujourd’hui, compte que l’actuel président avait vendu du vent aux électeurs ivoiriens.