DEMISSION DE BORIS JOHNSON : Départ déguisé ou pour mieux revenir ?

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Si Boris Johnson reste jusqu’en octobre, il fera tout pour se maintenir en poste ou, à défaut, se vengera.

Boris Johnson vient de démissionner face à une révolte du cabinet et à l’effondrement du soutien des députés conservateurs. Il tente apparemment de rester en poste en tant qu’intérimaire jusqu’à l’automne. Ses deux prédécesseurs ont suivi cette procédure en attendant que le parti conservateur élise un nouveau leader. Cela lui donnerait l’occasion de rassembler une sorte de récit positif sur la période chaotique de son mandat. 

Cependant, cela ne convient pas du tout à Boris Johnson. Contrairement à David Cameron et Theresa May, il a été forcé à démissionner en raison de son manque de jugement et de caractère. Son refus d’accepter la responsabilité de ses erreurs sont les raisons qui ont conduit à l’implosion spectaculaire de son mandat de premier ministre. Dans ces circonstances, il semble tout à fait inapproprié qu’il puisse rester.

Il est remarquable que, dans ces circonstances, le parti conservateur pense qu’il est possible de permettre à Boris Johnson de rester en poste jusqu’en octobre. Contrairement à ses prédécesseurs qui ont eu des périodes de « conciergerie » à la fin de leur mandat au 10 Downing Street, Boris Johnson a été contraint de démissionner en raison de son manque de sincérité et de son mépris des normes de la vie publique. En effet, il semble y avoir un mécontentement généralisé à l’égard de cette concession pour sauver la face du premier ministre disgracié au sein des Tories.

Il est certain qu’il serait tout à fait inédit qu’un nouveau premier ministre par intérim soit nommé en attendant les élections au sein du parti conservateur, mais étant donné les circonstances uniques de cette démission, il serait peut-être temps de profiter de la flexibilité de la « constitution non écrite » du Royaume-Uni. Les conservateurs pourraient permettre à Dominic Raab de gérer les affaires pendant le processus de réélection d’un nouveau chef du parti ou même, et c’est délicieusement ironique, à un ancien premier ministre comme Theresa May. Toutefois, la solution la plus probable consiste à organiser une réélection aussi rapidement que possible, ce qui permettra au nouveau premier ministre de mettre de l’ordre dans la maison avant la conférence du parti en octobre.

Les députés conservateurs ne peuvent manquer d’écouter les avertissements de Dominic Cummings, son ancien bras droit devenu son ennemi juré, selon lesquels si Boris Johnson reste, il fera tout pour se maintenir en poste ou, à défaut, se vengera.

David Blunt

Maître de conférences en relations internationales à City University of London

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