DIPLOMATIE : Vladimir Poutine et Xi Jinping vers la constitution d’une Alliance pour contrer l’OTAN et le G7 ?

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Le président chinois, Xi Jinping, a achevé, vendredi, 7 juin, une visite en Russie. Moscou veut devenir pour Pékin un partenaire commercial alternatif aux Etats-Unis. Reste à construire une relation stable et, mutuellement, bénéfique, qui soit, aussi, stratégique que l’Alliance Atlantique, qui est, à la fois, stratégique et militaire (pour les pays occidentaux et la Turquie) et commerciale (Pays du G7 auxquels appartenait la Russie avant d’en être expulsée). L’Alliance Chine-Russie est, aussi, à construire, ce qui demande du temps, mais l’Alliance Atlantique s’est-elle construite en un jour ?

Tandis que le président américain, Donald Trump, se faisait prendre en photo avec la reine d’Angleterre et distribuait les bons et mauvais points aux remplaçants potentiels de Theresa May comme premier ministre, les deux principaux adversaires commerciaux des Etat-Unis se rencontraient à Saint Pétersbourg, en Russie. Le président chinois, Xi Jinping, a achevé, vendredi, 7 juin, une visite (très réussie) de trois jours en Russie (notre photo).

Cette rencontre entre l’homme fort de Pékin et celui du Kremlin, Vladimir Poutine, s’est déroulé alors que les Etats-Unis ont, encore, renforcé les droits de douanes sur les produits chinois, début mai. A cette occasion, les dirigeants chinois et russe ont répété, vendredi, à quel point ils étaient les champions d’un commerce libre qui s’opposerait à « l’égoïsme économique débridé » de Donald Trump.

Soja et technologie russe

Pour Vladimir Poutine, le grand enjeu de ce Sommet économique de Saint-Pétersbourg était de présenter la Russie comme une alternative commerciale crédible aux Etats-Unis pour la Chine.

Moscou a tout fait pour montrer à quel point les relations économiques avec Pékin s’étaient améliorées ces dernières années. Selon le Kremlin, les échanges commerciaux entre les deux pays ont progressé de 25 %, en 2018, pour dépasser la barre des 100 milliards de dollars, et ce pour la première fois. Un chiffre qui devrait interpeller le bouillant Donald Trump qui croit être le président, non pas des seuls Etats-Unis, mais, de la terre entière.

Les autorités russes ont, aussi, insisté sur les 20 milliards de dollars de contrats signés à l’occasion du Sommet, et le renforcement de la coopération avec la Chine dans les domaines agricoles et technologiques.

Deux secteurs stratégiques pour Pékin, qui ont, particulièrement, souffert de la guerre commerciale avec les Etats-Unis qui font tout pour compliquer la vie du géant chinois des télécoms Huawei. Pékin a dû se résoudre, en mai, à imposer des droits de douane sur le soja américain, qui était l’un des principaux produits américains d’importation par la Chine.

Moscou a promis de venir à la rescousse de Pékin en augmentant sa production de soja et en mettant sur pied un fond d’investissement commun dédié aux nouvelles technologies qui sera doté d’un milliard de dollars. La Russie a, aussi, accueilli, à bras ouvert, Huawei, qui sera chargé de développer le réseau 5G dans le pays.

« Meilleur ami » pour Pékin ?

Xi Jinping a joué le jeu de la relation économique privilégiée en gratifiant son hôte du titre de « meilleur ami » des Chinois et en amenant avec lui une impressionnante délégation de plus de 1 000 responsables et chefs d’entreprise.

Aux yeux de Pékin, la Russie présente une ouverture commerciale considérable. Actuellement, la Chine exporte dix fois plus vers les Etats-Unis que vers la Russie, ce qui laisse entrevoir un développement des échanges important.

D’autre part, avec l’entrée en Russie de la firme chinoise, Huawei, pour y développer la 5G, la Russie aide, à sa façon, la Chine à atteindre son objectif de devenir la première puissance high-tech mondiale.

La Chine se montre, aussi, intéressée par le savoir-faire russe dans l’aéronautique. Actuellement, les deux pays développent un avion de ligne long-courrier ensemble, le CRAIC C929, censé concurrencer Boeing et Airbus à partir de 2023.

Vladimir Poutine : Le joker de Xi Jinping dans sa guerre contre les Etats-Unis de Trump.

Autre domaine du partenariat gagnant-gagnant : La Russie « est une alternative crédible aux Etats-Unis pour la fourniture d’énergie ». Pékin est d’ailleurs, étroitement, associé au mégaprojet gazier Yamal LNG en Sibérie. La Chine détient 20 % de ce site, qui doit devenir, bientôt, sauf possibles retards, l’un des plus importants centres de production de gaz naturel liquéfié au monde.

Xi Jinping considère que la Russie représente, surtout, sur le plan économique, un autre maillon important dans la chaîne des greniers à grain que la Chine essaie de se constituer en Asie (Malaisie), ou encore, en Amérique du Sud (Brésil).

De par son poids géopolitique, la Russie présente un avantage sur les autres alliés économiques de Pékin en ces temps de conflit commercial. Si Vladimir Poutine n’est pas (encore) le « meilleur atout commercial et industriel » de Xi Jinping, il pourrait devenir son meilleur atout dans les négociations avec les Américains. Le dirigeant chinois pourrait brandir la menace d’un alignement plus général avec Moscou ce qui représente une menace bien plus importante pour Washington que le renforcement des liens économiques. Car un axe sino-russe pourrait, considérablement, compliquer la tâche de Donald Trump dans d’autres dossiers comme le Venezuela, l’Iran, la Corée du Nord, ou encore, la Syrie.

On doit même dire que c’est, déjà, le cas car à chaque coup, Donald Trump parle fort et se dégonfle par la suite, après avoir constaté son impuissance à traduire dans les faits ses exigences. On l’a vu en Syrie où le maître, c’est Poutine et non Trump. En Iran où Trump après avoir parlé fort demande, aujourd’hui, à l’Iran (soutenu par Moscou) de venir à la table des négociations, ce que refuse Téhéran qui se fait prier en posant des conditions inacceptables pour les Américains. C’est aussi le cas en Corée du Nord, où « le leader bien aimé », fort de l’appui de la Chine et de la Russie, malmène (avec la poursuite de ses essais nucléaires) comme il veut le très fougueux Donald Trump. Même au Venezuela, Maduro a eu raison de l’animosité des Américains, grâce à l’appui de Pékin, de La Havane et, plus récemment, de Moscou qui venait de dépêcher des « experts » pour contrecarrer les plans de déstabilisation américains visant à faire tomber Nicolas Maduro. Trump ? Un véritable tigre sur le papier !

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