DJIHADISME AU SAHEL : La France pour gagner va-t-elle faire appel aux alliés comme lors des deux grandes guerres ?

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On n’aura pas la réponse à cette question à l’issue du Sommet de Pau qui rassemble Emmanuel Macron et les cinq présidents du G5 Sahel. La question est cependant sur toutes les lèvres : La France, défiée par les djihadistes du Sahel, va-t-elle se résoudre vraiment à faire appel à des alliés (comme lors des première et deuxième guerres mondiales de 1914-1918 et 1939-1945) pour éradiquer la vermine djihadiste qui prospère au Sahel ? Quid de sa propre efficacité en tant que 5e armée la plus puissante du monde !

Paris se donne six mois pour déterminer sa politique au Sahel. L’option du retrait est mise sur la table. Cela dit, l’idée d’un retrait ne fait guère l’unanimité, tant chez les politiques que chez les militaires français : d’abord, ce serait honteux que l’armée française quitte le Sahel sur une défaite militaire. Et puis, partir, c’est ouvrir la porte aux djihadistes et c’est risquer de voir l’instauration d’un nouveau califat au Sahel et dans les pays voisins (Afrique de l’Ouest et Golfe de Guinée).

Autre hypothèse : Passer du maintien de la paix à une mission d’imposition de la paix permettrait l’engagement offensif des Casques Bleus de la Minusca (la Mission de l’ONU au Mali), comme c’est le cas en RDC dans le cadre de la Monusco. Mais, les risques de pertes au combat effraient tant les pays contributeurs que le DOMP (Département des opérations de maintien de la paix) qui craint aussi une envolée de la facture.

Troisième hypothèse : Washington souffle le chaud et le froid, menaçant, il y a encore quelques jours, de se retirer du continent et de fermer ses bases, sauf celle de Djibouti (notre photo montrant Trump et Macron en pleine incompréhension). En revanche, le Pentagone et le département d’Etat continuent de former et d’équiper les forces africaines. Paris souhaiterait en revanche davantage de troupes US au sol pour traquer les djihadistes. Et une posture enfin claire de Washington !

Une évidence qui s’impose à tous et d’abord aux pays du G5 Sahel : Mieux former les contingents militaires locaux : l’idée n’est pas nouvelle. Encore faut-il qu’une fois formés, ces contingents restent bien équipés et soient bien encadrés. Or, l’encadrement reste l’une des faiblesses (dérives, selon certains) que constatent les militaires français déployés au Sahel. Le mentoring tel que pratiqué en Afghanistan (avec des équipes de conseillers étrangers encadrant les unités nationales) pourrait être une bonne solution, sauf que l’idée se heurte aux exigences souverainistes des Maliens, Nigériens et Burkinabé. L’accompagnement au combat relève pour certains Africains d’une pratique néocoloniale qui s’apparenterait à la recréation de troupes indigènes commandées par des Européens.

Une image française complètement par terre : Gagner les populations tout en gagnant la guerre est une obligation. Les GAT recrutent dans les populations rurales paupérisées et dans les rangs des jeunes dont les perspectives d’avenir sont désespérantes. Le développement est à la traîne au Sahel et le djihadisme en profite. La Françafrique, quant à elle, est au rendez-vous plus que jamais alors que le jeune président dit ne pas la connaître. Un double langage intolérable alors qu’il cherche, par exemple, à maintenir la France dans la gestion de l’ECO de Ouattara, comme c’est actuellement le cas avec le F CFA. A quand un réel changement de gouvernance et un réel développement économique et sociétal alors que le Sahel est l’une des régions au monde les plus durement touchées par le changement climatique, comme le demande un rapport de novembre 2019 (Perspectives pour les pays du G5 Sahel à l’horizon 2040) ?

Une certitude : être président de la France ou d’un des pays du G 5 Sahel (sauf peut-être la Mauritanie) n’est plus une partie de plaisir. On peut, honnêtement, plaindre Macron, Issoufou, Kaboré, Keïta et Déby. Ils sont surveillance de leurs opinions publiques.

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