ELECTIONS EN LIBYE : Abdoulaye Bathily (L’homme de Sassou-Nguesso) vers son éjection de la MANUL

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C’est une réalité qui prend de plus en plus forme en Libye. Le retour de la démocratie ne devrait pas être pour cette année. Pourtant considérée comme surréaliste par les observateurs, mais annoncée, malgré tout, par les Nations-Unies, en septembre 2022, la tenue des élections présidentielles libyennes n’aura, finalement, pas lieu. La raison étant l’incapacité des régimes de Tripoli, soutenu par l’ONU, et de Tobruk, soutenu par la Russie, à résoudre leurs différends politiques. On se demande bien sur quoi était basé l’enthousiasme de l’envoyé spécial, Abdoulaye Bathily, qui pensait pouvoir créer l’exploit.

Déjà que sa nomination comme chef de la Mission d’appui des Nations-Unies en Libye (MANUL) avait été critiquée, du fait de son inexpérience dans le dossier, l’ancien ministre sénégalais, Abdoulaye Bathily (qui est très proche de Denis Sassou Nguesso qui avait soutenu son affectation en Libye où lui-même est chargé du dossier libyen pour le compte de l’Union africaine), aura donné raison à ses détracteurs. En effet, hormis le fait qu’il ait amené les deux pouvoirs à former une commission mixte pour les lois électorales, l’envoyé onusien n’aura rien pu obtenir d’autre. D’ailleurs, l’approbation desdites lois par la Chambre des représentants à l’Est n’a pas été appréciée par le Haut Conseil d’Etat de l’Ouest parce que le Sénat de Tripoli n’aurait pas été consulté au préalable. Du coup, bien que la nouvelle législation électorale soit le fruit d’une collaboration entre des officiels des deux camps, rien ne garantit qu’elle soit adoptée. 

En effet, plusieurs dispositions y figurant seraient problématiques pour le gouvernement de Tripoli, telles que les questions portant sur l’éligibilité des candidats potentiels ou le nombre de tours à remporter pour être déclaré vainqueur. Le fait que toute personne, qu’elle soit militaire ou non, soit libre de se présenter aux futures présidentielles  déplait à Tripoli, tout comme le fait qu’un candidat possède la double nationalité. Il y a également l’obligation du déroulement d’un second tour aux élections présidentielles indépendamment du nombre de suffrages remportés par un candidat donné au premier tour. Avec autant de points de désaccord, tout indique que les lois électorales proposées seront rejetées par Tripoli.

Conscient de tout cela, le médiateur des Nations-Unies ne parvient pas à convaincre les parties engagées à faire des concessions, ni à leur proposer une alternative pour faire avancer le dossier, alors que celles-ci ont à maintes reprises exprimé leur volonté de voir se tenir des élections présidentielles en vue du rétablissement de l’ordre dans leur pays. Après avoir passé plus d’un an à la tête de la MANUL, Abdoulaye Bathily devrait, sans doute, être remplacé par un envoyé spécial avec une bien meilleure connaissance du terrain, et capable de trouver un terrain d’entente entre Tobruk et Tripoli. 

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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