ETATS-UNIS: Discrimination dans le recrutement des enseignants

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De 2011 à 2020, 20% des universités américaines délivrant des doctorats, ont compté pour 80% des nouvelles recrues du corps de l’enseignement supérieur aux Etats-Unis. C’est ce que révèle une étude parue le 21 septembre dans le magazine Nature.

Ne figure parmi ces 20% aucune institution académique historiquement noire ou hispanique.

Au cours de la période considérée, l’Université de Californie (Berkeley), l’Université d’Harvard (Cambridge), l’Université de Michigan (Ann Harbour), l’Université de Stanford (Stanford) et l’Université de Wisconsin (Madison), ont, à elles seules, produit 16% des membres de faculté en fonction au sein du pays de Oncle Sam.

Ces chiffres, qui traduisent une forme de discrimination à l’embauche, poussent à s’interroger sur les critères de recrutement des futurs professeurs au sein des universités américaines.

Selon Kimberly Griffin, doyenne du Collège de l’éducation de l’Université du Maryland (College Park), le critère principalement utilisé est celui du prestige de l’institution formatrice bien que les diplômés de cette dernière ne soient pas nécessairement plus compétents que ceux issus d’institutions académiques de réputation moindre. « L’admission aux programmes de formation de 2ème et 3ème cycles dans les institutions d’élite reposent sur la performance aux examens standardisés, les lettres de recommandation et la renommée du programme de formation de 1er cycle. Des études montrent que ces trois critères de sélection sont désavantageux pour les étudiants de couleur », dit Griffin.

Pour Leslie Gonzales, experte en sciences sociales, le prestige est un critère biaisé. « Accepter le prestige comme un bon indicateur d’excellence signifie ignorer les circonstances historiques ayant permis aux choses de devenir prestigieuses », argumente-t-elle.

Les résultats de l’étude parue dans Nature ont eu l’effet d’une onde de choc dans les milieux de l’enseignement supérieur aux Etats-Unis qui, en apparence, prônent la diversité et l’inclusion, mais, font exactement l’inverse dans la pratique.

Etre détenteur d’un doctorat américain obtenu au sein d’une institution académique historiquement non-blanche est synonyme de barrière à l’emploi dans le futur. La probabilité d’être recruté étant de 20% selon les statistiques de l’étude.

Pour remédier à cette situation, Gonzales propose que le recrutement des jeunes diplômés en doctorat ne soit plus axé sur le prestige de l’institution formatrice, et qu’il tienne compte de la volonté de réduire les inégalités au sein des groupes ethniques. Il est notamment question d’intégrer les universités ou collèges historiquement noirs et hispaniques dans ce processus.

Paul Patrick Tédga.

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