ETATS-UNIS/RWANDA : Blinken a dit à Kagame qu’il ne pouvait plus (impunément) continuer à se comporter en dictateur en utilisant le parapluie du génocide

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Les Américains veulent redorer leur blason en Afrique où ils se plaignent du dégré de sympathie que les Africains portent aux Russes et aux Chinois. Voilà un sujet qui peut les aider à être vus autrement en Afrique. Il y en a beaucoup d’autres dont la Libye que l’OTAN a volontairement détruite : le fait de dire la vérité au président du Rwanda, Paul Kagame, qui effraie les Occidentaux à cause du génocide qu’ils ne firent rien pour le stopper en 1994. Kagame en profite, aujourd’hui, largement, pour réécrire sa propre histoire du Rwanda, et à mater en les qualifiant de négationnistes, tous ses compatriotes qui ne voient pas les choses comme lui. C’est tout simplement inacceptable. Pour la dernière étape de sa tournée africaine, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a, donc, rencontré le président, Paul Kagame, qui est considéré comme une véritable terreur au Rwanda quand on se définit comme membre de l’opposition ou de la société civile. Antony Blinken a abordé la question des droits humains dont le sort du héros de « Hôtel Rwanda », Paul Rusesabagina. Il y en a plusieurs autres.

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a exprimé, jeudi, 11 août, les inquiétudes des Etats-Unis en matière de droits humains au Rwanda, lors de discussions avec le président, Paul Kagame, à Kigali. 

Il a, en particulier, abordé le sort du héros de « Hôtel Rwanda », Paul Rusesabagina, qui purge depuis l’an dernier une peine de 25 ans de prison pour « terrorisme » et dispose d’un statut de résident permanent aux États-Unis.

Antony Blinken s’exprimait lors d’une brève visite au Rwanda, troisième et dernière étape de sa tournée africaine après l’Afrique du Sud et la République démocratique du Congo (RDC). « Comme je l’ai dit au président Kagame, nous pensons que les gens dans tous les pays devraient pouvoir exprimer leurs opinions sans peur d’intimidation, d’emprisonnement, de violences ou de tout autre forme de répression », a déclaré Antony Blinken lors d’une conférence de presse à Kigali (sur notre photo Blinken et Kagame à Kigali).

Il a, par ailleurs, souligné « les préoccupations » américaines concernant « le manque de garanties de procès équitable » fournies à Paul Rusesabagina. La famille de ce dernier avait justement indiqué dans un communiqué qu’elle espérait de Antony Blinken que son « engagement direct » aide à mettre fin à leur « cauchemar » et celui de leur proche, dont la santé se détériore selon elle.

Paul Rusesabagina, 68 ans, a été rendu célèbre par le film « Hôtel Rwanda », sorti en 2004, qui raconte comment ce Hutu modéré, qui dirigeait l’Hôtel des Mille Collines dans la capitale rwandaise a sauvé plus de 1 000 personnes durant le génocide des Tutsi en 1994. En mai, Washington a estimé qu’il était « injustement détenu » par la justice rwandaise.

En amont de l’arrivée du secrétaire d’Etat, la société civile et des ONG avaient demandé une prise de position américaine sur la question des droits humains, Human Rights Watch appelant Antony Blinken à « signifier d’urgence (à Kigali) qu’il y aurait des conséquences à la répression et aux abus exercés par le gouvernement au Rwanda et au-delà ».

En écho, la responsable de l’opposition rwandaise, Victoire Ingabire, a affirmé qu’Antony Blinken devait « soulever la question des journalistes et des politiciens emprisonnés » pour s’être opposés au gouvernement de Paul Kagame.

Le secrétaire d’Etat américain a, par ailleurs, indiqué avoir discuté avec Paul Kagame de la question d’allégation de soutien à un groupe rebelle en RDC, le M23, sujet qu’il avait évoqué la veille à Kinshasa.

Selon un rapport d’experts missionnés par les Nations-Unies, l’armée rwandaise a « lancé des interventions militaires contre des groupes armés congolais et des positions des Forces armées congolaises » depuis novembre 2021 et jusqu’en juin 2022. Kagamé, champion toutes catégories du mensonge, a démenti catégoriquement alors que pour tout le monde qui connaît cette région de la RDC, c’est une évidence : les incursions de l’armée rwandaise en RDC.

Bref, Blinken a fait comprendre à Kagame qu’il ne pouvaient plus impunément se comporter en dictateur (qu’il est) en utilisant le parapluie du génocide. Kagame avait l’habitude de recevoir, à Kigali, les chefs d’Etat (surtout français) venus se prosterner devant lui alors qu’il serait, lui-même, auteur de la destruction du Falcon 50 par un missile pris sur ses stocks de guerre. Deux chefs d’Etat du Rwanda et du Burundi avaient pris place à bord de ce Falcon 50 pulvérisé, ce qui provoqua, en réalité, le génocide car les Hutu au pouvoir s’étaient retrouvés sans leader. Et chacun cherchait à sauver sa peau. La justice française (qui connaît la vérité notamment l’ancien juge antiterroriste Bruguière qui enquêta sur cette question), n’aurait pas tout dit au nom de la realpolitik. La vérité finissant toujours par triompher, Paul Kagame (qui cherche à mourir au pouvoir et il sait pourquoi) doit se dire que tôt ou tard, la vérité sur la destruction du Falcon 50 sera mise sur la table.

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