F CFA : Vers une simple réformette ou une création en bonne et due forme d’une autre monnaie ?

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Les réflexions sont en cours dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Mais, la question demeure de savoir s’il s’agira d’une petite réforme, une réformette, en laissant certains attributs de cette monnaie coloniale, ou s’il s’agirait d’une création d’une autre monnaie de l’Afrique centrale, dont le cordon ombilical avec l’actuel F CFA serait, totalement, coupé ? La question demeure et ce sera aux seuls chefs d’Etat d’y apporter la réponse. Mais, on reste sceptique car ils ne sont pas courageux.

Après l’Afrique de l’Ouest, c’est au tour de l’Afrique centrale de s’attaquer à la monnaie héritée de la colonisation française. A Libreville pour la première édition des états généraux de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), les pays de la sous-région travaillent en toute confidentialité sur une réforme du F CFA.

En effet, les participants à cette conclave évoquent, notamment, la fusion entre la CEMAC et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) sans oublier la question du F CFA, la monnaie commune dans six pays d’Afrique centrale (Cameroun, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad).

Selon une première réponse, il s’agirait, plutôt, d’une réformette, à en croire le professeur, Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la CEMAC : Nous avons eu mandat, la commission de la Cemac et la Banque centrale ont fait des conclusions aux chefs d’Etat sur la conduite à donner à l’évolution de F CFA». Que le professeur Ona Ondo dise aux six chefs d’Etat de la CEMAC que les peuples d’Afrique centrale n’ont pas besoin d’une « évolution du F CFA » mais de la création d’une monnaie authentiquement africaine utilisable en Afrique centrale. S’ils se sentent liés par des accords secrets avec l’ancienne métropole (comme il se dit et s’écrit un peu partout), que les chefs d’Etat aliénés par cette « servitude volontaire » au F CFA, ne lient pas les peuples africains qui, eux, veulent en sortir.

L’Afrique de l’Ouest sous l’impulsion des chefs d’Etat du Niger, Mahamadou Issoufou, et du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, et avec l’accord de principe des présidents du Nigeria, Muhammadu Buhari, et du Ghana, Nana Akufo Addo, avaient créé l’ECO, une monnaie commune de la CEDEAO en remplacement de toutes les autres monnaies existantes y compris le F CFA. Un chemin de fer pour la réalisation de ce vaste projet avait été tracé avec un lancement dans les trois ans où on donnait la possibilité aux pays qui n’auraient pas rempli les critères de convergence à ce moment d’intégrer la zone ECO à tout moment. Ce projet a volé en éclats à cause des présidents de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, et français, Emmanuel Macron, quand ils se rencontrèrent à Abidjan en décembre 2019 pour créer, de façon surprenante, une autre ECO pour les huit pays de l’UEMOA qui utilisent le F CFA. Ils jettèrent une confusion terrible dans le processus qui aboutit à paralyser la bonne mise en place de la monnaie ECO de la CEDEAO. Avec le départ du pouvoir des présidents du Niger et du Burkina Faso, le projet ECO de la CEDEAO fut doublement freiné par ses plus grands soutiens. Depuis, on tourne en rond, ou mieux, on n’en parle même plus au sein de la CEDEAO.

Voilà ce qui s’est passé en Afrique de l’Ouest. En Afrique centrale où six pays utilisent le F CFA, seuls deux d’entre eux ont le courage de dénoncer cette monnaie et appeler à la création d’une monnaie commune. Il s’agit des présidents, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, de Guinée équatoriale et Faustin Archange Touadéra du Centrafrique. Les quatre autres sont toujours victimes de la « servitude volontaire » dont parlent certains économistes de l’Afrique de l’Ouest. Car ils n’approuvent pas le F CFA mais ils ont peur de dire qu’ils vont en sortir. Conséquence, ils le subissent volontairement. Mais, jusqu’à quand ?

Faustin-Archange Touadéra a eu le courage, le toupet, d’imposer la crytomonnaie en zone BEAC. Dans un premier temps, on a cherché à l’intimider mais il a tenu bon. Les Français ayant peur que tout l’édifice s’écroule, ont encouragé une étude pour intégrer la cryptomonnaie dans le fonctionnement de la zone franc.

Le rassemblement de la CEMAC et de la CEEAC peut être une chance car au sein de la CEEAC se comptent des chefs d’Etat qui n’ont aucun cordon ombilical avec la France comme les présidents du Rwanda, Paul Kagame, de l’Angola, Joao Lourenço, pour ne citer que ces deux. Espérons qu’ils seront suffisamment puissants pour entraîner les quatre autres morts-vivants de la CEMAC dont nous tairons les noms.

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