FRANCE : Binationaux africains, votez dimanche contre le Rassemblement national (ex-Front national)

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La France est à la croisée des chemins. L’extrême-droite est au seuil du pouvoir. Les changements qu’elle annonce sont à la hauteur des craintes qu’elle a toujours suscitées depuis de très longues années. Pourquoi les binationaux africains doivent faire battre ce parti raciste et xénophobe ?

Parce qu’il s’affiche comme un parti de gouvernement qui se fiche de la devise de la République : Liberté, Egalité, Fraternité.

Liberté : Le Rassemblement national (RN) créerait un climat de terreur au sein de la population où la parole ne serait plus libre et où les agressions physiques iraient jusqu’à limiter la liberté d’aller et venir.

Egalité : Elle ne va plus exister dans un pays où on catégorise les personnes : d’un côté, les Français de souche, et de l’autre, les binationaux à qui on interdirait l’exercice de certaines fonctions dites régaliennes et stratégiques.

Fraternité : Elle deviendrait une fiction avec l’institutionnalisation au niveau de l’Etat de la haine, du racisme, de la xénophobie et du rejet de l’autre à cause de sa couleur de peau, de sa religion, de sa provenance, de son être.

En une phrase, la France cesserait d’être la France, pays qui se définit comme étant celui des droits de l’homme et des libertés. Elle deviendrait le seul membre permanent (sur cinq) du Conseil de sécurité, qui ne parlerait plus avec autorité au monde, comme avant, parce qu’elle aurait du mal à se regarder dans un miroir. On lui demanderait de balayer devant sa porte avant de donner des leçons.

Qu’en serait-il des Français qui vivent, actuellement, paisiblement, en Afrique, et qui ne demandent qu’à y rester ? Les slogans du RN du genre : « Africains, rentrez chez vous » entraîneront des réactions forcément similaires auprès des Français installés en Afrique. Il ne faut pas se le cacher. L’attitude des pays africains et de leurs ressortissants massivement renvoyés de France, auraient vis-à-vis des Français qui vivent, tranquillement, en Afrique, des comportements xénophobes et racistes, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Bien que ce soit anticonstitutionnel, Le RN veut instaurer la préférence nationale et supprimer le droit du sol, qui est appliqué depuis 1804 (voire février 1515), ce qui crée deux catégories de Français : les Français de souche et les autres dont les binationaux. Il veut, également, instituer la « double frontière », la première s’établissant dans les pays de départ des immigrés.

Quid de la politique africaine du RN. On n’en sait pas grand-chose sauf le renvoi massif des immigrés sans papiers (ou parfois avec des papiers) et la fermeture des frontières à double tour, qu’il prône. Qu’en est-il du F CFA ? Silence total. Il n’en dit rien. Le F CFA alimente le Trésor français où la dette publique s’élève à 110% du PIB. Le compte d’opération, grâce à ses excédents, aide à réduire le coût financier de la dette française qui s’élève à 3.000 milliards d’euros dont 900 milliards depuis 2017, date de l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir.

Les Africains ne veulent plus de cette sous-monnaie que les autorités françaises continuent d’imposer aux 14 pays africains francophones parce qu’elle leur profite largement. La France sabote toute initiative africaine visant à s’émanciper sur le plan monétaire. La dernière en date est le principe de la création de la monnaie ECO que les 15 pays membres de la CEDEAO avaient adopté en 2019, en lieu et place de leurs monnaies actuels dont le F CFA (qui est utilisé par huit pays de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). Cette initiative a été sabotée par les présidents ivoirien, Alassane Ouattara et français Emmanuel Macron, au grand désarroi des autres chefs d’Etat, quand Macron est venu, à l’invitation de Ouattara, en décembre 2019, à Abidjan, lancer l’ECO (non pas de la CEDEAO qui venait d’être créé mais de l’UEMOA). Résultat, ce fut une confusion totale dans l’esprit des Africains de l’Ouest qui ne savaient plus de quel ECO il s’agissait, et lequel était opérationnel ? Finalement, ni l’ECO de la CEDEAO, ni l’ECO de l’UEMOA créé par Macron et Ouattara, ne furent mis sur le marché, l’objectif recherché ayant été simplement de saboter le lancement de l’ECO de la CEDEAO. Macron s’est, ainsi, retrouvé en première ligne, lui-même, parce qu’il s’agissait d’une opération de vie ou de mort pour l’économie de son pays. Il se devait de se jeter dans la bataille personnellement car il y avait urgence alors que d’habitude, la France se réfugie derrière certains chefs d’Etat africains aux ordres pour opérer. Le RN ne peut que maintenir cette politique monétaire impérialiste au risque d’être chassé du pouvoir très rapidement. Un récent sondage sur le bien-être des Européens montre que la France est le pays où la population est la plus inquiète en Europe (l’Allemagne est celui dont la population est la plus sereine). La France a perdu 12 points depuis 2019 dans ce classement. Et ça va continuer. Dans ces conditions, on voit mal le RN prôner une Afrique aux Africains comme l’énonce son fameux slogan, la France aux Français : Ce serait scier la branche où le RN est assis.

Que dit le RN sur les bases militaires ? Là aussi comme pour le F CFA, il ne dit rien du tout. La France compte une base militaire en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Gabon, au Tchad et à Djibouti. Depuis plusieurs années, les Africains demandent leur fermeture et le rapatriement en France des militaires qui y logent. Si chacun doit rester chez soi, quel serait le calendrier de rapatriement des dites forces en France ? Car elles n’auraient plus vocation à stationner en Afrique.

Bref, Le RN ne dit rien sur sa politique africaine. Soit, il n’en a pas, soit, celle-ci ne va apporter que de la haine des Noirs en France et le statu quo dans ses relations en Afrique qu’il ne compte en rien changer, sinon, il appauvrirait, rapidement la France et se ferait vite chasser du pouvoir. Car l’évidence est que la France reste accrochée à l’Afrique parce qu’elle l’enrichit dans tous les domaines économique, social, culturel, y compris dans le football où en Allemagne où elle prend part à l’euro 2024, l’équipe de France aligne, à chaque match, au moins, 8 joueurs noirs sur les 11 sur le terrain. Voilà pourquoi, je dis aux binationaux qu’ils connaissent la gauche et la droite, qui ont dirigé la France ces 60 dernières années. Mais du RN, ancêtre du Front national, ils ne savent strictement rien parce que ce parti cache sa véritable nature. Si sa politique était différente de celle très prédatrice de la gauche et de la droite des 60 dernières années, il l’aurait inscrit noir sur blanc dans son programme. Il ne l’a pas fait parce que son action en Afrique sera beaucoup plus violente et destructrice que celle qu’on connaît aujourd’hui.

J’en appelle donc au sens de responsabilité de tous les binationaux de France, d’Afrique et d’ailleurs. Ne restez pas chez vous à regarder le vote à la télévision dimanche. Que chacun aille mettre son bulletin dans l’urne, et dans le bon sens, c’est-à-dire, contre le RN. Adolf Hitler, après avoir conquis la France et l’Europe, n’allait pas se limiter en si bon chemin. Il allait poursuivre son aventure en Afrique dont il ne parlait pas beaucoup dans les discours. Mais l’Afrique était dans son programme car elle devait être pourvoyeuse de matières premières et de main-d’oeuvre, ce qui explique qu’il voyait les Africains comme de simples sous-hommes, des personnes de race inférieure. Le RN ne considère pas les Africains autrement. Pour lui, ils ne sont nullement des hommes normaux. Il ne peut rien faire de bon en Afrique contrairement à ce que certains Africains croient par erreur. Il appartient aux Africains eux-mêmes de prendre leur destin en main. Personne ne viendra les sauver à leur place. Il faut donc – absolument – barrer la route dimanche 7 juillet au RN pour qu’il n’aie pas la majorité absolue, qui l’installerait à Matignon (premier ministère de France) pour longtemps. Bon vote !

Professeur Paul TEDGA

est docteur des Facultés françaises de droit et d’économie (1988)

Auteur de sept ouvrages

Fondateur en France de la revue Afrique Education (1993).

Camerounais de nationalité résidant en France depuis 1983.

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